Rechercher
Rechercher

Actualités - CHRONOLOGIES

Spectre de catastrophe humanitaire, même si les bombardements s’arrêtaient - La famine s’installe au pays des mollahs

L’Afghanistan est menacé d’une catastrophe humanitaire qui risque de faire des milliers de morts, même si les États-Unis arrêtaient leurs bombardements aujourd’hui, ont averti des organisations humanitaires. Un mois après le début des frappes aériennes sur un pays dévasté par 20 ans de guerre et trois années de sécheresse, peu de progrès ont été réalisés pour acheminer nourriture, médicaments et vêtements chauds à des millions de gens avant l’arrivée imminente de l’hiver. La bureaucratie, la crainte de voir les convois d’aide bombardés, les pillages d’organisations humanitaires en Afghanistan et l’expulsion de leurs représentants étrangers par les taliban y sont autant d’obstacles. La fermeture des frontières du Pakistan et des autres pays voisins limite également les possibilités d’aide. «Même si les bombardements s’arrêtaient immédiatement, même si l’aide partait aujourd’hui, c’est peut-être déjà trop tard», estime un porte-parole du Haut-Commissariat des Nations unies aux réfugiés (HCR), Yusuf Hassan. De six à huit millions d’Afghans dépendent totalement ou en partie de l’aide alimentaire étrangère et les maladies et l’arrivée du froid et de la neige compliquent encore le problème. Ahmed Waseem, de l’ONG Islamic Relief, basée en Grande-Bretagne, résume les frustrations suscitées par un sentiment d’impuissance face à une catastrophe annoncée. «Rien de substantiel ne s’est produit au cours du dernier mois», explique-t-il en parlant de l’aide aux déplacés à l’intérieur de l’Afghanistan. «Je pense que l’Afghanistan va être un désastre», avertit-il, alors que plus d’un million d’Afghans étaient déjà considérés comme déplacés avant le début de l’offensive américaine, le 7 octobre. «C’est simple. Ou les frappes s’arrêtent tout de suite, ou il faut un couloir sécurisé pour acheminer la nourriture», et selon lui, «on n’a ni l’un ni l’autre». Malnutrition grave Ahmed Waseem dit avoir déjà constaté de nombreux cas de malnutrition grave parmi les enfants arrivés au Pakistan, indiquant que certaines parties de l’Afghanistan connaissent déjà la famine. Le HCR est prêt à accueillir un afflux de réfugiés au Pakistan, mais les réfugiés sont de fait prisonniers à l’intérieur de leur pays. «Notre plus gros problème est que les frontières restent fermées», explique le porte-parole du HCR. Plus de 100 000 Afghans sont entrés illégalement au Pakistan en octobre et se sont évanouis dans les villes de peur d’être expulsés. Ils ne reçoivent aucune aide extérieure. À l’intérieur de l’Afghanistan, beaucoup de gens ont fui les villes et se sont réfugiés dans l’arrière-pays avec le début des bombardements, ce qui complique la coordination de l’aide. «Cela met les communautés rurales sous pression. Elles manquent de nourriture et les problèmes d’eau et de santé vont suivre», ajoute Yusuf Hassan. Les plus démunis sont les gens du nord à qui la neige devrait couper l’accès dans les semaines à venir. Le Programme alimentaire mondial (PAM) de l’Onu projette des largages par avion dans les régions les plus isolées, mais insiste auprès des taliban pour qu’ils garantissent au préalable la sécurité des appareils et du personnel au sol. «Les gens ne fuient pas seulement le manque de nourriture, mais aussi parce qu’ils sont terrifiés à l’idée d’être enrôlés par les taliban, à cause des persécutions et à cause des bombardements aériens», selon M. Hassan. «Actuellement, nous ne pouvons pas assurer leur protection en Afghanistan ni au Pakistan parce que les frontières sont fermées». «C’est incroyablement frustrant (...) Tout ce qu’on peut faire c’est de continuer à préparer de nouveaux sites (pour accueillir des réfugiés au Pakistan). Le mieux que l’on puisse faire est d’être prêt».
L’Afghanistan est menacé d’une catastrophe humanitaire qui risque de faire des milliers de morts, même si les États-Unis arrêtaient leurs bombardements aujourd’hui, ont averti des organisations humanitaires. Un mois après le début des frappes aériennes sur un pays dévasté par 20 ans de guerre et trois années de sécheresse, peu de progrès ont été réalisés pour...