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Actualités - BIOGRAPHIES

Joe Diverio : - Cette fois-ci c’est vraiment - « Beyrouth Addio ! »

Il est venu, parti, revenu, avec, à chaque fois, le même attachement pour un pays qui le lui rendait bien et le même arrachement. Mais après les jours heureux sont venus des jours de grande déception. Et comme toute histoire d’amour qui finit par finir et qui finit plutôt mal, Joe Diverio et le Liban se quittent. Il s’en va retrouver son Italie natale pour recommencer une nouvelle vie… Encore une fois. Qui a vraiment quitté l’autre ? Serait-on tenté de demander. «J’étais revenu au Liban en 1993 dans l’espoir de rattraper le parfum d’antan, sentir que le pays demeure ce pont entre l’Orient et l’Occident ; je n’ai plus retrouvé cela». Joe Diverio est amer. À la veille de son grand départ fixé pour la première semaine d’octobre, les valises sont entièrement bouclées ou presque. Traînent les souvenirs de plus de trente années de vie commune, réunies dans un album précieux, «toute ma vie est là-dedans» Tout, le succès, les honneurs, les rencontres, les concerts, les CD, les émotions et, des Caves du Roy au Diverio, le parcours d’un joyeux troubadour qui entraînait derrière lui une foule de noctambules heureux. Traînent encore dans son restaurant Diverio, aujourd’hui fermé, comme abandonné, des assiettes sales, des verres à moitié vidés, des cendriers encore pleins, presque chauds, et un silence bavard. Le lourd silence d’après l’ivresse, d’après la fête. Le piano est poussé, calé dans un coin, recouvert d’un drap pour le protéger de la dangereuse poussière du temps, les chaises et les tables sont alignées, inutiles ; les photographies des soirées folles qui sont encore affichées sur le panneau ne sourient plus vraiment. Joe, également, ne sourit plus vraiment. «Mon attachement pour le Liban est clair et n’a pas à être justifié ; il existe depuis toujours. J’ai vécu ici plus que chez moi ! Mais je ne me retrouve plus dans ce pays. Même les gens que j’ai connus – et ils sont nombreux, on en ferait un bottin – ont changé. Le respect et les valeurs se perdent». La déception grandissante a déteint jusque sur son métier, «qui est d’abord un divertissement ; je me dois d’être de bonne humeur, d’avoir la tête tranquille. Même mon visage a pris une autre expression ces derniers temps». Sa difficile décision de partir «voir ma mère, surtout, et me lancer un nouveau défi qui servira à me prouver que si l’Italie m’a perdu de vue, je peux encore lui donner quelque chose», cette décision est venue le démanger petit à petit, jusqu’à se transformer en impatience, en nécessité puis en évidence. «Parfois il faut prendre une décision drastique, la mienne s’est imposée suite à une accumulation de données, des messages qui m’arrivaient plus ou moins chaque jour. Je me disais “Inchallah boukra, demain les choses iront mieux !” Mais ça traînait, la situation générale empirait». Décision prise donc, et nouvel adieu – définitif ?– du plus Libanais des Italiens. «Rien n’est définitif sauf la mort», a-t-il répondu au président Lahoud, lorsqu’il s’en est allé lui tirer sa dernière révérence. Et pour les autres, les amis qui comptent, une soirée sera organisée le jeudi 4 par son complice et également chanteur Jo Cambar au Rétro. «J’ai besoin de dire au revoir aux Libanais, sans pour autant couper le cordon ombilical». Ce soir-là, il chantera une dernière fois sesplus grands succès, Lisa Lisa, Vedrai Ho capito che ti amo et, bien sûr, l’incontournable Beyrouth Addio, en insistant sur ces deux phrases, confessions d’avant le départ, «Beyrouth adieu, je te quitterai, mais je souffrirai, Beyrouth adieu, je reviendrai…»
Il est venu, parti, revenu, avec, à chaque fois, le même attachement pour un pays qui le lui rendait bien et le même arrachement. Mais après les jours heureux sont venus des jours de grande déception. Et comme toute histoire d’amour qui finit par finir et qui finit plutôt mal, Joe Diverio et le Liban se quittent. Il s’en va retrouver son Italie natale pour recommencer une nouvelle...