Rechercher
Rechercher

Actualités - ANALYSES

Spéculations multiples sur le changement de cap de Moukhtara

Qu’est-ce qui fait courir M. Walid Joumblatt ? Pourquoi ce changement de cap à vue ? Comment et pourquoi ce leader de premier plan qu’aucune pression n’a pu faire plier en trois ans, renonce-t-il à la ligne critique adoptée depuis l’avènement du présent régime ? L’homme a un tel poids sur la scène locale que ce panel d’interrogations titille l’ensemble de la caste politique. Où nombre de pôles se demandent s’ils ne feraient pas mieux, à leur tour et à son instar, de réviser leurs calculs. La première explication qui vient à l’esprit, et qui est du reste largement diffusée dans les salons, est que le 11 septembre change toutes les données. Et modifie nécessairement en profondeur le discours politique courant. Mais des professionnels, qui veulent y regarder de plus près, pensent que cette date-charnière d’ordre mondial ne peut pas avoir un tel impact sur des prises de position purement locales. Autrement dit, le 11 septembre ne serait qu’un prétexte commode pour couvrir un virage envisagé de longue date. Dans la perspective de normaliser des relations qui commençaient à se tendre un peu trop, aussi bien avec Baabda qu’avec la Syrie. Une semi-brouille jugée désormais inopportune, dans la mesure où Moukhtara n’a pu atteindre ni ses objectifs initiaux ni la réalisation de ses revendications de base. Les spéculations vont donc bon train. Notamment sur le point, toujours important dans un pays commerçant, de savoir quel peut être le prix versé ou perçu pour un tel (re) virement, la balance des paiements pouvant du reste s’équilibrer. Certains soutiennent que M. Joumblatt a reçu la promesse d’être l’unique représentant de la communauté druze au sein du prochain cabinet. D’autres, qu’il a déjà reçu des prestations diverses réclamées depuis longtemps. Au-delà de ces considérations un peu prosaïques, l’on admet généralement que le leader du PSP a fini par réaliser que l’amélioration de ses rapports avec Damas passait nécessairement par un rapprochement avec Baabda. Ce qui impliquerait qu’en définitive, et en pratique, la troïka se transformerait en quadrige. En tout cas après le 11 septembre, M. Joumblatt a de suite adopté une position aiguë, pour le moins sceptique, à l’égard des Occidentaux, Américains en tête. Dans la foulée, il a invité ses partenaires d’opposition, notamment Kornet Chehwane, à revoir leur copie en matière de présence syrienne, à cause de la gravité de la situation nouvelle. En insistant sur la nécessité de mettre résolument de côté les sujets qui fâchent, pour consolider l’unité des rangs internes, face à des perspectives pouvant être redoutables. Dès lors, M. Joumblatt semble vouloir se montrer équidistant de tous les joueurs. Y parviendra-t-il, et son exemple sera-t-il suivi à l’Est ? On le saura bientôt, après la réunion d’analyse que Kornet Chehwane doit tenir. Pour décider quels dossiers peuvent être gelés et quels problèmes il faut continuer à soulever. Il est en effet évident que si l’on peut mettre une sourdine à la présence syrienne, il n’est pas possible par contre de rester les bras croisés en ce qui concerne le traitement de la crise socio-économique. Qui passe par la réforme administrative, par les nominations et par l’arrêt des querelles entre les dirigeants. Mais il faut savoir aussi quelle attitude adopter par rapport à Chebaa. Complétant son virage, M. Joumblatt renonce à toute réserve concernant la ligne de résistance active suivie par le Hezbollah. Alors qu’auparavant il se déclarait favorable à un traitement diplomatique de la question, en lançant même à ce propos un slogan retentissant : le Liban doit choisir entre être Hanoi ou Hong Kong. De même, le leader du PSP n’insiste plus pour que l’on déploie l’armée dans la bande frontalière Sud. Ces choix peuvent-ils être imités par Kornet Chehwane. On peut en douter, d’autant que ses alliés reprochent à M. Joumblatt de ne pas les avoir consultés avant de se démarquer de ses anciennes positions. Pour se rapprocher de Baabda, sur lequel s’aligne en outre la direction des Kataëb. Tandis que la branche Malek des FL, qui espère bénéficier d’une licence, s’apprête à franchir le même pas. D’où certains spéculent que ces fractions néoloyalistes auraient pour tâche de représenter les maronites au sein du prochain gouvernement, à l’exclusion de courants comme le PNL, les FL classiques, le courant aouniste, l’aile Gemayel ou le BN. Cependant, la Rencontre de Kornet Chehwane pour sa part pourrait se montrer attentiste et prudente. Ainsi, aucun communiqué n’a été publié à l’issue des agapes données à Tannourine par M. Boutros Harb. Ce qui permet d’ailleurs de penser qu’outre l’éloignement avec Moukhtara, la formation en question pourrait connaître des tiraillements entre ses modérés et ses durs.
Qu’est-ce qui fait courir M. Walid Joumblatt ? Pourquoi ce changement de cap à vue ? Comment et pourquoi ce leader de premier plan qu’aucune pression n’a pu faire plier en trois ans, renonce-t-il à la ligne critique adoptée depuis l’avènement du présent régime ? L’homme a un tel poids sur la scène locale que ce panel d’interrogations titille l’ensemble de la caste...