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Actualités - CHRONOLOGIES

Esbat el-Ansar - La justice traque la bande d’Abou Mahjane - Vingt-cinq prévenus passibles de la peine capitale, - confirme la Chambre de mise en accusation

Il faut battre le fer pendant qu’il est chaud. Au lendemain du «wanted» lancé par Washington contre Esbat el-Ansar, la formation du présumé terroriste palestinien d’Aïn el-Héloué dit Abou Mahjane, l’État libanais confirme qu’il combat de fait le terrorisme. Par le biais d’un arrêt, tout à fait opportun, rendu hier par la Chambre de mise en accusation (président M. Michel Abou Arraje, assesseurs MM. Walid Chaabane et Abbas Geha), qui confirme que 25 prévenus sont passibles de la peine capitale. Seize d’entre eux sont sous les verrous et les 9 autres toujours en fuite. Cet arrêt vient à la suite de l’assassinat du leader des Ahbaches, cheikh Nizar Halabi. Et surtout, à la suite de la bataille rangée livrée par l’armée dans le «jurd» de Dennyé aux éléments d’une formation extrémiste connectée à Ben Laden. Qui a perdu 15 hommes et un officier dans l’affrontement, tandis que nombre de villageois innocents tombaient, victimes des activistes, dont la plupart ont été tués. Cette affaire a été déférée devant la Cour de justice. L’acte d’accusation publié en août dernier par le premier juge d’instruction du Mont-Liban a donc été entériné hier. Il porte sur des crimes d’assassinats, d’explosions, de vols imputés à Esbat el-Ansar. Parmi les inculpés, 9 Palestiniens, Hachem Mohammed Attrache, Saad Mohammed Mosbah Chamyé, Oussama Ryad Hassan, Mahmoud Mounour Khayat, Nabil Hussein Abou Kheir, Chéhadé Toufic Jawhar, Mahmoud Husni Moustapha, Youssef Hassan Kayed, Mohammed Mahmoud Abou Sikkineh ; un Syrien, Mohammed Ahmed Kaakati. Les 15 Libanais sont Ahmed Mohammed Hananya, Nabil Rakane Yaacoub, Ghassan Nabih Samra, Marwan Mohammed Sayyed Ahmed, Mohammed Osman Nasser, Mohammed Mahmoud Rawass, Jamal Aref Jouydi, Youssef Ibrahim Moghnyeh, Samer Maarouf Chami, Mohammed Abdel Rahman Arifi, Yasser Ibrahim Masri, Bilal Abdel Kader Rawass, Naïm Mohammed Ali Awada, Mohammed Youssef Zaatari et Ezzeddine Khalil Moslemani. Des aveux des éléments capturés, il ressort que les crimes étaient planifiés à Aïn el-Héloué par Abou Mahjane, par son frère dit Abou Tarek et par d’autres cadres de l’organisation. Les exécutants devaient effectuer une série de cambriolages, récoltant des centaines de millions de livres libanaises, soi-disant pour aider les familles des éléments tués à Dennyé lors des affrontements avec l’armée. Ils ont surtout avoué avoir assassiné des dizaines de personnes soupçonnées d’être à la solde d’Israël ou d’être des informateurs de l’État libanais. Ils ont de même reconnu avoir commis plusieurs attentats terroristes aux explosifs à des fins d’intimidation terroriste. Fait divers À l’origine, un simple fait divers en apparence. La Sûreté d’État avait dépisté une bande de malfaiteurs qui remettaient une partie de leur butin à Esbat el-Ansar. La première capture, effectuée le 16 janvier dernier, avait été celle de Hachem Mohammed Attrache, remis par la suite aux SR de l’armée. Blessé à la main lors d’un casse nocturne de 710 millions de LL, le 10 février 2000 à la banque Byblos, Ghaziyé, il avait été soigné à l’hôpital Hamchari. Lors de son interrogatoire, il a avoué avoir participé au cambriolage de la banque Byblos et à bien d’autres, toujours de nuit, dont ceux du siège du tribunal chérié sunnite de Saïda et de la société fer et ciment Limco dans la même ville. Il a pu de la sorte s’acheter un magasin, où il entreposait des munitions de guerre et une voiture. Il a dénoncé ses complices : les Palestiniens Saad Chamyé, Youssef Kayed et Oussama Hassan ; les Libanais Ahmed Hananya, Ghassan Samra et Bilal Rawass. Il a précisé que Saad Chamyé avait remis une partie des fonds volés à Esbat el-Ansar, par le biais d’un propriétaire palestinien de marbrerie, Nabil Ayoub. Entrant dans les détails, Attrache a indiqué que c’est Chamyé qui avait proposé le cambriolage au tribunal chérié du bureau de Zouheir Awada, où des sommes se trouvaient consignées. Attrache, grimpant sur le toit d’un pick-up, avait atteint une fenêtre dont il avait descellé les barreaux. Chamyé l’avait rejoint pour lui indiquer le bureau à voler, avant de reprendre le guet au-dehors. Opérant avec un pied-de-veau, Attrache avait fracturé les tiroirs, piqué de l’argent et des chèques. Puis il avait visité un autre bureau. Le butin s’est monté à 3 millions de LL. Que Chamyé a décidé de distribuer. De la liste, Attrache retient les noms de Bilal Rawass, Ahmed Hananya, Ghassan Samra, Oussama Hassan. Un mois et demi plus tard, ce groupe a raflé à la société Limco 4 500 dollars et des chèques qu’il a brûlés. Les butins se révélant assez maigres une fois partagés, Chamyé a préparé le cambriolage de la banque Byblos à Ghazzyé, concomitant au domicile de Kayed qui disposait d’un plan des lieux. Ils ont tenté d’ouvrir