Rechercher
Rechercher

Actualités - ANALYSES

VIE POLITIQUE - La Rencontre de Kornet Chehwane prépare un manifeste refondateur - Glissement notable dans l’ordre des priorités, au nom de la solidarité nationale

La vie politique locale se trouve manifestement à un tournant. On y attend donc la prochaine rencontre de la Rencontre de Kornet Chehwane. Qui doit publier un manifeste d’intentions, prenant selon toute probabilité en compte le dialogue avec le régime. Et les assouplissements de position que la conjoncture commande. Ces derniers jours, des concertations intensifiées ont permis de préparer l’élaboration du texte promis. Dont les thèmes devraient naturellement s’articuler autour des retombées régionales ou intérieures des attentats du 11 septembre, de la lutte contre le terrorisme, du droit de résistance, de la guerre d’Afghanistan et du conflit israélo-palestinien. Les remous extérieurs impliquent des données, ou des donnes, modifiées pour tout le monde. Ce qui ne change quand même pas, relèvent les cadres de la Rencontre, le fond de problèmes relevant de principes premiers comme la souveraineté, l’indépendance et l’autonomie de décision. Il n’est donc pas question de renoncer aux constantes nationales défendues par Bkerké. Mais à dire vrai, l’actualité est si lourde de menaces, ou de sens, qu’il est inévitable de se focaliser sur d’autres priorités que les questions chroniques d’ordre politique. La correction de rapports avec la Syrie, les dissensions avec l’Ouest, les divergences avec le pouvoir passent désormais au second rang. Nécessité fait loi : ce qui compte avant tout aujourd’hui, pour peu que l’on se soucie de défendre les chances de survie de ce pays, c’est la consolidation de ses rangs intérieurs. D’autant qu’outre les périls extérieurs, il doit lutter pour ne pas sombrer sur le plan social, économique et financier en butte à une crise sévère. Sur le plan pratique, comme le prouve le kaléidoscope de déclarations circonstanciées, cette quête d’unité interne se cristallise autour de la réponse faite aux Américains. Non, disent d’une même voix l’Est, l’Ouest et le pouvoir, le Hezbollah n’est pas une organisation subversive. Non, la résistance active à l’occupation ne peut pas être confondue avec le terrorisme. Même si son opportunité en termes d’intérêt national bien compris peut se discuter, étant donné le prix que pourrait coûter la riposte de l’ennemi. Toujours est-il que le différend avec les États-Unis a maintenant éclaté au grand jour. La position libanaise, simple, claire, nette et précise se résume à cette proposition : si l’on veut qu’il n’y ait plus de recours aux actions de résistance armée, si l’on veut éteindre pour de bon la tension sur tous les fronts, il faut réaliser une paix régionale globale. En base des principes de Madrid comme des résolutions de l’Onu. Quant au terrorisme proprement dit, c’est-à-dire aux gens de Ben Laden ou d’Abou Mahjane, le Liban a fait ce qu’il avait à faire à Dennyé, sans attendre Washington et en parfaite coordination avec Damas. Dont le concours lui permet de garder sinon sous contrôle direct du moins sous l’étouffoir les camps palestiniens qui servent d’îlots de refuge aux organisations fondamentalistes subversives. Retour à Kornet Chehwane. L’un des piliers de la Rencontre, le député Boutros Harb, souligne que ce forum «se trouve confronté à un test de choix à opérer. Ses adhérents doivent réaliser ensemble le sens des changements intervenus. Pour y réagir, ensemble, d’une manière rationnelle. C’est le climat qui règne actuellement parmi nous et qui du reste se trouvait déjà à l’origine même du mouvement. Nous devons nous efforcer de rationaliser le discours chrétien, national et arabe. En affrontant les développements avec un souci constant de garder notre dignité propre et de sauvegarder les grands principes. Tout en tenant compte des changements. Il ne faut pas perdre de nouveau, à l’ombre des slogans, une occasion propice, par peur de nous trouver débordés à notre droite ou à notre gauche, ou par crainte de faire l’objet de tirs, d’attaques déterminées». Le parlementaire, qui ne précise pas quelle «occasion» aurait déjà été perdue, répète que l’heure est au retour sur soi, à l’analyse en profondeur de la nouvelle situation, à l’examen de l’efficacité des moyens antérieurement utilisés, à l’évolution des problèmes rencontrés. Il ajoute qu’il faut dresser un plan bien étudié «afin de préserver notre rôle dans une patrie qui ne serait pas effilochée. Non à nous préoccuper de notre présence dans une patrie qui le serait ou au-dehors. Cela dépend de notre capacité de comprendre les changements qui se produisent dans le monde comme dans la région ou sur la scène intérieure». C’est là, on en conviendra, un appel direct à une révision des calculs de l’Est et une invite à peine voilée à l’autocritique. Ce qui ne fait pas tout à fait l’unanimité dans un camp chrétien où certains pensent que seule l’extrême popularité du patriarche Sfeir a pu inciter d’autres à les rejoindre sur la même ligne. En d’autres termes, la Rencontre de Kornet Chehwane affronte aujourd’hui un problème de cohésion intérieure. Le débat en coulisses porte sur les positions de base à adopter. Mais aussi sur l’élargissement éventuel du groupe par la cooptation de nouveaux partis ou pôles indépendants. L’intégration pourrait du reste n’être pas formelle. Et se résumer à la ratification enthousiaste de partis ou de pôles déterminés de tout communiqué de la Rencontre. Qui d’ailleurs se veut elle-même comme un creuset pour les idées, pour les principes, plutôt que comme un club de personnes. Dans cet esprit, certains membres pensent que récuser des impétrants potentiels pour des considérations particulières ou politiques reviendrait à trahir la vocation même de la Rencontre. En pratique, la question se pose surtout pour la nouvelle direction des Kataëb. Ce parti avait auparavant un délégué au sein de la Rencontre, le Dr Jad Nehmé, membre du Bureau politique. Le nouveau directoire des Phalanges doit décider s’il veut maintenir ce représentant ou lui en adjoindre un autre, rien n’empêchant en principe la présence de deux courants distincts, à condition qu’ils soient d’accord sur les constantes. Le nouveau chef du parti, M. Karim Pakradouni, a affirmé récemment que les positions des Kataëb ne sont pas éloignées de celles de la Rencontre. Il a dépêché le vice-président, M. Simon el-Khazen et le Dr Nehmé pour négocier avec le président de la Rencontre, Mgr Youssef Béchara.
La vie politique locale se trouve manifestement à un tournant. On y attend donc la prochaine rencontre de la Rencontre de Kornet Chehwane. Qui doit publier un manifeste d’intentions, prenant selon toute probabilité en compte le dialogue avec le régime. Et les assouplissements de position que la conjoncture commande. Ces derniers jours, des concertations intensifiées ont permis de préparer...