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Actualités - CONFERENCES ET SEMINAIRES

Débat - La Ligue maronite poursuit son cycle de conférences - Mgr Antoine Mourani évoque - la relation des chrétiens - avec le monde arabe

La Ligue maronite poursuit, à l’initiative de son président, l’émir Harès Chéhab, sa série de conférences qui a pour but de «promouvoir une culture qui permettra de mieux constituer une pensée politique profonde afin de guider les choix futurs, d’une part, et d’éveiller le sens du nationalisme libanais, d’autre part», comme l’a précisé M. Chéhab. Dans le cadre de ce cycle de causeries, Mgr Antoine Hamid Mourani a donné une conférence, au siège de la Ligue, sur le thème «Mon chemin personnel dans sa relation avec le monde arabe». Mgr Mourani s’est exprimé sur ce plan en des termes pour le moins philosophiques tout en suivant un raisonnement de type scientifique. Son intervention a pris la forme d’une série de réflexions sur l’arabisme, l’unité du Liban et le rôle des maronites et des chrétiens, d’une manière générale, dans cette partie du monde. Mgr Mourani a été présenté par M. Antonio Andari, membre actif de la Ligue maronite, comme un érudit, imprégné de philosophie, qui a choisi de se fonder dans sa «recherche de la vérité» sur son expérience personnelle. «En rédigeant mon livre sur L’Histoire des sciences chez les Arabes, je me suis trouvé en face du terme civilisation, souligne Mgr Mourani. Je me suis alors demandé si je devais écrire : «“La civilisation arabe” ou “notre civilisation arabe”», précise-t-il. Ethniquement, je ne me sens pas arabe, mais historiquement, je suis arabe”. Mgr Mourani a témoigné de sa vive satisfaction lorsque l’œuvre d’un «prêtre maronite libanais» – lui-même en l’occurrence- a été reconnue comme la meilleure sur l’histoire des sciences chez les Arabes. Evoquant son expérience personnelle d’intellectuel chrétien, Mgr Mourani souligne qu’il n’a pas encore trouvé de «définition aux concepts de l’arabisme et de l’unité libanaise». Il a relevé à ce sujet que l’unité libanaise apparaît dans les pouvoirs, les institutions et la répartition des fonctions au niveau de l’État. «Mais cette unité varie entre la troïka et l’éloignement des pouvoirs exécutif et législatif l’un de l’autre. Quant au pouvoir judiciaire, il a encore besoin de créer de nouvelles institutions et de renforcer son autorité, afin d’être réellement indépendant». Mgr Mourani a déploré sur ce plan la division de la société civile. «Je me pose une question d’ordre moral», a-t-il dit. «Est-il permis, après soixante ans de vie commune, que nous restions des îlots isolés, sans relation aucune ?(…) Nous avons hérité la démocratie et ses institutions de l’État mandataire. Mais le discours est-il le même chez les chrétiens et chez les musulmans ?» Mgr Mourani a en outre exposé sa recherche d’une définition de l’unité arabe. Après plusieurs tentatives, «j’ai constaté que le terme et le concept de l’unité arabe se rapportent à la logique aristotélicienne, et que nous nous trouvons face à un concept historique (...). L’unité du Liban en tant que société civile et l’arabisme sont deux notions fonctionnelles». Mgr Mourani a alors tenté de définir la notion de fonctionnalité aux niveaux libanais et arabe : «La fonction des sunnites était de sauvegarder les frontières maritimes des villes côtières, sous l’occupation turque. Cette fonction n’existe plus. Que serait-elle aujourd’hui ? (…) Le sunnite libanais exemplaire ne peut que se représenter et représenter sa fonction à partir de ce qu’il est, c’est-à-dire musulman. Nous trouvons aussi chez les chiites une base unique, à partir de la achoura, où se côtoient la douleur et le sacrifice. Ajoutons à cela les éléments de leur histoire au Liban et les causes qui leur ont permis de se distinguer». Mgr Mourani témoigne de sa grande difficulté à préciser la notion d’arabisme, mettant l’accent sur la nécessité de connaître chaque pays, parce qu’il estime que l’arabisme du Liban n’est pas celui de la Syrie, qui à son tour n’est pas l’arabisme de la Jordanie, etc . Commentant les propos du père Sélim Abou, recteur de l’Université Saint-Joseph, qui a qualifié de démarche idéologique l’appel à l’unité arabe et au nationalisme arabe, Mgr Mourani se pose la question suivante : «N’existe-t-il pas une base objective à l’arabisme et à ce qui l’entoure ? C’est ce à quoi il faudrait répondre». Il poursuit à ce sujet : «Quel rôle le Liban joue-t-il dans le monde arabe et entre les États arabes ? La culture du Liban est le subjectivisme critique dans le monde arabe». Mgr Mourani évoque, par ailleurs, les interrogations nouvelles qu’a suscitées en lui l’événement du sommet de la francophonie : «Il existe au Liban trois domaines culturels et linguistiques : arabe, français et anglais. Serions-nous donc perdus dans un éclatement culturel ? Ou bien pourrons-nous donner à ces trois domaines une place au sein d’une culture libanaise que domine l’unité ?» Mgr Mourani explique que, dans son livre Culture libanaise et francophonie, il n’a pu trouver de réponse à ces questions, mais qu’il ne fallait pas néanmoins les ignorer, car il s’agit de «questions d’existence» qui nécessitent des réponses urgentes. Faisant référence à son livre récent Une Espérance nouvelle pour le Liban, il déclare fermement qu’il ne croit ni dans les maronites, ni dans les orthodoxes ni dans les syriaques, mais en des «chrétiens arabes, travaillant avec les musulmans arabes pour bâtir un nouveau monde arabe (…). On ne peut dépasser la stagnation libanaise qu’à travers l’ouverture aux chrétiens arabes, afin qu’ils soient capables de bâtir ce monde commun». Lançant un appel à l’action, Mgr Mourani conclut : «Le courage d’innover et de surmonter les obstacles est bénéfique, même si je ne trouve pas, personnellement, de résultat ; ce n’est pas très important. L’important est qu’il existe dans ma vision une logique et une vérité».
La Ligue maronite poursuit, à l’initiative de son président, l’émir Harès Chéhab, sa série de conférences qui a pour but de «promouvoir une culture qui permettra de mieux constituer une pensée politique profonde afin de guider les choix futurs, d’une part, et d’éveiller le sens du nationalisme libanais, d’autre part», comme l’a précisé M. Chéhab. Dans le cadre...