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Actualités - CHRONOLOGIES

Les jeunes de Gaza remontent en première ligne - pour l’anniversaire de l’intifada

Une fronde dans la main droite et dans l’autre un portrait d’Abou Ali Moustapha, le chef du Front populaire de libération de la Palestine (FPLP, gauche radicale) assassiné en août par l’armée israélienne, Nidal monte au front. «Je suis venu pour marquer la première année de l’intifada», explique ce jeune de 16 ans, au «carrefour des martyrs», haut lieu de la première intifada (1987-1993) puis des débuts de la deuxième, où des dizaines de jeunes Palestiniens sont tombés sous les balles israéliennes tirées du bunker qui commande la route de la colonie juive de Netzarim (nord de la bande de Gaza). Nombre de jeunes du camp de réfugiés de Nousseirat, quelques kilomètres plus au sud, où une manifestation en faveur de la poursuite de l’intifada vient de se terminer, déferlent vers la position, dont l’armée israélienne a, dès les premiers mois de l’intifada, nivelé les abords, rasant immeubles et vergers environnants. Deux chars et plusieurs Jeeps contrôlent à présent les environs. À découvert, les jeunes frondeurs taquinent de tirs trop lointains les invulnérables mastodontes, qui ripostent ou avancent à l’occasion, précipitant les assaillants sous la précaire couverture des arbres subsistant en bordure de la route. Soudain, ils rompent les rangs à l’arrivée d’une voiture chargée d’eau, se disputant les précieux récipients sous le soleil implacable. «Demain, on séchera l’école pour venir ici dès 6 heures du matin participer à la manifestation», annonce un jeune. En ce vendredi, jour d’affrontements par excellence, l’anniversaire de l’intifada a ressuscité le choc, naguère quotidien, entre lanceurs de pierres palestiniens et militaires israéliens, emblématique du soulèvement. Les médias officiels palestiniens consacrent la totalité de leurs programmes à cette commémoration. La télévision diffuse des reportages sur les «martyrs», les blessés, les destructions de maisons ou de terres agricoles, illustrant le lourd tribut versé par la société palestinienne. L’appel des Forces nationales et islamiques, coalition de l’ensemble des mouvements palestiniens, à observer trois minutes de silence et d’arrêt total de la circulation semblait pourtant avoir rencontré peu d’écho dans la bande de Gaza. La population vaquait à ses occupations habituelles du vendredi, jour férié. Le long du rivage de Gaza, les habitants profitent de l’un des derniers jours de plage. À Khan Younès (sud de la bande de Gaza), les participants à une autre manifestation pour la continuation de l’intifada, partis à l’assaut d’une position militaire israélienne défendant les accès de la colonie juive de Névé Dékalim, se sont rapidement dispersés sous les gaz lacrymogènes et les tirs. Dans un communiqué, les Forces nationales et islamiques proclament leur intention de «poursuivre l’intifada jusqu’à la fin de l’occupation israélienne». «Nous appelons notre peuple à continuer l’intifada et la résistance», indiquent les mouvements palestiniens. Après les premiers mois de mobilisation populaire, les différents groupes armés ont repris en main le soulèvement, passé de l’âge de la pierre à celui du mortier. À l’est de la ville de Gaza, près du point de passage de Karni, principal terminal routier à destination d’Israël et zone de friction permanente, un père corrige sans ménagement son fils adolescent, qui lui a désobéi pour participer aux heurts avec les soldats israéliens, retranchés dans une tour enveloppée de treillage. Mais la sinistre noria des ambulances prouve l’inanité de cette démarche. Des dizaines de jeunes ont été blessés par balles aux abords de Karni, l’un des rares théâtres d’affrontements où, du côté palestinien, le fusil automatique n’ait pas supplanté la fronde.
Une fronde dans la main droite et dans l’autre un portrait d’Abou Ali Moustapha, le chef du Front populaire de libération de la Palestine (FPLP, gauche radicale) assassiné en août par l’armée israélienne, Nidal monte au front. «Je suis venu pour marquer la première année de l’intifada», explique ce jeune de 16 ans, au «carrefour des martyrs», haut lieu de la première intifada...