Rencontre - Le député socialiste a lancé des projets culturels avec le ministre Salamé - Michel Vauzelle : La France et le Liban partagent plusieurs valeurs

Premier député français à venir à Beyrouth depuis les événements du 11 septembre, Michel Vauzelle est officiellement venu dans le cadre du salon Lire en français et en musique dans lequel la région dont il est le président (Provence-Alpes-Côte d’Azur, Paca) possède un stand. Mais le député et ancien ministre socialiste, très proche d’ailleurs de l’actuel Premier ministre français, ne pouvait se contenter de parler de projets culturels (pourtant nombreux) avec le ministre Ghassan Salamé. L’entretien a duré plus d’une heure et M. Vauzelle a déclaré : «En ce moment de l’histoire, le Liban et la France ont beaucoup de choses à se dire». Ancien ministre de la Justice sous Mitterrand, Michel Vauzelle est aussi un grand avocat très impliqué dans le combat en faveur des droits de l’homme. C’est aussi un homme très sensible aux besoins culturels des populations et c’est pourquoi il a encouragé le conseil régional de Paca dont il est le président à investir dans des projets culturels au Liban. D’abord, il aidera Ghassan Salamé dans son projet de reconstruction de la Bibliothèque nationale. Ensuite, il participera au développement de la production photographique libanaise et enfin, la maison d’édition de sa région, Actes Sud, s’intéressera de plus en plus à éditer des auteurs libanais. Tour d’horizon politique Mais bien que ces thèmes soient très importants, ils n’ont occupé qu’une petite partie de l’entretien entre le député français et Ghassan Salamé. Avec la délégation qui l’accompagnait et en présence de l’ambassadeur Philippe Lecourtier, Vauzelle a écouté les explications du ministre sur ce qui se passe actuellement dans la région. Car les Français, dont la position se distingue nettement de celle des Américains, souhaitent, avant tout, comprendre ce qui se passe dans cette région du monde et surtout s’informer des perspectives qui s’offrent aux sociétés arabo-musulmanes. Le ministre Salamé, qui, en plus de toutes ses charges, demeure l’un des meilleurs analystes de la région, a expliqué au député que la situation actuelle représente une chance pour les sociétés arabo-musulmanes soit elles la saisissent et deviennent des sociétés modernes soit elles glissent vers le fanatisme. En tout cas, ce qu’il faudrait c’est encourager une troisième voie, qui privilégierait le dialogue, tout en respectant son appartenance. M. Salamé a aussi souhaité que les Européens n’alignent pas leur position sur celle des Américains, afin de ne pas pousser les sociétés de la région à basculer dans l’extrémisme. Un dialogue profond donc et global, au cours duquel M. Salamé a aussi expliqué la position du Liban par rapport à la distinction entre résistance et terrorisme. À l’issue de cette rencontre, M. Vauzelle a d’ailleurs déclaré à la presse que «le Liban et la France partagent de nombreuses valeurs, qui, bien qu’elles peuvent paraître élémentaires, constituent notre force pour l’avenir». Le député français a aussi rappelé qu’il est le représentant d’une région méditerranéenne, qui a donc beaucoup de points communs avec le Liban. «J’ai moi-même fait mes études chez les jésuites à Lyon et certains professeurs sont les mêmes qu’au collège Notre-Dame de Jamhour». M. Vauzelle a encore dit que la France «a beaucoup à apprendre du Liban et elle a besoin de lui pour apporter des réponses aux problèmes que posent aujourd’hui la mondialisation libérale, ou la montée d’un intégrisme violent contraire à l’idée que l’on se fait des droits de l’homme». M. Vauzelle et la délégation qui l’accompagne passeront deux jours au Liban.