CONFÉRENCE - Débats au palais de l’Unesco autour - des changements après le 11 septembre - Campagne antimondialisation : violentes diatribes antiaméricaines

La mondialisation et ses «pièges», particulièrement la modification du paysage après les attaques terroristes du 11 septembre contre les États-Unis, ont été examinés à la loupe lors du premier forum arabe contre la mondialisation qui s’est tenu au palais de l’Unesco les 3 et 4 novembre, six jours avant la 4e conférence ministérielle de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) au Qatar. Le forum était organisé par le Rassemblement panarabe antimondialisation. Autant dire que les intervenants, des hommes politiques ou des spécialistes issus de différents pays arabes et de France, ne se sont pas montrés tendres envers ce phénomène mondial qu’ils ont qualifié «d’hégémonie américaine déguisée». Des analyses ont cependant éclairé la profonde brisure occasionnée par le 11 septembre et les nouveaux défis qui pourraient en résulter pour le monde arabe, notamment du fait de l’introduction du facteur militaire dans les relations mondiales, régies aujourd’hui par la lutte contre le terrorisme menée par les États-Unis. La mondialisation diabolisée, en somme… De nombreuses ONG antimondialisation arabes, ainsi que des représentants d’associations françaises, José Bové, leader de la Confédération paysanne en France, Jean-Claude Amara, de Droit devant, et Christophe Aguiton d’ATTAC (Association pour la taxation des transactions pour l’aide aux citoyens), et plusieurs personnalités politiques libanaises ont participé à la séance inaugurale et aux sessions qui ont suivi. Durant la séance inaugurale, M. Bové a considéré que «le véritable nom de la mondialisation, ce n’est pas les échanges, mais la domination d’une partie du monde sur la majorité». Il a appelé à la participation des organisations politiques arabes au mouvement antimondialisation, et a déclaré que «bien que les manifestations soient interdites en marge de la réunion de Doha, nous serons au rendez-vous pour lutter». L’intervention de Fawaz Traboulsi, au nom du rassemblement, était particulièrement virulente. «Les États-Unis ont riposté aux attentats terroristes du 11 septembre par une guerre terroriste» en Afghanistan, a-t-il dit. Il a par ailleurs estimé que «la mondialisation est en train de prendre un aspect militaire et de sécurité alors qu’elle se limitait auparavant au domaine économique». Abou Ahmad Fouad a prononcé le mot de la Palestine durant la séance inaugurale. Il a évoqué une série de points qui lui ont paru essentiels à débattre, commençant par constater que «la mondialisation dont on a fait la promotion durant une dizaine d’années s’est avérée désastreuse sur le terrain, économiquement, socialement et politiquement». Selon lui, «le monde arabe est la première cible de la politique américaine dans le monde». Abordant les événements du 11 septembre, il a souligné que «si les États-Unis étaient sincères dans leur lutte contre le terrorisme, ils auraient profité de ces attaques pour réviser leur politique étrangère et auraient convié les pays à un congrès mondial pour un débat autour du terrorisme». «Au lieu de cela, ils ont décidé, une fois de plus, d’agir seuls», a-t-il ajouté. L’intervention du député égyptien nassérien Hamdine Sabahi s’est traduite par une attaque acérée contre les États-Unis, qui président selon lui «une mondialisation monstrueuse». Il a déclaré d’emblée qu’«il est demandé à ce forum de créer un mouvement nationaliste arabe avec pour objectif d’instaurer une mondialisation humaine». M. Sabahi a par ailleurs considéré que «la militarisation de la mondialisation a trouvé dans les événements du 11 septembre l’un des principaux piliers du système mondial voulu par les États-Unis». «Est-il possible, pour les peuples, de faire face à une mondialisation militaire par la seule résistance civile ?», s’est-il demandé, avant de considérer que «la soi-disant lutte américaine contre le terrorisme n’est qu’un conflit qui oppose les États-Unis au reste de l’humanité».