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Actualités - CHRONOLOGIES

Attentats - « Coopération exemplaire des autorités locales », selon le consul à New York - Réactions mitigées à l’encontre des Libanais vivant aux USA

Les attentats du 11 septembre ont surpris le peuple américain. À New York, à Washington, comme partout ailleurs aux États-Unis, on est encore sous le choc des images, des mots et des discours virulents appelant aux représailles. Pour certains, les Arabes sont responsables. Les réactions ne se sont pas fait attendre. Dès le lendemain des attentats, des agressions ont été rapportées, visant des personnes à l’allure moyen-orientale. La communauté libanaise n’a pas été épargnée, elle non plus, par ces incidents. Interrogé par L’Orient-Le Jour, le consul libanais à New York, Hassan Najem, affirme que ces réactions ont touché l’ensemble de la communauté arabo-musulmane, dont des Libanais. Mais elles ne doivent pas être amplifiées a-t-il dit. «On nous a rapporté des cas d’insultes adressées à des Libanais dans la rue, des menaces inscrites sur des bouts de papier, accrochées aux portes de leurs magasins et entreprises, leur signifiant qu’ils étaient indénitables», raconte M. Najem. Les réactions les plus violentes ont été enregistrées les premiers jours qui ont suivi les attentats, les Américains ayant réagi à chaud, alors qu’ils étaient encore dans un état de choc, souligne le diplomate. La tension a nettement diminué par la suite, a-t-il ajouté. «Tout a commencé lorsque les premières accusations ont visé le Moyen- Orient. La réaction a visé tout Arabe et tout musulman quel qu’il soit», a précisé M. Najem. Face à l’effervescence populaire qu’elles avaient parfois du mal à contenir, les autorités locales ont cependant fait preuve d’une sagesse exemplaire, en demandant à ce que tout abus soit immédiatement rapporté, a en outre indiqué le consul. Amine Haddad, un oto-rhino-laryngologiste qui se trouvait aux États-Unis au moment de la catastrophe, donne pour sa part une autre version, estimant que les réactions américaines ont été dans l’ensemble dignes et fidèles, à l’image d’une peuple désorienté certes, mais toujours courtois et digne jusqu’au bout. M. Haddad, qui participait à un congrès médical à Denver, était accompagné de plusieurs médecins du Proche-Orient. «Il y a eu la réaction de l’homme de la rue, qui consistait à venir nous demander systématiquement notre opinion sur la situation. Il y avait en outre ceux qui, inévitablement, nous lançaient des regards noirs, dès qu’ils constataient, à la couleur de notre peau ou à notre langue, que nous étions du Proche-Orient». Amine Haddad distingue toutefois un autre type de réactions qu’il relève parmi la catégorie des plus instruits, «ceux qui ne comprenaient pas ce qui leur arrivait et qui se demandaient pourquoi certaines personnes leur vouaient tant de haine. Est-ce qu’ils en veulent aux libertés et à la démocratie dont jouissent les Américains ? Telles étaient essentiellement les principales interrogations que se posaient ces gens», témoigne-t-il. Pour le Dr Haddad, l’idée d’aller vers l’autre, de vouloir en savoir plus pour essayer de comprendre les mobiles qui ont pu nourrir autant d’animosité chez les instigateurs des attentats, reflète bien ce qu’il appelle la «grandeur américaine». «L’important, dit-il, c’est qu’ils se posent les bonnes questions et je crois qu’ils sont sur la bonne voie». Le problème des noms Beaucoup plus pénible fut l’attitude de certains agents de la sécurité, poursuit le médecin. Un de ses collègues a été retenu par le FBI à cause de son nom et parce qu’il avait fait escale à Boston quelques jours avant les attentats, «pour des entretiens professionnels». «Il avait ce qu’ils appellent un profil suspect». À la porte d’embarquement, Amine Haddad et ses collègues observeront une attente de près de quatre heures et demie pour les besoins de l’inspection. «Dans le salon de l’aéroport, les agents du FBI nous ont fixé droit dans les yeux pendant dix bonnes minutes. Mais ils sont restés polis et professionnels jusqu’à notre départ». Les expériences qu’ont connues les Libanais aux États-Unis n’ont pas toujours été vécues aussi positivement. Comme l’exemple de cet urologue qui a vu dernièrement annuler plusieurs de ses opérations. Ou encore cette jeune étudiante qui préparait conjointement son mémoire avec une étudiante américaine. Celle-ci a refusé de poursuivre ses travaux de recherche avec elle au lendemain des attentats. Par ailleurs, un étudiant libanais a été battu par ses camarades à l’université. Bref, les exemples sont nombreux, mais, paradoxalement, New York est la ville qui a le moins connu ce type d’incidents, témoignent certains Américains d’origine arabe, probablement à cause de son caractère cosmopolite. «C’est à Detroit que l’on a relevé le plus grand taux de harcèlement», fait remarquer M. Najem, qui relève que, récemment, la situation s’est nettement améliorée. «À la suite des déclarations faites par le président Bush à l’intention des communautés sikh et musulmane pour tenter d’enrayer la montée de la violence, et après sa visite à une mosquée, les incidents relevés ont relativement baissé», a affirmé le consul. Il indique en outre que la campagne publicitaire lancée par le gouvernement libanais dans la presse US en signe de sympathie avec le peuple américain a profondément impressionné l’opinion publique (voir encadré). «J’ai également pris contact avec les universités du New Jersey, de Boston et de New York pour essayer d’empêcher que des incidents de ce genre ne se répètent à l’avenir», a-t-il dit, en faisant allusion à l’étudiant qui a été tabassé. Pourtant, des incidents isolés continuent d’être rapportés, visant surtout des Séoudiens. Il y a quelques jours, les passagers d’un avion ont refusé de voyager en compagnie d’un ressortissant séoudien. Le FBI est intervenu en sa faveur, expliquant aux voyageurs qu’il s’agissait d’une personne dont la réputation est irréprochable. Rien n’y a fait. Les passagers ont maintenu leur position. «À New York, c’est une ambiance de guerre qui sévit, témoigne un jeune avocat d’origine libanaise. Hier (jeudi), des barrages de sécurité ont été dressés dans toutes les rues de la ville. New York n’est plus la même», a-t-il ajouté. Les Américains ont désormais peur. Les Arabes aussi. Mais le dialogue n’est certes pas interrompu.
Les attentats du 11 septembre ont surpris le peuple américain. À New York, à Washington, comme partout ailleurs aux États-Unis, on est encore sous le choc des images, des mots et des discours virulents appelant aux représailles. Pour certains, les Arabes sont responsables. Les réactions ne se sont pas fait attendre. Dès le lendemain des attentats, des agressions ont été...