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Actualités - OPINIONS

Épouvantable art de vivre -

L’architecture est le critère le plus sûr du jugement, du sérieux d’une nation (Paul Valéry) En écho aux injures du temps et des hommes ; à la guerre qui a fait ses ravages ; à la marche du monde faisant fi de la tristesse éternelle des sources, les équerres poursuivent leur trajectoire au milieu d’une uniformisation qui lamine partout les identités, au prétexte d’un modernisme passe-partout et anonyme. Depuis 1992, la fièvre de la construction consume le paysage libanais. Les villes envahissent les campagnes et phagocytent les forêts. Du nord au sud, d’ouest en est, l’homme se contemple dans son œuvre : des cités champignons pétrifiées dans leur vulgarité, dépouillées de leur espace vert, érigées dans un chaos absolu sur la dépouille d’un patrimoine architectural et naturel davantage détruit en vingt ans qu’en deux siècles. Construire, vivre même, désormais quelle épouvantable simagrée ! Tandis que s’élèvent plus haut les murs et que se fixent plus haut les toits, on s’interroge sur le nouveau genre humain, ses goûts, ses rêves... Laideur désespérante, résultant de l’absence de toute ordonnance urbanistique. Absurdité des lois (Murr), de la mentalité des promoteurs, de l’interprétation fantaisiste d’une architecture épuisant les pâles copies de ce qui se fait ailleurs, aux États-Unis, en Europe, mais aussi dans le Golfe. Une nausée de luxe qui cristallise le développement matériel et fait saliver nos bâtisseurs qui se disent Libanais. Au troisième millénaire, le Liban et plus précisément sa capitale, s’affirme et se précise : un ensemble bâtard façonné par les rêves mégalomaniaques des promoteurs. Par l’incompétence et l’indifférence aux repères traditionnels. Îlots d’une mémoire qu’on veut effacer. Qu’en est-il aujourd’hui du vieil axiome de nos parents : «Quand le bâtiment va, tout va» ? Le bâtiment ne va pas. Des milliers d’appartements ne trouvent pas preneurs. Le paysage, hideux, ne tient nul compte du besoin de sentiment et de poésie qui habite, qui anime l’homme. En quête d’un peu de lumière, d’air frais. Et d’âme.
L’architecture est le critère le plus sûr du jugement, du sérieux d’une nation (Paul Valéry) En écho aux injures du temps et des hommes ; à la guerre qui a fait ses ravages ; à la marche du monde faisant fi de la tristesse éternelle des sources, les équerres poursuivent leur trajectoire au milieu d’une uniformisation qui lamine partout les identités, au prétexte...