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Actualités - ANALYSES

Défense, plutôt habile, de la position libanaise

Jusqu’à nouvel ordre, Beyrouth a tout l’air de prendre la campagne américaine qui le vise actuellement à cause du cas du Hezbollah pour une simple tempête dans un verre d’eau. Les dirigeants locaux ne manifestent donc aucune crainte, aucune inquiétude particulière. C’est très tranquillement que le pouvoir a rejeté la demande U.S. de gel des avoirs du Hezb. Et c’est très calmement que le président Rafic Hariri proclame qu’il n’y a «pas de peur à ressentir du fait de notre soutien à la Résistance». Une tournure bien plus habile qu’il n’y paraît à première vue. Car on peut facilement l’interpréter comme un signal de code s’adressant aux Occidentaux aussi bien qu’à l’opinion libanaise. Pour leur indiquer qu’eux-mêmes n’ont rien à craindre de l’appui accordé par l’État libanais, donc par Damas, au Hezbollah. Ce qui signifie, en bon langage diplomatique, que ce parti reste politiquement sous contrôle. Et qu’on ne le laisserait pas faire sauter les plombs dans la région pour y déclencher une guerre généralisée. En tout cas, la position du Liban, qui récuse l’amalgame entre le droit de résistance et le terrorisme, paraît juridiquement solide. De plus, il est évident que ce dossier ne constitue pas une préoccupation majeure pour les États-Unis. C’est ce que relève à Beyrouth une source diplomatique qui détaille les points suivants : – La liste incluant le Hezbollah parmi les organisations terroristes, la demande de gel de ses avoirs n’ont qu’un caractère officieux, facultatif et non impératif. Car elles ont été présentées par Washington à Beyrouth directement, sans passer par le relais-caution des Nations unies. Ce qui veut dire que cette requête ne s’inscrit pas dans le cadre de l’exécution obligatoire de la résolution numéro 1373 (anti-terrorisme) édictée par le Conseil de sécurité. – Les USA se focalisent présentement sur les taliban, sur Ben Laden et sur ses réseaux. Ils ne vont probablement accorder à la question du Hezbollah qu’une attention secondaire, du moins en pratique. C’est ce que leur ambassadeur à Beyrouth, M. Vincent Battle, laisse peut-être entendre quand il certifie avec force que la guerre en Afghanistan reste la priorité des priorités pour son gouvernement. En d’autres termes, les Américains ne s’en prendraient à aucune entité arabe ou autre, Irak en tête, avant d’en avoir terminé avec Ben Laden et les taliban. Dans le même esprit, estime la même personnalité diplomatique, quand Washington présente ses fameuses listes de terroristes aux pays concernés, il le fait surtout pour marquer le coup. Et pour initier des enquêtes, afin de surveiller tout ce beau monde, dans l’attente d’une phase ultérieure d’éradication généralisée. D’autre part, en effectuant de telles démarches, Washington teste les intentions, ou les capacités, de coopération des pays ciblés. – Quant au Hezbollah, confirmant l’injonction d’amendement lancée par le congressman Darrell Issa, M. Battle déclare que «ce qui peut modifier notre opinion au sujet de ce parti comme d’autres organisations inscrites sur la liste, c’est qu’il change de politique». Donc de méthode d’action, pour renoncer à la violence. Au profit de la reprise des pourparlers. – Le diplomate cité croit cependant déceler des tiraillements au sein de l’Administration Bush entre ultras et modérés. Ces derniers admettent que le Hezbollah mène effectivement une action de résistance. Qui n’aurait plus lieu d’être une fois l’occupation israélienne complètement abolie. Mais les ultras, qui tiennent absolument à qualifier le Hezbollah d’organisation terroriste, ont finalement obtenu son inscription sur la liste proscriptive dressée par Washington. Ces divergences au sein de l’appareil directeur U.S., l’ambassadeur américain à Beyrouth en fait à peine mystère. En effet, interrogé sur le point de savoir pourquoi avoir attendu jusqu’à présent pour charger le Hezbollah, absent des listes antérieures, M. Battle a répondu : «Nombre de personnes, aux États-Unis comme à l’étranger, ont exercé des pressions dans ce sens. Réclamant l’inclusion de toutes les organisations sur les listes que nous publions depuis des années au sujet de groupes terroristes extérieurs. Pour demander le gel des comptes de certaines de ces formations. C’est sur cette base que nous avons rajouté des noms à la liste des organisations terroristes et de surveillance des comptes à l’étranger». – Enfin et surtout, relève cette personnalité, si le pouvoir peut aujourd’hui dormir sur ses deux oreilles, c’est grâce au soutien unanime de toutes les composantes du peuple libanais à sa position concernant la résistance. Le Liban peut être tranquille. Sauf si le Hezbollah ne met pas un bémol à ses actions sur le terrain et une sourdine à ses diatribes contre les USA. Car cette hostilité ouverte est considérée par les Américains comme un soutien indirect à Ben Laden, conclut le diplomate.
Jusqu’à nouvel ordre, Beyrouth a tout l’air de prendre la campagne américaine qui le vise actuellement à cause du cas du Hezbollah pour une simple tempête dans un verre d’eau. Les dirigeants locaux ne manifestent donc aucune crainte, aucune inquiétude particulière. C’est très tranquillement que le pouvoir a rejeté la demande U.S. de gel des avoirs du Hezb. Et c’est...