Rechercher
Rechercher

Actualités - INTERVIEWS

Rencontre - Éric Holder, auteur de « L’homme de chevet » et de « La Correspondante », est l’un des invités du Salon - L’écrivain qui voulait épater les filles

Holder, prénom : Éric. Âge : 40 ans. Profession : écrivain depuis l’âge de 14 ans. Première publication : Nouvelles du Nord, 1984, Le Dilettante – il avait 24 ans. À son actif aujourd’hui : 13 romans et autres nouvelles, dont les dernières ont paru il y a 15 jours sous le titre Masculins singuliers (Le Dilettante). Cerise sur le gâteau : plus de la moitié de ses livres sont déjà en édition de poche et quand on en lit un, on a tout de suite envie de le rencontrer. On l’imagine poursuivi par des groupies échevelées, par des correspondantes cinglées qui lui inspireront d’ailleurs un roman. Holder Éric, c’est un homme timide et passionné, chaleureux et pète-sec, tellement mûr et si loin de donner son âge. Holder, c’est d’abord Éric. Rencontre. Lire quelques-unes de ces histoires, c’est découvrir une vie très proche de la vraie vie : «Je ne peux pas faire autrement», répond-il en allumant la première d’une longue série de cigarettes. «Je reproduis des éléments de la réalité parce que j’y tiens ; en fait, je prends l’autobus de la réalité et j’arrive à la fiction». La ressemblance avec la vraie vie, c’est le plus souvent grâce au «je», mais aussi à l’utilisation de ses propres nom et prénom. Mais Holder Éric a «vraiment beaucoup de mal» à parler de lui. Alors, vite, on passe à autre chose, aux femmes de ses romans, qui sont hors du commun tout en étant très humaines. À les évoquer, Éric en oublie sa cigarette : «Certaines femmes, je précise certaines parce qu’elles sont rares, sont capables de dispenser une générosité inouïe et de faire abstraction d’elles-mêmes, en se donnant à leur homme, à leurs enfants, de façon incroyable». Un silence, puis il ajoute : «Elles sont d’une souveraineté magnifique, elles sont dotées d’une intelligence époustouflante qu’elles ne mettent jamais en avant». Ces femmes, c’est Reine dans Duo forte (Grasset, 1989), mais aussi Alice dans Bienvenue parmi nous (Flammarion, 1998) ou encore l’exceptionnelle amoureuse cachée sous un pudique «amour de ma vie» dans La Correspondante (Flammarion, 2000). Et tant d’autres, qui peuplent les nouvelles d’un homme pour qui il est impensable qu’une femme soit une Merteuil. Héros en vadrouille Au moins dans les trois livres cités quelques lignes plus haut, la place discrète qu’elles y occupent les met d’autant plus en avant qu’elles ont un caractère exceptionnel, une présence aussi légère qu’inoubliable. «Si Alice, par exemple, avait été le personnage principal de mon histoire, elle n’aurait jamais eu l’épaisseur qu’elle a auprès de Taillandier, mon héros». Mais les personnages de bonne volonté ne manquent pas, les enfants surgissent en grappes d’entre les chapitres et les vieilles dames s’arrêtent pour prendre le protagoniste en auto-stop : «Et pourquoi pas ?» s’étonne-t-il en riant. Dans le monde en papier d’Éric, il y a souvent un homme qui boit et fume énormément, en vadrouille sur les routes de France ou, du moins, qui s’apprête à le faire. Il ne se perd que pour mieux se retrouver, aidé parfois par des rencontres étonnantes, des gens très simples, perchés sur une colline ou dormant dans une vieille bicoque. Mais cet univers n’est pas pour autant Disneyland. Les salauds, les faibles et les bourgeois crasses ont leur place, sans jamais gagner la partie pourtant. Éric persiste et signe : «Ces gens sont rares, mais ils existent, je les ai moi-même rencontrés». Une bonne gifle contre l’angoisse Derrière la mécanique bien huilée de la fiction, il y a le bonheur d’écrire : «Cela m’occupe depuis l’âge de 14 ans, raconte-t-il. Avec mon copain Julien, c’était le moyen qu’on avait trouvé pour épater les filles. On était des écrivains et on prenait cela très au sérieux : on passait des nuits entières à fumer comme des pompiers et à boire des litres de café pour écrire des pages entières. On était très fiers. Puis, vers 16 ans, j’ai montré mon premier manuscrit à Christiane Rochefort, un écrivain important des années 60. Elle m’a encouragé à continuer». Éric découvre à 17 ans qu’il est «pris au piège» : «J’ai eu envie de bien écrire». Il n’a pas arrêté aujourd’hui et rien ne le rend plus heureux : «Quand j’attends parler de l’angoisse de la page blanche ou du sacerdoce d’être écrivain, j’ai envie de donner des gifles», assène-t-il en enlevant ses lunettes d’indignation. Heureux oui, mais «en constant apprentissage» : «En écriture, on est un apprenti». Holder Éric a l’étoffe et la simplicité d’un grand apprenti sorcier qui déploie des cartes de l’imaginaire devant les yeux de ceux qui l’accompagnent, le temps d’une histoire. Quant à Éric, c’est sûr, il continue d’épater drôlement les filles. • Éric Holder participera demain à 19h à un café littéraire et signera ses livres à 20h au stand de la librairie Dédicace.
Holder, prénom : Éric. Âge : 40 ans. Profession : écrivain depuis l’âge de 14 ans. Première publication : Nouvelles du Nord, 1984, Le Dilettante – il avait 24 ans. À son actif aujourd’hui : 13 romans et autres nouvelles, dont les dernières ont paru il y a 15 jours sous le titre Masculins singuliers (Le Dilettante). Cerise sur le gâteau : plus de la moitié de ses livres...