D’afghan en arrière

Si les taliban et le milliardaire barbu qu’ils protègent ne sont pas la panacée universelle, faut être vachement demeuré pour s’imaginer que les éclopés de l’Alliance du Nord vont mener l’Afghanistan dans le siècle des Lumières. La communauté internationale avait déjà vu à l’œuvre cette cour des miracles aussitôt après la débandade des Soviétiques, et l’on ne peut pas dire qu’elle était un modèle platonicien d’alternance politique. Déjà qu’ils posent leurs conditions, les orphelins de Massoud : ils ne frémiront pas d’un orteil avant que George Double-Vé n’ait transformé en parking Kaboul et ses mabouls. Se croient déjà dans la capitale, dans un fauteuil, les doigts dans le nez… C’est sans doute pour cette raison que les Occidentaux s’alignent devant les pantoufles de l’ex-roi Zaher Shah, le pressant de rempiler. Pauvre mec ! Plus de 27 ans qu’il coule des jours peinards en Italie : la Scala, la Via Dolorosa, des piécettes à profusion pour la Fontana Di Trevi… Et ne voilà-t-il pas, qu’à son âge, on le lèche pour qu’il aille renouer avec la galère et la poussière. En tout cas, c’est pas les tromblons de chez nous qui se feraient prier pour se lancer dans l’arène. Toujours dans l’air du temps, le cheptel libanais ! Il a déjà produit les meilleurs nassériens, la fine fleur des propalestiniens, la quintessence des pro-israéliens et le nectar des prosyriens. Alors forcément aujourd’hui, y en a qui sont plus afghans que les Afghans. Faut juste les retenir d’envahir la Maison-Blanche et le camp militaire de Fort Braggs. Maintenant au moins, on connaît le programme après les fermes de Chebaa : Beyrouth dansant sous le ballet aérien des Tomahawk et des sacs de riz long grain américain.