Courrier - La guerre métaphysique

On nous dit que c’est la guerre du Bien contre le Mal, de la démocratie contre la tyrannie, de l’Occident civilisé contre l’Orient obscurantiste. On nous a aussi dit que c’est la croisade, la guerre des religions, l’affrontement des civilisations. On a tout dit sauf que : 1 – Oui, une des parties en conflit est une forme radicale, dévoyée d’une religion, l’islamisme intégriste. Dans cet univers théologique absolutiste qui ne connaît aucune nuance, Dieu est tellement présent qu’il n’y a plus de place pour l’homme. 2 – En face que trouvons-nous ? Non pas une religion mais une forme radicale, extrême, dévoyée de la culture européenne. La culture techno-financière, cette idéologie de fin de millénaire, est l’aboutissement ultime de la sécularisation. Dans l’univers implacable et absolutiste de ses représentations, l’homme est tellement présent qu’il n’y a plus de place pour Dieu. Ce n’est là ni une croisade ni un affrontement des civilisations, mais c’est probablement une guerre métaphysique où risque de se dérouler le plus effrayant des face-à-face, l’homme et Dieu dans leur absolutisme respectif le plus radical. Il s’agit d’un combat entre des représentations mentales de Dieu et de l’homme, une guerre d’images, en somme une guerre de virtualités, une guerre très moderne. Jadis, les systèmes religieux ont organisé les relations de ces deux absolus entre eux au travers de points de passage, de corps intermédiaires. Il en fut de même des nations et des empires. La globalisation actuelle s’est tellement acharnée contre toutes ces instances de la «médiation» que les insoupçonnables énergies du psychisme humain peuvent aujourd’hui se libérer. Plus rien ne retient Dieu et l’homme. Le XXIe siècle promet d’être chaud. Docteur en médecine USJ