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Actualités - OPINIONS

Les leçons du 11 septembre - La résolution 1373 : un État à réhabiliter

Le 28 septembre 2001, le Conseil de sécurité des Nations unies adopte une résolution – numéro 1373 – réprimant le financement des actes de terrorisme et demandant aux États de traduire en justice «toutes personnes qui participent au financement, à l’organisation, à la préparation ou à la perpétration d’actes de terrorisme ou qui y apportent un appui». Il demande également à tous les États de «faire rapport», dans un délai de 90 jours «sur les mesures qu’ils auront prises pour donner suite à la présente résolution». Le 2 novembre 2001, les États-Unis annoncent que le Hezbollah est inclus dans une liste – la troisième depuis le 11 septembre – de 22 organisations qualifiées de terroristes dont les avoirs devraient être gelés. Cette position américaine ne trouve pas d’échos favorables au Liban. Le pouvoir et l’opposition sont, pour une fois, d’accord : le Hezbollah n’est pas un mouvement terroriste, mais un mouvement de libération nationale qui a mené une lutte exemplaire pour libérer le Sud de l’occupation israélienne. Quant aux actes auxquels se réfèrent les Américains pour qualifier le Hezbollah de mouvement terroriste, notamment le détournement de l’avion de la TWA en 1985, ils sont couverts par la loi d’amnistie promulguée sur la base de l’accord de Taëf, accord conclu sous le parrainage des États-Unis qui ont également participé, avec la France, à la mise en œuvre des «arrangements d’avril 1996» dans lesquels le Hezbollah était partie prenante. Mais pour pouvoir défendre sa position, d’une manière crédible, devant les instances internationales et marquer la différence entre terrorisme et résistance nationale, le Liban doit prendre une attitude très nette concernant tous les autres points de la résolution 1373 et œuvrer à leur mise en application. Nous devons et nous pouvons défendre la Résistance ; nous lui devons d’avoir libéré le territoire national. Mais sommes-nous pour autant tenus de justifier la corruption, les trafics de tous genres, les opérations de blanchiment de l’argent de la drogue et autres activités mafieuses ? Avec la succession rapide des évènements depuis le 11 septembre, nous risquons très vite de nous retrouver au pied du mur, sommés par la communauté internationale de prendre des mesures auxquelles nous ne sommes pas préparés. N’est-il pas nécessaire et urgent de prendre les devants et de donner la priorité à la réhabilitation de l’État ? La classe politique, qui préside aujourd’hui aux destinées du pays, est faite d’un amalgame hétéroclite au sein duquel coexistent plusieurs structures dont l’une est de nature «mafieuse». Cette dernière structure avait eu besoin pour devenir «légale» de deux lois d’amnistie : la première en 1991 avait porté sur les crimes de guerre, la seconde en 1995 sur les délits relatifs au trafic de drogue. Et cette légalité, acquise sur le tard, ne l’avait pas empêchée de continuer à détourner d’une manière systématique la loi pour assurer ses intérêts particuliers : répartition des revenus de l’État, prélèvements d’importantes commissions sur les projets gouvernementaux, protection pour les activités illégales (contrebande, blanchiment de l’argent de la drogue, plantations de hashich, contrefaçons de médicaments, de boissons alcoolisées, de cigarettes, taxes illégales...), etc. Au moment de son élection à la tête de l’État en 1998, le président Lahoud avait essayé de mettre un terme à cette situation et lancé une campagne contre la corruption comme prélude à l’instauration d’un État de droit. Mais celle-ci avait échoué parce qu’elle avait très vite été détournée de son objectif initial et récupérée dans le jeu politique traditionnel. Il faut, à tout prix, aujourd’hui, relancer l’idée d’un État de droit. Deux considérations nous y obligent : • La première, économique, est liée à la crise que nous vivons et dont la solution nécessite, selon la Banque mondiale et le Fonds monétaire international, la mise en application d’une nouvelle notion, celle de la «bonne gouvernance» qui «représente l’extension de l’ajustement structurel aux systèmes politiques des pays du Sud» : participation des citoyens, transparence des institutions, respect de l’État de droit, épanouissement de la société civile, etc. • La deuxième, politique, a à voir avec le nouvel ordre international qui se met en place et dont la résolution 1373 est, à l’heure actuelle, une des pièces maîtresses. Depuis 1975, le Liban vit, dans une certaine mesure, en marge de la légalité internationale. La nécessité de mettre un terme à la guerre avait servi à justifier la transgression des lois. Mais cette situation n’a que trop duré. Le pays ne peut plus continuer à être géré de la sorte. Son avenir est désormais en jeu.
Le 28 septembre 2001, le Conseil de sécurité des Nations unies adopte une résolution – numéro 1373 – réprimant le financement des actes de terrorisme et demandant aux États de traduire en justice «toutes personnes qui participent au financement, à l’organisation, à la préparation ou à la perpétration d’actes de terrorisme ou qui y apportent un appui». Il demande...