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Actualités - ANALYSES

Pressions contraires des USA et de la rue dans le monde arabe - Les régimes modérés pris entre l’enclume et le marteau

Les régimes modérés de la région se trouvent aujourd’hui dans une position pour le moins embarrassante. Ils sont sommés par les États-Unis de se ranger à leurs côtés, le président Bush ayant proclamé tout de go que «quiconque n’est pas avec nous est contre nous». Et ils doivent faire face à une rue exacerbée, largement hostile à Washington, accusé de partialité en faveur d’Israël. Un mouvement d’opinion marqué par une montée en puissance certaine de l’islamisme, comme on le voit au Pakistan. La guerre contre le terrorisme n’admet donc pas de neutralité. Il faut prendre parti. Soit pour la coalition qui lutte contre les organisations accusées de terrorisme. Soit contre elle. Au titre que l’on ne combat pas ce fléau par ses armes mêmes, en faisant des victimes innocentes, mais par le dialogue, en traitant les causes qui provoquent le mal. Cependant, un diplomate occidental en poste à Beyrouth relève que «les régimes modérés ont tout intérêt à rallier le camp de Washington. Car en luttant contre le terrorisme, ils se préservent eux-mêmes d’une déroute face à l’extrémisme islamiste qui cherche à les renverser». Cette personnalité fait de la sorte écho au Premier ministre britannique, M. Tony Blair, pour qui il semble clair qu’en cas de victoire, les taliban pourraient exporter leur système rigide aux autres nations de la région. D’où le slogan lancé par Ben Laden qui soutient que le conflit en cours ne porte pas sur le terrorisme, mais constitue une guerre entre les croyants et les infidèles. Un choc de civilisations, comme d’autres disent. En réalité, il s’agirait, selon le diplomate occidental cité, «d’une lutte entre les régimes démocratiques laïcs ou modérés et les théocraties intransigeantes. C’est une sorte de répétition de la guerre qui avait opposé le totalitarisme nazi au monde libre. Dans ce sens que l’on assiste de nouveau à l’affrontement de deux systèmes politiques sinon idéologiques. Mais on ne peut pas parler de guerre entre l’islam et les infidèles comme le fait Ben Laden. Car des pays profondément musulmans, comme le Pakistan, l’Indonésie, l’Égypte, l’Arabie séoudite ou l’Iran, se sont nettement prononcés contre le terrorisme, quelles que puissent en être la religion, la race ou l’origine géographique. Le terrorisme est en effet un mal qui peut provenir de n’importe quelle source, frapper toute nation, comme l’ensemble de l’humanité. Il existe certes des mouvements islamistes qui croient dans la violence. Mais il y a encore plus de forces islamiques qui ont foi dans l’ouverture sur les cultures différentes. D’ailleurs, la chrétienté présente également une minorité de fondamentalistes intolérants et une majorité de modérés prônant le dialogue universel, comme le pape le recommande. En fustigeant tout recours à la violence et en condamnant la lutte contre le terrorisme par le terrorisme». Le diplomate n’exclut pas qu’après la phase chaude actuelle, le monde «se retrouve plongé dans une longue guerre froide entre les régimes islamistes radicaux et les systèmes démocratiques, comme ce fut le cas pendant soixante-dix ans entre les pays communistes et les États capitalistes. C’est d’ailleurs peut-être ce que les Américains veulent dire quand ils affirment que la lutte contre le terrorisme prendra de longues années. Alors que l’on était venu militairement à bout du nazisme en six ans». Cette personnalité reconnaît ensuite que «pour éviter le danger d’imprimer faussement au conflit le caractère d’une guerre de religion, il faut un consensus sur le sens du terme terrorisme. Or l’Onu n’y est pas parvenue. De son côté, lors de sa récente réunion, l’Organisation de la conférence islamique n’a pas non plus apporté de définition précise. Elle s’est contentée en effet de souhaiter que l’Onu organise une conférence destinée à exprimer un rejet mondial du recours au terrorisme, dans le respect des souverainetés nationales comme des lois internationales, et à mettre au point un accord sur la signification concrète de ce vocable. En insistant sur le rôle primordial de l’Onu, qui devrait être la seule partie autorisée à mettre en inculpation un mouvement ou un État pour terrorisme. Dès lors, pour court-circuiter l’exploitation du facteur religieux par les extrémistes, il faut en pratique révéler les preuves qui étayent les accusations portées contre Ben Laden et son groupe au sujet des attentats du 11 septembre. Il faut surtout, répétons-le, définir le sens du mot terrorisme pour que les objectifs de la guerre soient clairement précisés, sans intentions cachées. Ce double effort doit être accompli avant l’entrée en vigueur, au début de l’an prochain, de la résolution numéro 1373 du Conseil de sécurité concernant le terrorisme. Ce texte en effet ouvre des brèches permettant de violer la souveraineté des États ou leurs lois, notamment par le gel de fonds ou d’avoirs économiques. Il autorise également des dispositions qui relèvent du chapitre sept de la charte de l’Onu, ce qui peut être très grave. Il est donc nécessaire que les choses soient clarifiées, afin que nul ne puisse procéder à des règlements de comptes sous couverture de la législation internationale. Cela étant, en aucun cas le terrorisme n’est justifiable. Ni par des considérations religieuses ni par le sentiment d’injustice que peut susciter la politique étrangère suivie par tel ou tel État. Il est également injuste, et gravement dangereux, conclut ce diplomate occidental, de se livrer à un amalgame entre l’islam et le terrorisme. Car cela ferait précisément le jeu des terroristes qui appellent à une guerre de religion».
Les régimes modérés de la région se trouvent aujourd’hui dans une position pour le moins embarrassante. Ils sont sommés par les États-Unis de se ranger à leurs côtés, le président Bush ayant proclamé tout de go que «quiconque n’est pas avec nous est contre nous». Et ils doivent faire face à une rue exacerbée, largement hostile à Washington, accusé de partialité en...