Une manifestation antiaméricaine dégénère entre les étudiants islamistes et les policiers de l’Autorité - heurts interpalestiniens à Gaza : - deux tués et plus de 200 blessés

Deux Palestiniens ont été tués et plus de 200 blessés hier à Gaza dans des affrontements armés entre forces de l’ordre et étudiants islamistes après une manifestation contre les frappes américaines en Afghanistan, a indiqué la police. Les forces de sécurité ont été placées en état d’alerte maximale et ont reçu ordre d’interdire l’accès de la bande de Gaza aux étrangers, car leur sécurité ne peut être assurée contre d’éventuelles agressions après l’attaque américaine, a indiqué un responsable palestinien. Youssef Mohammed Bakr, 21 ans, un membre du mouvement intégriste Hamas du camp de réfugiés de Nousseirat, et Abdullah al-Franji, 13 ans, ont apparemment été tués par des tirs à l’arme automatique d’hommes aux visages masqués se trouvant parmi les manifestants, a précisé la police. Mais les manifestants ont accusé les policiers d’être responsables des tirs meurtriers. Après les funérailles de Youssef Bakr, des centaines de militants du Hamas se sont massés autour du poste de police de Nousseirat et ont fait exploser une bonbonne de gaz, provoquant un incendie dans une partie du bâtiment, selon des témoins. Dix-huit personnes ont été blessées dont cinq par des tirs. À Gaza, quinze policiers et six étudiants ont été blessés par balles, selon des sources de sécurité qui ont précisé qu’un policier et un étudiant étaient grièvement atteints. Au total, quelque 200 personnes ont été blessées, la plupart par des jets de pierres et des gaz lacrymogènes. Environ la moitié des blessés sont des policiers, selon des sources hospitalières. Des centaines d’étudiants de l’Université islamique de Gaza sont sortis de l’établissement pour manifester leur opposition aux frappes américaines en Afghanistan. Mais les manifestants ont été bloqués à 300 mètres de l’université par la police qui avait déclaré la manifestation illégale. Des policiers ont chargé à coups de matraques et tiré des grenades lacrymogènes et des coups de feu en l’air, déclenchant des échauffourées et des jets de pierres des étudiants. Puis certains étudiants ont ouvert le feu déclenchant des représailles armées de la police, selon des témoins. Des manifestants ont ensuite mis le feu aux bureaux de l’aviation civile palestinienne, à deux postes de police et à des voitures de police, a-t-on ajouté. La police palestinienne a empêché les photographes et journalistes présents de rendre compte des affrontements. Par ailleurs, des militants du Hamas et d’autres mouvements intégristes se sont réunis dans plusieurs mosquées de la ville et ont lancé des slogans contre la police. D’autres ont attaqué des policiers en tenue à l’hôpital al-Chifa, selon des témoins. Dans la journée, les principaux mouvements islamistes palestiniens, le Hamas et le Jihad islamique, ont violemment condamné les frappes militaires américaines en Afghanistan, qui relèvent, selon eux, du «terrorisme international». «Nous condamnons cette agression américaine contre la nation afghane et la considérons comme la consécration de la politique terroriste internationale», a déclaré Ismaïl Hania, haut responsable du Hamas dans la bande de Gaza. «Cette politique terroriste internationale, dirigée par les États-Unis contre des nations faibles et tuant des musulmans, s’étendra à d’autres pays arabes et musulmans», a-t-il ajouté. Les frappes américaines «susciteront à coup sûr la haine des pays musulmans contre les États-Unis», a-t-il poursuivi. Même son de cloche chez le Jihad islamique. «Nous ressentons de la peine à la suite de cette attaque contre un pays musulman et cette peine est d’autant plus grande quand nous constatons que la communauté internationale adopte la politique de deux poids deux mesures», a déclaré Nafez Azzam, responsable du Jihad dans la bande de Gaza. Pour être conséquente avec elle-même, a-t-il dit, la communauté internationale devrait agir «de la même manière (qu’en Afghanistan) en ce qui concerne la question palestinienne, pour mettre fin à l’agression israélienne».