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Actualités - ANALYSES

Taëf a montré ses limites - La révision de la Constitution de nouveau sur le tapis

En ces temps de pause politique forcée sur le plan intérieur, la réflexion reprend ses droits. Et l’on planche derechef sur ces vieux dossiers que sont les imperfections flagrantes de Taëf comme de la Constitution qui en est issue. À ce propos, une personnalité parlementaire de premier plan murmure en privé qu’il est grand temps de doter le pays d’un système moins bancal. En procédant à une modification de la loi fondamentale sans laquelle ni la réforme administrative ni le redressement économique ne pourraient être réalisés. Le vice-président de la Chambre, M. Élie Ferzli, n’est pas loin de partager cet avis. Ce témoin actif atteste en effet que le climat, vicié par les textes, reste malsain et nuit profondément au pays. Il cite plusieurs cas de dérives flagrantes, d’atteintes aux principes démocratiques les plus élémentaires, de vaines querelles byzantines, de rapports de force déviants, de comportements politiques aberrants. Pour conclure sobrement que le champ magnétique négatif qui domine la scène locale y empêche cette réconciliation nationale prévue dans le pacte conclu entre les Libanais pour mettre fin à la déperdition du pays. Mises à part les lacunes évidentes de Taëf, dont tout le monde se plaint, l’esprit de l’accord n’est lui-même pas respecté. C’est ce que confirment d’ailleurs les signataires du document qui se sont réunis pour publier un communiqué critiquant les pratiques en cours qui, à leurs yeux, sont autant d’atteintes au nouveau pacte national. De leur côté, des députés signalent que sur le plan technique il faut régler les mécanismes étatiques de façon à ce qu’ils fonctionnent sans empiètements de prérogatives, sans tiraillements entre les pouvoirs. Les rouages doivent être huilés, assurent ces sources, pour que le char de l’État puisse avancer sans cahots, sans prises de bec régulières entre les présidents, les ministres et autres pôles officiels. Autrement dit, et en bref, il faut mettre sur pied un État des institutions. Et de droit, car la loi doit surplomber tous les sites. La loi et surtout, comme dirait Montesquieu, cet esprit des lois qui reste le dernier souci des responsables. À preuve, poursuit le réquisitoire des parlementaires, qu’ils ne sont pas arrivés à régler la question des nominations administratives, pourtant urgente. Cette échéance a en effet donné lieu à des empoignades entre affamés du gâteau qui ont bloqué le processus. À défaut de réformer d’incorrigibles mentalités, les députés suggèrent donc que l’on révise les textes, entendre la Constitution. Oubliant un peu vite que lorsque le président Hraoui en avait parlé, ils s’étaient empressés de le contrer. Cependant, cette histoire appartient au passé et il n’est jamais trop tard pour bien faire. Ou, si l’on préfère, mieux vaut tard que jamais. L’élan actuel est donc louable en soi. Mais on peut douter qu’il puisse être suivi d’effet. Car, comme le dit l’adage, une main seule n’applaudit pas. Et, même, pour réformer le système, il faut un crépitement général. C’est-à-dire qu’il faut l’assentiment des décideurs pour commencer. Ensuite, l’agrément des différents pôles du pouvoir comme de la plupart des courants politiques. Ce qui est loin d’être acquis car certains, et pas des moindres, y perdraient les douteux privilèges obtenus à la faveur de l’application tronquée de Taëf. De plus, si beaucoup admettent la nécessité d’une correction de trajectoire, ils divergent vite entre eux quant à l’orientation qu’il faudrait lui imprimer. Les conflits d’intérêts gardent en tout cas le devant de la scène locale. Quoi qu’il en soit, pour le principe, les députés cités relèvent que la mission d’assainissement est du ressort du chef de l’État, catalyseur de l’unité politique du pays. À leur avis, le président Lahoud, en marge du dialogue qu’il entreprend avec les forces politiques, devrait nommer une commission d’experts pour établir un état des lieux constitutionnel et proposer des remèdes. Un parlementaire opposant suggère de son côté que les dirigeants se réunissent eux-mêmes en séminaire spécial, pour aplanir leurs différends de base et réhabiliter, en le modifiant au besoin, le document interprésidentiel, le programme de réforme complet publié en l’an de grâce 1996. Et jamais appliqué. Cependant les députés eux-mêmes pensent que de telles recommandations ont peu de chances d’aboutir. Ils en imputent la responsabilité au peu de goût que le chef du gouvernement manifeste pour les actions volontaristes. Critiquant M. Hariri, ces parlementaires affirment qu’il a tort de ne pas vouloir élaborer un plan quinquennal pour le redressement économique, comme le souhaitent les loyalistes proches du régime. Ils ajoutent qu’une telle démarche est nécessaire, notamment au niveau des privatisations. En relevant que jusqu’à présent on n’a dans ce domaine que des approximations plutôt fantaisistes, seul le ministre des Télécommunications, M. Jean-Louis Cardahi, ayant préparé un dossier solide pour son département.
En ces temps de pause politique forcée sur le plan intérieur, la réflexion reprend ses droits. Et l’on planche derechef sur ces vieux dossiers que sont les imperfections flagrantes de Taëf comme de la Constitution qui en est issue. À ce propos, une personnalité parlementaire de premier plan murmure en privé qu’il est grand temps de doter le pays d’un système moins bancal....