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Actualités - ANALYSES

Vie politique - La bonne entente à l’ordre du jour - Discrète médiation de Baabda - entre Aïn el-Tiné et Koraytem

Dans l’esprit de la Toussaint, fête du rassemblement, les hautes autorités prônent l’harmonie au sein du pouvoir. Une attitude rendue nécessaire, est-il besoin de le souligner, autant par les périls extérieurs que par la crise socio-économique. Les présidents conviennent tous les trois, du reste, qu’il leur appartient de conforter ensemble le principe de la solidarité nationale, gage de stabilité sécuritaire et politique. Mais cet engagement de fond se trouve écorné par les observations du chef du Législatif à l’adresse du gouvernement. Remarques qu’il est assez difficile de mettre au compte de la critique constructive. Le président Émile Lahoud, pour sa part, ne cesse de rappeler que l’entente entre les dirigeants est indispensable pour le traitement des difficultés économiques du pays. Qui passe par une meilleure gestion des dépenses publiques, par la lutte contre le gaspillage sous toutes ses formes. Et, à son avis propre, que les haririens ne partagent pas entièrement, par l’élaboration d’un plan longue distance fondé sur une claire définition des priorités. Ce qui implique, bien évidemment, la réhabilitation de l’Administration, instrument indispensable de tout redressement. À ce propos, le chef de l’État précise qu’il faut des cadres probes, expérimentés, capables, lucides, efficaces en somme. Il exprime le souhait de voir cet objectif atteint à travers les nominations que le Conseil des ministres doit promulguer prochainement. Les autorités tiennent donc en principe à installer «the right man in the right place», sans se disputer sur le tri à faire. Leur bonne volonté doit se manifester lors de l’examen des candidatures pour les postes de la première et de la deuxième catégories. Le président Lahoud, indiquent des sources informées, compte en parler d’abord avec le président Nabih Berry. Pour passer en revue les raisons véritables de la tiédeur qui marque actuellement les rapports entre Aïn el-Tiné et Koraytem, qu’il s’agisse des désignations ou des crédits alloués au Conseil du Sud, cher au cœur du président de l’Assemblée nationale. Ensuite, toujours selon les mêmes sources fiables, le chef de l’État réunirait à sa table les deux autres présidents, probablement la semaine prochaine, afin de sceller un rapprochement général générateur de détente sur la scène politique locale. Une amélioration du climat d’ensemble que le président Lahoud a initiée à travers le dialogue établi récemment avec le leader du PSP, M. Walid Joumblatt. Ainsi qu’à travers toute une série de concertations avec les forces actives du pays, tous horizons confondus. Le but de cette démarche est clair : il faut, pense Baabda, qu’à l’heure où des bouleversements internationaux et régionaux se trouvent manifestement en gestation, le Liban se protège du mieux qu’il peut par la consolidation de son front intérieur. Le pays doit donc définir des choix stratégiques susceptibles de préserver ses intérêts, en assurant sa stabilité et en fuyant tous les paris risqués ou erronés. Il n’est pas possible de réaliser cette option, répètent les sources proches de Baabda, sans un accord de fond solide entre l’ensemble des dirigeants comme des pôles moteurs du pays. Seul moyen de susciter et d’entretenir la confiance entre la population et l’État. Cela étant, la coopération et la coordination qui doivent lier le Législatif et l’Exécutif se trouvent actuellement soumises à l’épreuve des questions suivantes : – Le projet de budget pour l’année 2002. Le gouvernement tient naturellement à ce que son texte passe rapidement (on n’ose plus dire comme une lettre à la poste en ces temps d’anthrax) à la Chambre. Afin qu’il puisse s’atteler sans tarder à la mise en chantier de ses objectifs économiques, financiers ou fiscaux. Le gouvernement affirme en effet que le budget 2002 cristallise les moyens à mettre en œuvre pour endiguer la crise socio-économique, la consolidation de la monnaie nationale, le lancement du programme de privatisations et l’appel d’air favorisant l’afflux de capitaux d’investissement. Un cadre d’action rendu encore plus important par la triste probabilité d’un report, sinon d’une annulation, de la conférence moratoire baptisée Paris II. Un rendez-vous compromis, comme on sait, par les redoutables retombées des attentats du 11 septembre aux États-Unis. Dès lors, le Liban ne peut plus compter que sur ses propres ressources. Et il doit, de manière pressante, s’efforcer d’assainir ses finances publiques, de réduire son déficit budgétaire, autant que faire se peut. – Par extension naturelle de ce même problème, il faut tenter de réhabiliter l’Administration, dans la mesure du possible. En commençant par des nominations adéquates. Ce qui implique la mise de côté du système clientéliste traditionnel dit du partage du gâteau. À cette nuance près, soulignent des sources politiques, qu’il ne faut pas trop se braquer contre les considérations d’appartenance confessionnelle ou partisane. C’est-à-dire que, selon ces pôles, un directeur général compétent mais lié vaut toujours mieux qu’un indépendant inefficace. Dans cet esprit, les mêmes sources estiment aberrant de vouloir réserver à tout prix tel poste à telle communauté qui ne disposerait pas d’éléments professionnellement à la hauteur. Le cas échéant, il faudrait donc passer outre à la répartition traditionnelle, quitte à rétablir les équilibres ou les quotas par des permutations bien dosées. – Enfin, et surtout, le pouvoir local doit se montrer bien cimenté face aux retombées régionales de la guerre d’Afghanistan, de la lutte contre le terrorisme et aux dangers issus de la confrontation israélo-palestinienne. Sur ce plan, soulignons-le, il n’y a pas de problème car les dirigeants, comme l’ensemble de la classe politique, parlent d’une même voix. En répétant leur condamnation des attentats du 11 septembre, ainsi que la nécessité de distinguer entre le terrorisme et le droit de résistance, ou celle de restaurer le processus de paix en neutralisant les obstructions israéliennes.
Dans l’esprit de la Toussaint, fête du rassemblement, les hautes autorités prônent l’harmonie au sein du pouvoir. Une attitude rendue nécessaire, est-il besoin de le souligner, autant par les périls extérieurs que par la crise socio-économique. Les présidents conviennent tous les trois, du reste, qu’il leur appartient de conforter ensemble le principe de la solidarité...