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Actualités - CHRONOLOGIES

L’Alliance du Nord, une union de circonstance - qui ne fait pas de sentiments

En pilonnant les lignes de front des taliban, Washington semble désormais s’accommoder de l’Alliance du Nord, un partenaire réputé ne pas faire de sentiments dans cette «guerre contre le terrorisme». C’est en 1992, au cours des combats qui ont suivi la chute du régime mis en place par Moscou, que les membres actuels de l’Alliance du Nord se sont forgé une réputation de cruauté au fil des massacres, viols, tortures et bombardements aveugles de civils. Très implanté dans le nord du pays puisqu’il est dominé par les ethnies tadjike, ouzbèke et hazara, ce rassemblement est essentiellement une coalition hétéroclite faisant preuve de peu de solidarité et de confiance mutuelles, même si l’ennemi commun est en passe d’être chassé du pouvoir. Chaque faction poursuit des objectifs distincts et les rivalités internes ainsi que la faible implantation de l’Alliance dans les régions du sud du pays, où l’ethnie pachtoune est majoritaire, font douter de sa capacité à présenter une alternative crédible au régime des taliban. Le Pakistan, allié essentiel des Américains dans leur «guerre contre le terrorisme», a clairement fait savoir à Washington son opposition à un retour au pouvoir de l’Alliance du Nord. Également désigné sous le nom Front uni, l’Alliance du Nord est en gros divisée en sept factions y compris les groupes dissidents. Il y a tout d’abord les forces loyales au défunt commandant Ahmad Shah Massoud, surnommé le «Lion de la vallée du Panshir», qui a dirigé le gouvernement des moudjahidin entre 1992 et 1996. Constituant la plus grosse partie des forces du Front uni, les tadjiks du Panshir ont également pris la tête de l’Alliance actuelle et sont une fois de plus accusés de monopoliser le pouvoir, comme ils l’ont fait à Kaboul avant d’en être chassés en 1996. Après l’assassinat du commandant Massoud, une troïka de chefs tadjiks originaires de la vallée du Panshir a pris sa succession. Il s’agit du général Abdul Qassim Fahim, d’Abdullah Abdullah et de Younous Qanouni. Ces combattants ont été accusés d’avoir perpétré des massacres indiscriminés et d’avoir effectué des bombardements aveugles sur les zones civiles. Amnesty International avait aussi accusé les services secrets de Massoud, à l’époque où ils étaient dirigés par le général Fahim, d’avoir écrasé les testicules d’un dissident avec des tenailles. Fahim et le président de l’Afghanistan reconnu par l’Onu, Burhanuddin Rabbani, sont théoriquement les dirigeants de ce groupe mais, en pratique, ils sont sur la touche. Rabbani est de son côté entouré d’un petit groupe de fidèles principalement cantonnés dans le Badakhstan, dans le nord-est, et près de la localité de Mazar-i-Sharif. Le troisième groupe est le parti Jamiat-i-Islami, constitué autour d’Ismail Khan, jadis gouverneur de Herat d’où il a été chassé par les taliban en 1995. Par le passé, Khan a accusé les originaires de la vallée du Panshir de vouloir saper son autorité dans l’ouest et Khan semble aujourd’hui mener sa propre guerre autour d’Herat avec l’aide de l’Iran. Viennent ensuite les groupes ethniques Hazara, ainsi que la faction des musulmans chiites Hezb-i-Wahdat (Parti unifié) et Harakat-i-Islami (Mouvement islamique), eux-mêmes divisés en sous-factions. Ces groupes sont réputés pour leurs habitudes de viols, de pillages et d’assassinats. Enfin, et surtout il y a le célèbre général Abdul Rashid Dostam, d’origine ouzbèke et ancien seigneur de la guerre communiste, qui a dirigé le Nord de 1992 à 1997 et qui a la réputation de changer de camp lorsque le besoin s’en fait sentir. Le châtiment favori appliqué par le général Dostam consiste à écraser vif le coupable sous un char d’assaut et ses hommes ont été surnommés les «voleurs de tapis» en raison de leur propension au pillage.
En pilonnant les lignes de front des taliban, Washington semble désormais s’accommoder de l’Alliance du Nord, un partenaire réputé ne pas faire de sentiments dans cette «guerre contre le terrorisme». C’est en 1992, au cours des combats qui ont suivi la chute du régime mis en place par Moscou, que les membres actuels de l’Alliance du Nord se sont forgé une réputation de...