une brèche dans un mur mais n’y ont pas réussi. Ils ont alors utilisé un chalumeau à oxygène pour percer une plaque métallique sur le toit. En ce faisant, Attrache s’est blessé et s’est fait transporter à l’hôpital Hamchari. Après s’être fait panser, sous un faux nom, il est retourné auprès de ses complices. Qui se sont introduits dans les locaux par le toit, en utilisant une échelle. De nouveau le chalumeau, pour percer le coffre, mais le feu a détruit une partie des papiers qui s’y trouvaient. Le coup a quand même rapporté 230 000 dollars américains. La part d’Attrache n’a été que de 8 000 dollars, 130 000 dollars étant confiés à un marbrier palestinien, Nabil Yaacoub, et une part réservée à Esbat el-Ansar. Après la libération du Sud, le groupe a entreposé des caisses de munition dans le magasin acheté par Attrache pour 7 000 dollars. Lui-même s’est procuré une voiture volée et un pistolet, qu’il a confiés à Yaacoub lorsqu’il a voyagé aux Émirats. Cambriolages et assassinats Le 30 janvier dernier, la Sûreté d’État a mis la main sur Chamyé, remis aux SR de l’armée. Et le fil sérieux a commencé à se dévider. Car l’homme a avoué non seulement des cambriolages mais aussi sa participation à des assassinats. Il a donné les noms des éléments qu’il a connus par l’organisation, le Libanais Youssef Moghnyé, cadre du Jihad islamique, et le Palestinien Youssef Kayed notamment. Ils ont commis des attentats terroristes aux explosifs dans la région de Saïda. Sous la supervision d’Abou Mahjane et de son frère Abou Tarek, qui leur faisaient suivre à Aïn el-Héloué des séances d’endoctrinement et d’entraînement aux armes. En 1998, avec Moghnyeh et Mohammed Nasser, ils ont piégé la voiture de Afif Zabadini, une Toyota, mais la charge n’a pas sauté. Cinq mois plus tard, ils ont abattu un chauffeur de taxi palestinien, Kamal Akl, que Moghnyeh prétendait être un agent israélien. C’est parce qu’il était un indicateur de la police libanaise que Bassam Hammoud a été ensuite la cible désignée par Moghnyeh. Mais l’embuscade à la kalachnikov qu’ils lui ont tendue a échoué. Moghnyeh avait cependant planifié plusiurs attentats, visant notamment le frère du député Moustapha Saad, Oussama, ainsi que Zakarya Arabi, Mohammed Rifahi, Khaled Oja et Ahmed Masri. Plus tard, on a tenté de faire sauter aux explosifs Abou Hamza, cadre militaire du Jihad islamique. Moghnyeh, qui devait se rendre à Chypre, a demandé à ses hommes de surveiller Jamal Abou Dib, du Fateh, qu’il soupçonnait d’avoir voulu tuer Abou Hamza. Trois semaines plus tard, nouvelle tentative d’assassinat à la voiture piégée et Abou Dib y a perdu ses jambes. Puis Moghnyeh s’est rabattu sur le cyanure pour tuer Khaled Oja, dont le corps a été jeté à la mer. Plus tard, ils ont lancé une grenade sur un café appartenant à un Halabi et l’explosion a fait plusieurs blessés graves. Deux femmes ont été abattues par Yasser Masri sur ordre de Moghnyeh, qui n’est cependant pas arrivé à faire assassiner Mohammed Rifahi, malgré plusieurs essais. La bande volait entre-temps des voitures et des canots à moteur. Moghnyeh a projeté le kidnapping de la fille du président de la municipalité de Saïda, pour le racketter. Les criminels ont accumulé les forfaits et ont notamment volé des dons sociaux faits par Mme Bahia Hariri. Ils ont fait sauter la voiture d’un membre de la famille Mesto qui avait eu une altercation avec Mohammed Rawass. Ils ont lancé une grenade sur des ouvriers syriens en bisbille avec Rifahi, pour en faire accuser ce dernier. Qu’ils ont finalement réussi à atteindre, pour le blesser gravement, également avec une grenade à main. Ils ont même voulu l’achever par le même moyen à l’hôpital où il était soigné, mais n’ont pu arriver jusqu’à sa chambre. Et ils ont essayé d’assassiner un rebouteux, Riad Bizri. Ils ont abattu, sur ordre de Moghnyeh, un vendeur ambulant, Abboudi Dimassi, parce qu’il était homosexuel. Ils ont tué une femme sous les yeux de son mari, un Égyptien, à Saïda. Ils ont dynamité un supermarket, une pharmacie et la maison de Khaled Chehadé. Ils ont tenté de faire sauter un véhicule du PSP et une décharge à proximité d’une permanence de ce parti. Au cours d’une rixe, Youssef Moghnyeh a été atteint à la jambe par un Akacher, sur lequel il a fait tirer par la suite, le blessant grièvement. Ce sont de ces crimes de terrorisme ou de droit commun que les inculpés, reliés à Esbat el-Ansar, doivent répondre. Mais le gros poisson, Abou Mahjane, qui est inculpé dans des actes plus graves en termes politiques ou sécuritaires, n’est toujours pas accessible au bras de la justice libanaise.
Il faut battre le fer pendant qu’il est chaud. Au lendemain du «wanted» lancé par Washington contre Esbat el-Ansar, la formation du présumé terroriste palestinien d’Aïn el-Héloué dit Abou Mahjane, l’État libanais confirme qu’il combat de fait le terrorisme. Par le biais d’un arrêt, tout à fait opportun, rendu hier par la Chambre de mise en accusation (président M....