Rechercher
Rechercher

Actualités - CHRONOLOGIES

Al-Jazira, une fenêtre sur le monde arabe qui attire les Occidentaux

La chaîne de télévision qatariote al-Jazira, principal vecteur dans le monde arabo-musulman de la «guerre des images» autour du conflit afghan, est de plus en plus courtisée par des dirigeants occidentaux qui ont compris son importance pour s’adresser à l’opinion publique arabe. Après des menaces de censure et d’interdiction de diffusion pour sa couverture souvent exclusive de la guerre en territoire sous contrôle de la milice des taliban, les pays occidentaux ont fini par réaliser qu’al-Jazira peut aussi véhiculer leurs messages pour contrer le discours mobilisateur d’Oussama Ben Laden abondamment relayé par cette chaîne de télévision. Tour à tour, les ténors de la stratégie militaire de l’alliance antiafghane se sont donc succédé à l’écran de la «CNN arabe». Le secrétaire américain à la Défense Donald Rumsfeld et Condoleezza Rice, conseillère pour la Sécurité nationale du président George W. Bush, ont ouvert le bal. Puis al-Jazira a prêté son antenne au Premier ministre britannique Tony Blair, au secrétaire général de l’Otan George Robertson et au chef de la diplomatie française Hubert Védrine. Pendant le week-end, Christopher Ross, un diplomate américain à la retraite qui s’exprime couramment en arabe, a choisi al-Jazira pour contrer, en direct sur le plateau de la chaîne, les dernières accusations de Ben Laden qui s’en est pris samedi à l’Onu. Lundi, c’était le tour de l’archevêque de Cantorbéry George Carey d’apparaître sur al-Jazira. Un message unique s’est dégagé des interventions des responsables occidentaux : la guerre en Afghanistan n’est pas dirigée contre le monde islamique et l’islam n’est pas lié au terrorisme. Critiques US «Certains dirigeants occidentaux se sont exprimés sur al-Jazira à notre demande, mais d’autres l’ont fait de leur propre initiative pour exprimer un commentaire ou un point de vue», a expliqué le directeur de la chaîne, Mohammed Jassem al-Ali. Leur objectif est clairement de contrer la «guerre de l’information» menée par Ben Laden. Celui-ci, désigné par les États-Unis comme l’instigateur des attentats de New York et de Washington, s’est à plusieurs reprises adressé à l’opinion arabo-musulmane dans des enregistrements vidéo ou des documents diffusés par la chaîne. À ces messages de Ben Laden et de ses lieutenants qui dénoncent les «mécréants» occidentaux ou arabes, s’ajoute la retransmission quotidienne et en boucle sur al-Jazira d’images choc de victimes civiles en Afghanistan, dont des enfants. Inquiets de l’influence de ces messages sur l’opinion, les États-Unis ont plusieurs fois critiqué al-Jazira, accusée de se faire l’alliée des taliban. Les pressions et menaces de censure, notamment américaines, ont été exercées au plus haut niveau sur le Qatar, mais sans résultat apparent. Les responsables occidentaux se sont donc résolus à utiliser al-Jazira pour contrecarrer sur son propre terrain «la propagande de Ben Laden et des taliban». «Ils ont changé leur approche : ils sont désormais nombreux à s’exprimer sur al-Jazira, après s’être rendus à l’évidence sur le fait qu’il s’agit de la chaîne de télévision la plus influente dans le monde arabe», a expliqué M. al-Ali, interrogé sur l’attitude des dirigeants américains. Al-Jazira, qui vient de fêter ses cinq ans d’existence, est captée par au moins 35 millions de téléspectateurs dans le monde arabe ainsi que par les Arabes et les musulmans de la diaspora.
La chaîne de télévision qatariote al-Jazira, principal vecteur dans le monde arabo-musulman de la «guerre des images» autour du conflit afghan, est de plus en plus courtisée par des dirigeants occidentaux qui ont compris son importance pour s’adresser à l’opinion publique arabe. Après des menaces de censure et d’interdiction de diffusion pour sa couverture souvent...