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Actualités - CHRONOLOGIES

Les méthodes utilisées par les autorités fédérales sont critiquées par les organisations de défense des libertés individuelles - Coups de filet et longues détentions : le FBI veut déstabiliser le terrorisme

La police fédérale américaine (FBI) a adopté une stratégie de déstabilisation des réseaux terroristes aux États-Unis fondée sur le lancement de vastes coups de filet et l’allongement des périodes de détention. Ces méthodes qui visent, selon les autorités fédérales, à prévenir de nouveaux attentats contre des intérêts américains, sont largement critiquées par des organisations de défense des libertés individuelles. «L’objectif est d’empêcher de nouvelles attaques en déstabilisant les terroristes», explique Peter Crooks, un ancien agent du FBI, spécialisé dans la lutte antiterroriste. «Pour pouvoir être sûr qu’un suspect n’est pas impliqué dans un complot terroriste, il faut le maintenir derrière les barreaux», ajoute-t-il. Depuis les attentats du 11 septembre, le FBI procède à des arrestations dont l’ampleur a peu de précédents dans l’histoire des États-Unis. Ces coups de filet, poursuit M. Crooks, se déroulent généralement en vertu du même principe : arrestation du suspect, de membres de sa famille, de plusieurs de ses relations. «Tout est vérifié : les opérations de cartes de crédit, les notes de téléphone, les factures de location de voitures, les notes d’hôtels. Jusqu’au moment où l’on attrape quelqu’un d’important». Ces dernières semaines, le rythme des arrestations s’est accéléré pour connaître deux pics après le 11 et le 29 octobre, dates des deux avis d’alerte générale lancés par les autorités fédérales. 1 147 personnes arrêtées Selon le département de la Justice, 1 147 personnes ont été arrêtées depuis le début de l’enquête sur les attentats du 11 septembre. Le ministère se montre plus discret sur le nombre de personnes qui ont été entre-temps relâchées. Le quotidien Washington Post, qui a réussi à identifier 235 détenus, estime que leur sort est révélateur de la volonté de prévention des autorités. Pour preuve, écrit le Post, «le fait qu’aucun d’entre eux n’a été à ce stade accusé de participation aux attentats» contre New York et le Pentagone. Les charges qui pèsent contre les détenus sont d’ailleurs inconnues. Les autorités veillent cependant régulièrement à informer la presse du respect des procédures. Une responsable du département de la Justice, sous couvert de l’anonymat, a récemment confié que tous les prisonniers avaient eu accès à un avocat et que les délais de détention prévus par la loi étaient respectés. Depuis l’entrée en vigueur, le 24 octobre, de la nouvelle loi antiterroriste, les autorités ont la possibilité de garder un suspect en détention entre 48 heures et sept jours sans justification. Avant l’adoption de cette loi par le Congrès, ce délai était de 24 heures. Le 18 septembre, cependant, l’attorney general John Ashcroft avait jugé bon de rappeler qu’en vertu de l’état d’urgence, des suspects pouvaient être détenus «durant un temps raisonnable». Parmi les détenus identifiés par le Post, figurent notamment 31 Égyptiens, 30 Séoudiens, 24 Pakistanais, 17 Irakiens, 13 Marocains, 9 sont naturalisés américains, 6 sont Syriens, 5 Israéliens, 4 Palestiniens et 1 Franco-Marocain. La plus grande partie d’entre eux a été arrêtée dans des États à forte concentration de musulmans, en particulier au Texas (23), dans le New Jersey (23), en Californie (19), en Virginie (13), l’État de New York (13) et le Michigan (12). Les organisations de défense des droits individuels voient ces arrestations d’un mauvais œil. «Détention prolongée et expulsion entachent la réputation américaine d’équité», estime Laurie Kozuba, présidente de l’association Citizens and Immigrants for Equal Justice. Pour Anthony Romero, directeur d’American Civil Liberties Union, ces détentions évoquent celles de 6 000 personnes, en majorité des immigrants, effectuées après des émeutes politiques en juin 1918 aux États-Unis.
La police fédérale américaine (FBI) a adopté une stratégie de déstabilisation des réseaux terroristes aux États-Unis fondée sur le lancement de vastes coups de filet et l’allongement des périodes de détention. Ces méthodes qui visent, selon les autorités fédérales, à prévenir de nouveaux attentats contre des intérêts américains, sont largement critiquées par des...