Arafat en porte-à-faux

L’Autorité palestinienne, qui a réagi avec prudence et embarras aux frappes américaines en Afghanistan, se trouvait hier en porte-à-faux avec une bonne partie de son opinion, comme en attestent les heurts meurtriers survenus à Gaza entre policiers et manifestants. Le président Yasser Arafat, qui, sous les pressions des États-Unis, a multiplié les efforts ces dernières semaines pour ramener le calme dans les territoires palestiniens, semble confronté à une crise politique majeure. Il s’est rendu au Caire, où il s’est entretenu dans la plus grande discrétion avec le chef d’État Hosni Moubarak de la situation créée par les frappes en Afghanistan et de leurs répercussions sur le Proche-Orient. La seule réaction officielle palestinienne à l’offensive déclenchée dimanche soir par les États-Unis et la Grande-Bretagne est venue du ministre de l’Information Yasser Abed Rabbo, qui a indiqué que les Palestiniens souhaitaient arrêter une position commune avec les pays arabes et musulmans. «Aujourd’hui, l’Autorité palestinienne étudie la question et nous espérons en débattre au Qatar avec d’autres États arabes et islamiques, avec lesquels nous espérons arrêter une position commune», a-t-il affirmé. L’autorité de M. Arafat avait déjà été bafouée par les mouvements intégristes palestiniens Hamas et Jihad islamique lorsqu’il avait décrété le 18 septembre un cessez-le-feu puis lorsqu’il avait conclu le 26 septembre un accord pour le consolider avec le chef de la diplomatie israélienne Shimon Peres. En dépit de ses ordres, les attaques anti-israéliennes ont continué de plus belle. Au Caire, M. Arafat a averti lundi que tout Palestinien qui violerait le cessez-le-feu avec les Israéliens serait arrêté. Mais les frappes américaines contre l’Afghanistan des taliban et contre le réseau terroriste d’Oussama Ben Laden l’ont mis dans une position encore plus grave.