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Vendredi 14 septembre, il est midi dans toutes les capitales du monde occidental, et trois minutes de silence sont observées pour les milliers de victimes de l’inexprimable horreur qui a secoué les USA trois jours plus tôt. Des images sur une chaîne de télévision française montrent des milliers de Français, d’Anglais, d’Allemands, d’Italiens se recueillir en silence, dans la rue, dans le métro, dans les grands magasins, dans les supermarchés. Trois minutes la tête baissée, les yeux remplis de larmes, le cœur gros, les Européens ont exprimé leur solidarité, leur peine, leur douleur. J’était bouleversée par cette manifestation silencieuse mais ô combien démonstratrice de sens éthique, de modernité, de civilisation. Changement de décor : sur cette même chaîne française, un reporter sonde l’opinion libanaise, une femme entre deux âges, flattée aux larmes qu’on lui demande (enfin) son avis sur quelque chose, répond avec force que «c’est bien fait pour eux... Et toc !» La honte ! Pour des milliers de télespectateurs, c’est l’opinion publique libanaise qui est représentée par cette réplique stupide et naïve. Pour les quelques milliers de Libanais qui ont pu réagir comme moi à ces images, c’est la triste confirmation d’appartenir encore à cette partie du monde que l’on qualifie poliment de pays en voie de développement. En voie, vraiment ?