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Actualités - COMMUNICATIONS ET DECLARATIONS

Le jeune aouniste raconte à « L’Orient-Le Jour » ses heures de détention - Tony Orian : L’oppression renforce notre détermination

Tony Orian se réhabitue petit à petit au train-train quotidien. Le jeune aouniste, surveillant au Collège des Frères-Mont La Salle, a été relaxé jeudi après 45 jours de détention à Roumieh pour avoir distribué le bulletin hebdomadaire de l’ancien Premier ministre, le général Michel Aoun, le 5 août, sous le pont de Dora. «Nous étions 5 à distribuer le tract, lorsque nous avons vu trois camions de l’armée nous encercler. J’ai aussitôt jeté en l’air tous les bulletins», raconte-t-il, sourire aux lèvres. Il est ensuite «maîtrisé par les militaires et emmené dans un Rio». Orian raconte ensuite son parcours, d’un poste de l’armée à un autre, trois en tout, jusqu’au palais Noura, où il est interrogé par un colonel qui veut lui faire signer un papier selon lequel il s’engage à renoncer à toute activité politique. «Si vous signez, vous sortez», promet-il à Orian et à ses compagnons. Ils refusent. «Vous êtes en train de gâcher vos vies», rétorque le colonel. Le lendemain, Orian est emmené au Tribunal militaire devant lequel il doit comparaître le jour suivant. C’est là qu’il apprend que des rafles ont été menées contre les militants aounistes et Forces libanaises et que le général Nadim Lteif et Toufic Hindi font partie des personnes arrêtées. Devant les juges qui l’accusent, selon lui, «d’avoir distribué des tracts portant atteinte à l’armée et au Liban», le jeune aouniste se défend. «Ils sont en train de porter atteinte à la souveraineté, à l’indépendance et à la libre décision du Liban», rétorque-t-il. Orian affirme également qu’il est illégal de l’arrêter «pour distribution d’un bulletin qui a déjà été publié dans les journaux». «D’ailleurs, ce bulletin ne fait que décrire une réalité politique», ajoute-t-il, déclenchant la colère du magistrat. Il est condamné par contumace. À la libération du général Lteif, le 21 août, sachant bien que sa relaxation n’est pas prévue, Orian entame une grève de la faim. «J’ai été placé dans une cellule isolée pleine de cafards, avec un trou pour les ablutions qui n’avait, semble-t-il, pas été nettoyé depuis longtemps. On a voulu me punir d’avoir pris cette initiative», poursuit-il. «Puis, les pressions ont commencé», raconte le jeune aouniste. «Les soldats allaient et venaient derrière la porte en métal. Ils ouvraient la lucarne et me disaient : “Ta mère est en train de mourir à cause de toi, et toi seul peut lui sauver la vie”. Puis ils s’en allaient, mais je ne répondais jamais. Plus les jours passaient, et plus je sentais une énergie nouvelle, une foi immense croître en mon for intérieur», confie-t-il. «Au bout de quelques jours, j’ai commencé à vomir du sang. L’un des gardes m’a trouvé en train de suffoquer et il a donné l’alarme. On m’a transporté à l’hôpital de Dahr el-Bachek», affirme Orian. «En dépit de ma résistance, ils ont réussi à me mettre sous perfusion. Je me souviens, malgré la torpeur dans laquelle j’étais, que les médecins étaient alarmés. Les résultats des tests devaient être très mauvais», poursuit-il. Il refuse de mettre fin à sa grève, malgré les interventions de ses proches et de sa mère, qui s’inquiètent de voir sa santé décliner. «Mon but était de briser un tabou, de réunifier tout le monde, à l’extérieur. J’avais foi en mon action, et je savais que quelque chose allait se produire», dit-il. C’est après diverses médiations de ses visiteurs, notamment celle du responsable de l’association Solide, Ghazi Aad, avec qui il a une conversation sur le sens du sacrifice, qu’il accepte de se nourrir à nouveau. «J’ai fait une hémorragie quand je me suis remis à manger. Mais un capitaine-médecin a décidé, après examen, que je devais quand même être ramené à Roumieh», ajoute-t-il. Il doit passer des examens dans quelques jours pour s’assurer qu’il est bien remis. Tony Orian se dit prêt «à tout recommencer pour lutter contre les forces des ténèbres». «Lorsque j’ai vu, à Roumieh, les attaques sur les États-Unis, les images de répression, de tabassages et de bombardements me sont revenues en tête. Nous sommes toujours victimes du terrorisme, qui se traduit par l’émigration des jeunes, la famine et les enlèvements collectifs d’étudiants», souligne-t-il. Et de noter que «de la répression et des ténèbres jaillit nécessairement la lumière». Selon lui, «le terrorisme ne durera pas. La seule constante, c’est le progrès. La violence et la haine ne servent à rien, notre force est dans la non-violence à la Gandhi». Et de conclure, en adressant un message aux FL : «Nous sommes plus que jamais dans le même camp aujourd’hui, victimes du même mal et de la même occupation».
Tony Orian se réhabitue petit à petit au train-train quotidien. Le jeune aouniste, surveillant au Collège des Frères-Mont La Salle, a été relaxé jeudi après 45 jours de détention à Roumieh pour avoir distribué le bulletin hebdomadaire de l’ancien Premier ministre, le général Michel Aoun, le 5 août, sous le pont de Dora. «Nous étions 5 à distribuer le tract, lorsque...