Kes kon fe ce soir ?, - ou le nouveau français

Kes kon fe ce soir ? L’important ce n’est pas la sortie en elle-même, mais plutôt comment l’organiser. Aujourd’hui, avec le coût des communications du téléphone mobile et voyant nos unités s’évaporer aussi vite que l’argent de nos porte-monnaie, on a recours à de nouveaux moyens plus économiques : les SMS, ou messages écrits, envoyés de portable à portable, ou de sites Internet à portables. Avec la mode des SMS naît un nouveau français. Sa caractéristique : le moins de caractères possibles. Il faut pouvoir dire le maximum sans dépasser le nombre de signes limités (160 signes en tout). Les adeptes des SMS ont donc recours aux abréviations. D’abord on utilise celles qui sont correctes, notamment ns, pr, ds, vs, tjrs... Mais aussi, on invente une autre sténographie avec ses nouvelles abréviations. Par exemple, pour ne pas écrire «qu’est-ce que» qui comprend 13 caractères, on rédige un tout petit KESKE qui n’en comprend que 5, soit moins que la moitié du terme de base. Et ainsi de suite. Lorsqu’il s’agit d’économiser, on déborde de créativité ! «C» à la place de «c’est», PASKE pour «parce que»... Ce qui est encore plus original dans ce nouveau mode de communication, c’est que la réponse à un SMS n’est pas toujours un autre message écrit. Elle vient souvent en missed-calls (MC), ou appels en absence. Le message inclut donc, après une question posée : «1MC si c’est oui (à la question posée), 2MC si c’est non et 3MC si c’est peut-être». Le nouveau français ne se limite pas aux utilisateurs de SMS, mais s’étend aux «chatteurs» qui passent leurs soirées branchés sur Internet. Là, c’est plutôt pour aller plus vite qu’on essaie d’écrire le moins de caractères possibles, en éliminant toutes les règles grammaticales et en oubliant tous les dictionnaires. Ce n’est plus par manque d’espace mais par manque de temps… Et pour le côté pratique. La fameuse question fétiche qui engage la conversation dans les discussions sur Internet se limite à 3 lettres: a/s/v ? (âge ? sexe ? ville ?). Le manque de temps se conjugue au manque de tact et de galanterie... À quand les propositions de mariage les moins romantiques par SMS ? « Tu mepouz ? 1MC si oui, 2MC si non. Je t’m ».