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Actualités - CHRONOLOGIES

Francophonie - La menace de report plane sur le sommet prévu du 26 au 28 octobre - Salamé : Le Liban est prêt et la décision - finale sera annoncée très bientôt

«Jusqu’à présent, le terme de report n’a pas été prononcé. Nous n’avons reçu aucune demande officielle en ce sens et il n’y a aucune raison, sécuritaire ou administrative, pour que le sommet de la francophonie ne se tienne pas à la date prévue à Beyrouth». Assailli par des dizaines de journalistes, Ghassan Salamé s’est voulu rassurant, sans être tout à fait convaincant. Le ministre de la Culture est bien trop au fait de la situation internationale pour ne pas se préparer à toutes les éventualités. Même s’il a tenu à préciser hier qu’officiellement, il n’y a encore rien de concret au sujet du report. «Quoi qu’il en soit, a ajouté un Salamé moins à l’aise que d’habitude, le IXe sommet de la francophonie se tiendra à Beyrouth et toutes les activités prévues dans ce cadre auront lieu à la date fixée». La liesse de février dernier, lorsque, devant un parterre de journalistes tout excités, le ministre de la Culture annonçait l’ouverture de l’année de la francophonie, est désormais bien loin. Hier, c’était plutôt une atmosphère de tristesse, comme à l’approche d’une mauvaise nouvelle, qui régnait dans la salle de conférences du ministère. Même le ministre, pourtant passé maître dans l’art de s’adresser aux médias, semblait plutôt gêné. Le Liban sera prêt dès la semaine prochaine Il a toutefois tenu à donner cette conférence de presse pour calmer un peu les esprits à la suite des nouvelles sur le report du sommet parues dans la presse d’hier. Devant des journalistes qui s’attendaient au pire, Salamé a développé sept points qui résument à ses yeux la situation actuelle. «D’abord, a affirmé le ministre, le Liban est un pays sûr et accueillant. La situation y est stable et aucun facteur sécuritaire ne risque d’entraver ce sommet. Deuxièmement, tous les préparatifs logistiques, diplomatiques et administratifs ont été achevés. Le Liban est prêt à accueillir le sommet dès la semaine prochaine. Troisièmement, le Conseil des ministres n’a pris (jeudi) aucune décision de report (contrairement à ce qui avait été annoncé dans certains médias) et le président Lahoud a simplement informé les ministres qu’il a reçu un coup de fil du secrétaire général des Nations unies dans lequel M. Annan évoquait une possibilité de télescopage dans les dates du sommet et de l’Assemblée générale des Nations unies, initialement prévue pour le 25 septembre mais reportée en raison des attaques du 11 septembre». Salamé a ensuite ajouté que les contacts avec le secrétariat général de l’OIF (Organisation internationale de la francophonie) et les pays concernés sont permanents et si, pour des raisons d’agendas, le sommet devait être reporté, il se tiendra quand même au Liban, à une date ultérieure. Selon le ministre, depuis le 11 septembre, le Liban observe la situation internationale et suit avec intérêt les décisions de report concernant d’autres rencontres internationales, comme celles du FMI, de la Banque mondiale, de la FAO et même des pays du Commonwealth, lequel, selon le ministre, est la structure qui ressemble le plus à celle de la francophonie. Les activités culturelles maintenues En tout cas, quel que soit le sort de ce sommet, les activités culturelles, scientifiques et autres de l’année de la francophonie sont maintenues, a déclaré Salamé, alors que les préparatifs du sommet arabe, qui doit se tenir fin mars à Beyrouth, vont bon train. Le ministre aurait préféré s’en tenir à cette déclaration, laissant les journalistes tirer leurs propres conclusions. Mais ceux-ci ne l’entendaient pas de cette oreille. Les questions se sont multipliées, mais les réponses sont restées ambiguës. Selon le ministre, l’annonce du report, si report il doit y avoir, devrait venir de l’État libanais, tout comme l’annonce de l’invitation au sommet. La décision sera prise par le Liban, à la suite de contacts avec le secrétaire général de la francophonie et les pays influents dans cette organisation. En réponse à plusieurs questions, Salamé a précisé que le Liban n’a reçu aucune demande écrite de report. A-t-il dans ce cas entendu des vœux informels dans ce sens ? Le ministre a éludé la question, pourtant insistante, répétant qu’à ce jour, il n’y a eu aucune demande officielle de report. De toute façon, il faut suivre la situation internationale, ainsi que le sort de plusieurs rencontres internationales prévues dans un proche avenir. Ce qui est sûr, c’est que si le report a lieu, «ce ne sera nullement parce que le Liban n’est pas prêt pour le rendez-vous ou bien pour des raisons de sécurité». Le dialogue des cultures plus utile que jamais Pourtant, n’est-ce pas que maintenant plus que jamais, le monde a besoin d’une telle rencontre, qui se tiendrait dans un pays arabe et aurait pour thème le dialogue des cultures ? Le ministre n’est pas loin de partager cette opinion. «C’est vrai qu’aujourd’hui, le dialogue des cultures est plus utile que jamais. Beaucoup de gens devraient d’ailleurs apprécier le sens de la prévision des Libanais, qui avaient choisi ce thème pour le neuvième sommet de la francophonie». Salamé a profité de l’occasion pour critiquer la thèse de Samuel Huntington sur le choc des civilisations, thèse aujourd’hui reprise par de nombreux analystes pour expliquer ce qui se passe. «C’est une théorie très dangereuse, tout comme celle d’une prétendue supériorité occidentale. Justement, ce sommet est destiné à faire face à des glissements de langage de ce genre, que nous avions déjà devinés bien avant le 11 septembre. Les cultures et les civilisations sont des viviers. Elles ne peuvent se heurter, ce sont les États, les individus, les groupes et les organisations qui le font». Salamé a encore déclaré que la décision définitive sur le sort du sommet devrait être annoncée au cours des prochains jours. Selon certaines sources, un communiqué officiel devrait être publié mardi pour, probablement, annoncer le report. Mais le ministre insiste : le neuvième sommet aura bel et bien lieu au Liban. Et si l’organisation de la francophonie passe directement au dixième ? Salamé juge cette éventualité impossible, même si, chez les personnes présentes à la conférence d’hier, la tendance est au pessimisme. Personne ne croit vraiment à un report dû au seul chevauchement de dates. Après tout, les 55 pays membres de l’OIF font aussi partie des Nations unies. Ils représentent même le tiers des membres de cette organisation et peuvent, s’ils le souhaitent, demander un décalage de quelques jours de l’Assemblée générale, d’autant que, dans ce cas, il y a déjà eu un premier report et que la nouvelle date n’a pas encore été annoncée. Alors, pourquoi le sommet de la francophonie pourrait-il être reporté ? Hier, certains analystes laissaient entendre que les Américains – qui déjà ne voient pas d’un très bon œil l’OIF – ne seraient pas très chauds pour la tenue d’un tel sommet dans un pays arabe dans les circonstances actuelles, sans compter le fait qu’aujourd’hui, il serait quelque peu risqué d’accueillir un sommet réunissant 55 chefs d’État ou délégations de haut niveau… En tout cas, le Liban a fait de son mieux, le reste ne dépend plus vraiment de lui.
«Jusqu’à présent, le terme de report n’a pas été prononcé. Nous n’avons reçu aucune demande officielle en ce sens et il n’y a aucune raison, sécuritaire ou administrative, pour que le sommet de la francophonie ne se tienne pas à la date prévue à Beyrouth». Assailli par des dizaines de journalistes, Ghassan Salamé s’est voulu rassurant, sans être tout à fait...