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Actualités - OPINIONS

Le mépris, la méprise

C’est triste à dire, mais on s’amuse. À d’incroyables relances tactiques. Alors que le monde est en train de basculer dans ce siècle religieux prédit par Malraux. C’est-à-dire, forward (and for war) to the past, de s’en retourner aux ténèbres du Moyen Âge, des croisades et des djihads. À cette double différence que les laves du napalm remplacent le feu grégeois. Et que l’appel aux armes des fidèles, ou des infidèles, ne vient plus des minarets ou des beffrois. Mais des politiciens, espèce rarissime dans les temps anciens. Ainsi Berlusconi. Ainsi Joumblatt, qui du reste connaît bien l’Italie. Les deux côtés, droite et gauche, d’un même, d’un douteux combat. Une logique identique, d’autant plus déplorable ou néfaste qu’elle procède de manœuvres ponctuelles. Soit qu’on cherche à se poser en champion d’une vérité déterminée, au moment même où toutes les vérités ne sont pas bonnes à dire. Soit qu’on veuille couvrir ses arrières extérieurs, pour mieux continuer à l’intérieur sur une voie contraire. Une telle démarche se trouve favorisée par cette phase dangereuse de déliquescence post mortem que le terrorisme, aveugle et invisible, impose aux offensés, incapables de rendre immédiatement la gifle. Entendre au monde entier, toutes valeurs confondues en un même partage de vie et d’humanité. Choc des civilisations ou des races ? Les scientifiques, les historiens en sursautent d’un effroi bizarrement amusé. Pour eux, en effet, il est absurde, il est monstrueux d’oublier le peu de chose, et c’est déjà trop dire, que nous sommes. Tous ensemble. Un enfant peut le comprendre : sur un segment d’un mètre représentant le parcours de l’univers depuis le big-bang, le curriculum vitæ de l’espèce humaine – il n’y en a pas deux – se limite à un millionième de micron. Un souffle, de dragon, peut l’effacer. On dira que ces vues de l’esprit n’ont rien à voir avec les réalités paradoxales de l’anthropocentrisme qui régit tous les horizons culturels en ce bas monde. Et conduit l’homme à occulter son destin de mortel éphémère. Pour progresser. Mais, justement, à partir d’un certain point de connaissance comme de technologie, il n’est plus possible de se leurrer, de se nourrir de fausses idées relativistes, d’illusions mortelles. Ou de bluffer. En clair, au stade nucléaire actuel, nul ne doit être autorisé à jouer avec le feu. Même pas ceux qui n’ont sous la main que des flammèches. Entre ce qu’on peut et ce qu’on ne peut plus éructer, dans sa rage d’être à part, toute méprise est désormais interdite. Parce qu’elle serait mortellement stupide. Le mépris de l’autre, c’est l’appel au vide. Et au suicide.
C’est triste à dire, mais on s’amuse. À d’incroyables relances tactiques. Alors que le monde est en train de basculer dans ce siècle religieux prédit par Malraux. C’est-à-dire, forward (and for war) to the past, de s’en retourner aux ténèbres du Moyen Âge, des croisades et des djihads. À cette double différence que les laves du napalm remplacent le feu grégeois. Et...