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Actualités - CHRONOLOGIES

USA-Liban - Hariri recommande à Bush de s’intéresser de plus près à la relance du processus de paix - Washington communique à Beyrouth - les conditions d’adhésion à la coalition antiterroriste

L’ambassadeur des États-Unis au Liban Vincent Battle a assuré hier que le Liban ne figure pas au nombre des pays qui soutiennent le terrorisme, mais qu’il existe au Liban «des organisations qui figurent sur la liste américaine des organisations terroristes». Le diplomate a invité le gouvernement libanais et les pays de la région à se joindre à la large coalition antiterroriste que Washington cherche à former. C’est «depuis longtemps» que le gouvernement américain a remis «au Liban et à la Syrie une liste comprenant les noms des organisations considérées comme terroristes», a rappelé M. Battle, qui a affirmé que son pays cherche «à mettre au point une méthodologie pour combattre le terrorisme». «Nous savons que ce terrorisme a l’appui de certains États et qu’il est international, qu’il utilise les banques et qu’il s’est beaucoup renforcé grâce à ces réseaux», a-t-il précisé. Tout en plaidant pour le point de vue de Washington, le diplomate a considéré comme «très important que le gouvernement et le peuple américains comprennent ce que les peuples de la région affirment» au sujet des attentats du 11 septembre et a indiqué que son pays a reçu les appuis de l’ Organisation de la conférence islamique (OCI), de la Ligue arabe, de l’ Otan, du Conseil de sécurité et de nombreux gouvernements et Parlements au Moyen-Orient. Par ailleurs, M. Battle s’est déclaré satisfait des informations fournies par le gouvernement libanais au sujet de Ziad Jarrah, qui figure, selon le FBI américain, sur la liste des auteurs présumés des attentats du 11 septembre aux États-Unis. À l’issue d’une journée fertile en rencontres, le diplomate américain a été reçu par le chef du gouvernement Rafic Hariri, auquel il a remis un message de son gouvernement, ainsi qu’une copie d’une lettre en sept points comportant les conditions préalables à toute adhésion à la coalition antiterroriste que George Bush s’emploie à mettre sur pied (voir encadré). M. Battle avait remis, le matin même, l’original de cette lettre à M. Zouheir Hamdane, secrétaire général du palais Bustros. Hariri : Aller plus loin Au cours de l’entretien, le chef du gouvernement a attiré l’attention de l’ambassadeur américain sur la nécessité, pour Washington, d’accorder la plus grande attention à la relance du processus de paix au Moyen-Orient, parallèlement à son action en faveur d’une coalition internationale antiterroriste. M. Hariri a insisté sur la nécessité d’une réévaluation totale du processus en question, à la lumière des résolutions internationales 242, 338 et 425, ainsi que du principe de la paix en échange de la terre. «Qui peut imposer à Israël un cessez-le-feu comme celui qui est entré en vigueur aujourd’hui (hier) devrait agir pour que l’on aille encore plus loin», a affirmé M. Hariri à son interlocuteur. Le chef du gouvernement, apprend-on, avait adressé des messages aux pays membres du Conseil de sécurité et à la Communauté européenne, faisant valoir que «le Liban est victime du terrorisme israélien». Auparavant, M. Battle avait successivement rencontré le vice-président de la Chambre Élie Ferzli, le vice-président du Conseil Issam Farès, le chef du Parti socialiste progressiste Walid Joumblatt, le secrétaire général du ministère des Affaires étrangères et enfin le directeur des affaires politiques au palais Bustros Nagi Abi Assi. Dans une déclaration à la suite d’un entretien avec le secrétaire général du ministère libanais des Affaires étrangères Zouheir Hamdane, M. Battle a déclaré : «Comme vous le savez, la liste des organisations terroristes est mise à jour tous les ans aux États-Unis et il y a au Liban des organisations qui figurent sur cette liste». «Nous effectuons des concertations avec les pays de la région et nous leur demandons des suggestions et leur coopération pour éradiquer le terrorisme», a-t-il ajouté. M. Battle a remis à M. Hamdane l’original de la lettre en sept points communiquée par les responsables du département d’État à M. Farid Abboud, ambassadeur du Liban à Washington, ainsi qu’aux ambassadeurs d’Égypte, de Syrie, de Jordanie, du Koweït, d’Algérie ainsi qu’au représentant de l’OLP à Washington. Le Liban a accusé réception de cette lettre au ton relativement péremptoire, mais prendra son temps avant d’y répondre officiellement, assure-t-on de source informée. Des concertations libano-syriennes au sujet de ces conditions précèderont très certainement toute réponse libanaise, car sa mise à effet signifie, pour le Liban, une déclaration de guerre contre le terrorisme, ce qui devrait soulever de vives oppositions internes, compte tenu des divergences entre Washington et Beyrouth sur la définition même de ce qui est «terrorisme». Et la source de souligner que si le Hezbollah figure sur la liste américaine des organisations terroristes, pour le Liban, ce parti est une organisation de résistance qui, même s’il se situe dans une mouvance religieuse iranienne, est critique envers le régime des taliban et a toujours nié avoir effectué des opérations antiaméricaines ou anti-israéliennes dans le monde, à l’exception des attaques menées contre l’armée israélienne qui occupait le Liban-Sud. On rappelle que le Hezbollah avait commenté les attentats antiaméricains en «regrettant la mort d’innocents partout dans le monde». Certes, M. Battle a fait l’éloge, devant les responsables libanais, des combats menés contre le groupe intégriste se réclamant d’Oussama Ben Laden qui avait pris le maquis à Denniyé, fin 1999, ajoute-t-on de même source, mais les divergences profondes au sujet de certains des symboles de la résistance, comme les auteurs des attentats contre le siège de l’ambassade américaine à Aïn Mreissé et Aoukar, dont les noms figurent sur une liste de 27 personnes recherchées par les États-Unis pour activités terroristes, fait obstacle à un rapprochement total ou à une adhésion du Liban à la coalition en gestation. La liste, précise-t-on, comprend des noms d’hommes de religion. Elle remonte à très loin et évoque des incidents aussi lointains que l’assassinat de l’ambassadeur américain Francis Melloy et le détournement du Boeing de la TWA. Le président Émile Lahoud avait réitéré lundi sa «condamnation des actes terroristes, quels qu’ils soient», tout en soulignant «la nécessité d’établir une différence entre ces actes et ceux de la résistance dont le but est de libérer la terre de l’occupation».
L’ambassadeur des États-Unis au Liban Vincent Battle a assuré hier que le Liban ne figure pas au nombre des pays qui soutiennent le terrorisme, mais qu’il existe au Liban «des organisations qui figurent sur la liste américaine des organisations terroristes». Le diplomate a invité le gouvernement libanais et les pays de la région à se joindre à la large coalition...