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Actualités - REPORTAGES

Des cordons-bleus - pour faire revivre la tradition -

Hadiya Achkar et sa sœur, Oum Rawad, s’affairent dans leur cuisine, propre comme un sou neuf. Elles reçoivent aujourd’hui, dans leur domicile de Khreibé, des visiteurs venus goûter des plats traditionnels spécifiques à la région, dont les noms mêmes sont devenues parfaitement inconnus de la majorité des citadins : Amaïché (un mélange de semoule, de «kechek» et d’huile), taboulé addas (la fameuse salade libanaise à laquelle des lentilles ont été ajoutées)… Les deux femmes sont de véritables cordons-bleus. Tout ce qui se trouve sur leur table est succulent. Le secret réside autant dans le savoir-faire ancestral et perfectionné que dans les ingrédients. Dans cette famille, en effet, la «mouné» est toujours entièrement préparée sur place, tout comme une grande partie des produits agricoles proviennent du jardin. Même le blé concassé, le «borghol», est fait maison, ce qui est pratiquement impensable de nos jours. Ce n’est cependant pas seulement la bonne cuisine et le goût de la découverte culinaire qui attireraient les visiteurs chez Hadiya : c’est aussi, et surtout, cette tradition d’hospitalité qui se perçoit dans chaque fait et geste des hôtes, ces mots de bienvenue, qui font plaisir. Tout comme des amis, les clients sont accueillis devant le perron, près du jardin. Les vieux parents de Hadiya, portant encore le très beau costume traditionnel druze, ajoutent au pittoresque de l’ensemble. En quelques mots, le visiteur étranger se trouve replongé dans le vécu de ces personnes, dans ce qui peut paraître pour lui un passé retrouvé et non artificiellement recréé. Pour Hadiya et sa famille, cette nouvelle activité représente aujourd’hui «une rentrée d’argent significative». Vivre dans un village éloigné n’a pas toujours été facile pour elle. Avant la guerre, elle travaillait de la broderie avec ses sœurs et ses cousines. Au début des événements, elles ont perdu leurs contacts en ville. Elles ont alors acheté une machine pour confectionner des habits en laine qu’elles écoulaient à Beit Chébab (Metn). La suite des événements tragiques leur a fait perdre cette ressource également. D’où le fait que cette nouvelle activité est la bienvenue. «Nous n’avions jamais pensé à la cuisine comme source d’argent», précise Hadiya. «Pour nous, recevoir à la maison était tout simplement synonyme de convivialité. Mais quand l’idée nous a été présentée, nous avons décidé de nous lancer dans cette aventure». Il faut dire qu’elle a plus d’une corde à son arc. Depuis l’été, elle fait du pain en grande quantité et plusieurs clients viennent s’approvisionner chez elle. Elle précise que sa fournée est écoulée en un rien de temps. Par les soins de personnes comme Hadiya, les traditions culinaires ont toutes les chances de se perpétuer et de gagner dorénavant le grand public. Mais la relève est-elle assurée ? Interrogée sur l’attitude de la nouvelle génération, elle se dit pessimiste. «Les jeunes ne sont pas intéressés par le savoir-faire ancien», dit-elle, un brin d’amertume dans la voix. «Ils se moquent même de nous quand ils nous voient si affairés à tout réaliser nous-mêmes».
Hadiya Achkar et sa sœur, Oum Rawad, s’affairent dans leur cuisine, propre comme un sou neuf. Elles reçoivent aujourd’hui, dans leur domicile de Khreibé, des visiteurs venus goûter des plats traditionnels spécifiques à la région, dont les noms mêmes sont devenues parfaitement inconnus de la majorité des citadins : Amaïché (un mélange de semoule, de «kechek» et...