Vie politique - Berry adjure les Arabes de jouer de leur poids géostratégique pour imposer un règlement en Palestine - « La peau de l’ours » des nominations - ce soir en Conseil des ministres

Le Conseil des ministres doit en principe approuver aujourd’hui, au terme de laborieuses semaines de tractations, une procédure de nomination des fonctionnaires de la première catégorie et des doyens des facultés de l’Université libanaise. C’est ce qui ressort des déclarations enregistrées au cours des deux derniers jours dans les milieux politiques. Le président de l’Assemblée nationale Nabih Berry a confirmé hier que cette procédure – pourtant toute simple – a été arrêtée, et qu’elle sera probablement approuvée par le Conseil des ministres. Le chef du Législatif a tenu ces propos au siège du Parlement, avant d’être reçu à Baabda par le président de la République. «Mais ne vendons pas trop vite la peau de l’ours», a-t-il ajouté ironiquement. Selon M. Berry, cette procédure en trois temps prévoit d’abord que chaque ministre propose trois ou quatre noms de fonctionnaires pour le poste de directeur général de son ministère. Deuxième temps, le Conseil de la fonction publique donne son avis sur ces candidatures et, troisième temps, le Conseil des ministres procède aux nominations. On voit mal pour quelle raison cette procédure toute simple, prévoyant de recueillir les avis des principaux intéressés aux nominations, a pris tant de temps pour être mise au point. Dans les nominations, le Conseil des ministres tiendra compte du principe de la parité chrétiens-musulmans, ainsi que des trois autres principes de «compétence, d’expérience et d’équilibre». On ignore toutefois si le principe de l’occupation tournante des différents postes administratifs par des fonctionnaires de différentes communautés sera retenu, ou si des postes seront l’apanage exclusif de fonctionnaires appartenant à une seule et même communauté. Par ailleurs, le président de l’Assemblée a abordé avec le président Lahoud la question du développement de certaines régions déshéritées, comme le Akkar et Baalbeck-Hermel, appelant de ses vœux le déblocage des fonds nécessaires aux travaux de cadastre qui permettront aux cultivateurs d’entrer légitimement en possession de leurs terrains et d’obtenir les crédits bancaires nécessaires. Des projets d’irrigation et de construction de barrages de retenue d’eau sont également nécessaires, selon M. Berry. Insistant sur les difficultés de la vie quotidienne marquée par la récession et la pauvreté, M. Berry a déclaré, une fois de plus sur le ton de l’ironie, que «le gouvernement a de la chance que l’opinion soit toute occupée par l’affaire des nominations, et oublie momentanément les dures vérités de la crise économique, qui doivent avoir la priorité». M. Berry a par ailleurs déploré la passivité des Arabes qui laissent une fois de plus passer une occasion historique d’user de leur poids géopolitique pour réclamer leurs droits et ceux de la Palestine. «Mais l’occasion n’est pas encore tout à fait passée, et les Arabes demeurent une nécessité internationale», a-t-il ajouté. «Faute de réaliser leur manque de nerf et la facilité avec laquelle ils renoncent à leurs droits, de grandes secousses sont à prévoir au sein du monde arabe», a-t-il conclu.