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Actualités - ANALYSES

Réforme - Les velléités d’assainissement du système jetées aux orties - Les désignations administratives en butte aux vicissitudes du partage entre pôles d’influence

Le redressement économique passe par la réforme politique et administrative. Qui est elle-même conditionnée par une épuration des mœurs politiques, sinon du système. Mais en pratique, on le constate depuis des lustres, cet anneau est aussi un cercle vicieux. Pour assainir un tant soit peu les finances publiques, le gouvernement actuel se déclare résolu à mener la réforme administrative à bien. En commençant, indique-t-il, par le pourvoi des postes vacants de première et de deuxième catégorie. Afin d’éviter cette fois les effets pervers du partage traditionnel entre pôles d’influence, les trois présidents ont conclu un gentlemen’s agreement. Au terme duquel ils s’engageaient à laisser les organismes de contrôle, en leur adjoignant trois sommités reconnues, trier les candidats en base de critères de compétence, de probité et de rendement. Le choix pouvant se faire en outre dans certains cas, pour assurer la qualité requise, en dehors du cadre administratif. En bout de course, le comité ad hoc aurait proposé au Conseil des ministres pour chaque poste vacant trois postulants pour qu’il en retienne un. Une procédure censée éliminer la tare du clientélisme. Mais cette formule nouvelle de désignations a été suspendue. Car elle a fait l’objet d’un recours devant le Conseil constitutionnel qui doit se prononcer sur sa légalité. Aussi, sans attendre le verdict, le gouvernement a décidé de se passer des lumières des organismes de contrôle. Et de procéder, sous prétexte d’urgence, aux nominations. Par les voies habituelles, c’est-à-dire par le sas de la troïka. Avec la résurgence des vieux problèmes de partage. Comme le montre la tentative avortée de mise en place d’un nouveau train de doyens au sein de l’Université libanaise. Le décret préparé à cet effet, qui devait être promulgué il y a quelques jours, a dû en effet être gelé à cause de différends entre les dirigeants. En effet, le président Nabih Berry a cru de son devoir de poser son veto à la désignation de certains doyens virtuels chiites ne relevant pas de sa propre mouvance. Le rectorat de son côté a fait opposition à certains noms proposés. Et le Hezbollah a exigé pour sa part que la liste comprenne des cadres originaires de la Békaa. Face à ce tohu-bohu, le chef de l’État a préféré ne pas signer le décret attendu, qui devrait dès lors subir de sérieuses retouches. Bien que toutes les parties eussent convenu qu’en aucun cas la compétence des intéressés n’était mise en cause… On a de même vu que l’urgence prétextée par le gouvernement pour reprendre les déplorables vieilles habitudes n’a empêché ni le report de la désignation de nouveaux membres du conseil d’administration du Conseil national de la recherche scientifique, après la démission du Dr Nagib Abouhaïdar. Ni le gel de la mise en place d’un président et d’un conseil d’administration pour l’Institut national de l’administration. À cause des querelles autour des noms proposés qui sont : Tanios Halabi, directeur général de l’Éducation, président ; Alya Mobayyed, diplômée de l’ENA, vice-présidente ; Jamal Zaïm Mounajjed, ancien de l’ENA, directeur général ; Adel Hamiyé et Walid Nakib, membres. Aux côtés de deux autres diplômés de l’ENA, Farid Meschaka et Robert Fadel. À dire vrai, aucun de ces noms ne compte parmi les protégés de l’un ou l’autre des trois présidents. Mais certains de ces candidats ont fait l’objet, malgré leur évidente compétence, de fermes objections. De la part, dit-on, de M. Berry et de quelques membres du cabinet. Une protestation, sans nul doute bien plus légitime, a été également émise par le ministre d’État pour les Affaires du développement administratif, M. Fouad es-Saad, qui n’a tout simplement pas été consulté sur la liste avancée, alors qu’il est le ministre concerné au premier chef par de telles désignations. Au stade actuel, quelques substitutions sont suggérées et l’on cite dans ce cadre le nom de Sami Barakat, ancien inspecteur des Finances, et d’un ancien magistrat, Abbas Halabi, devenu directeur de banque. Parallèlement, on relève que le cas des fonctionnaires mis à disposition, c’est-à-dire qui touchent leurs traitements pour se tourner les pouces, reste toujours pendant. Et que les surnuméraires abondants de l’Information ne sont toujours pas déférés, pour mutation, devant le Conseil de la Fonction publique. Dans tous les services, du reste, les clientélistes et les parasites s’accrochent à leurs émoluments. Et la compression des dépenses somptuaires, promise pour atténuer le déficit budgétaire, demeure une simple fiction. Bref, la preuve est maintenant faite que la volonté de changement manifestée au niveau de la mentalité politique ambiante n’était que paroles en l’air.
Le redressement économique passe par la réforme politique et administrative. Qui est elle-même conditionnée par une épuration des mœurs politiques, sinon du système. Mais en pratique, on le constate depuis des lustres, cet anneau est aussi un cercle vicieux. Pour assainir un tant soit peu les finances publiques, le gouvernement actuel se déclare résolu à mener la réforme...