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Actualités - ANALYSES

La cause palestinienne et la résistance en balance - Le Liban hésite à intégrer la coalition antiterrorisme

Le Liban hésite, reconnaissent les responsables, à répondre présent à l’appel US pour une coalition mondiale contre le terrorisme. Ce fléau, peu de contrées en ont éprouvé les morsures autant que ce pays, qui a connu quinze ans de guerres, toutes, finalement, plus terroristes les unes que les autres. Mais comme tous ses partenaires arabes, le Liban tient à avoir l’assurance qu’il n’est pas question de confondre résistance légitime et terrorisme. Comme le font volontiers les Occidentaux en général et les Américains en particulier. Dont l’une des bêtes noires reste notoirement le Hezbollah. Tout est dit de la sorte. D’autant que les alliés, Européens ou autres, de Washington dans la guerre du Golfe tergiversent maintenant avec un bel ensemble. Et posent carrément des conditions pour rejoindre le club que les États-Unis veulent fonder. En précisant, notamment, que la cible doit être bien identifiée, preuves solides de culpabilité à l’appui. Et en ajoutant, pour certains, qu’il n’est pas question de débordements sur l’Irak, le Soudan, l’Iran ou la Libye. Pour d’autres, que le leadership opérationnel américain devrait être purement militaire et ponctuel. Une façon de dire que les visées US concernant une lutte polyvalente et planétaire, sous leur égide, contre le terrorisme ne recueillent pas l’aval du concert des nations, ni même de ses plus proches alliés comme la Grande-Bretagne, l’Allemagne ou la France. Ce qui signifie en clair qu’il y a très peu de pays disposés à remettre aux Américains les clés d’un leadership total leur permettant, par exemple, de prendre des mesures d’ordre économique, judiciaire ou financier partout où cela leur chante. C’est ce qu’ici même le ministre de l’Information, M. Ghazi Aridi, a exprimé en déclarant que les demandes US sont irrecevables parce que «les États ne sont pas disposés à se transformer en parquets appliquant les consignes des services de renseignements américains». D’une manière générale, les capitales sollicitées prient Washington d’éviter toute précipitation, de n’agir qu’à bon escient. Et de bien calculer les retombées des frappes éventuelles contre l’Afghanistan. Dont la proclamation préventive de jihad en cas d’attaque américaine a suscité des échos favorables auprès des masses, au Pakistan comme dans la plupart des pays arabes. En tout cas, c’est en base d’évidentes remarques, sinon des réticences du camp arabe, que le ministre séoudien des Affaires étrangères, l’émir Séoud el-Fayçal, va s’expliquer dans les prochains jours avec l’Administration Bush à Washington. De source diplomatique informée, on confirme que le prince va expliquer à ses interlocuteurs que même leurs amis de la région sont plutôt réfractaires à une riposte violente pouvant allumer des foyers d’incendie ici ou là. Ce n’est en effet un secret pour personne : ces régimes arabes américanophiles ne sont pas en phase avec leurs populations respectives qui, pour leur part, reprochent amèrement aux USA de soutenir Israël. Comme il se trouve que la confrontation dans les Territoires est à son paroxysme, que les Palestiniens subissent le martyre, l’opinion islamique et arabe est actuellement extrêmement sensibilisée par rapport à la partialité traditionnelle de Washington en faveur de l’État hébreu. Le discours est partout le même : horreur totale devant les attentats de Manhattan et du Pentagone ; mais les souffrances du peuple palestinien, soumis tous les jours au terrorisme israélien, ne doivent plus rester ignorées. Dans le même esprit, à Beyrouth, des officiels relèvent en privé que «lorsque ce malheureux pays était la proie des agressions comme des actes terroristes d’Israël qui massacrait et détruisait à volonté, le monde ne bronchait pas. Certains pays qui se disent soucieux des droits de l’homme observaient un silence complice, quand ils n’approuvaient pas ouvertement les crimes d’Israël. Les États-Unis ont rarement réfréné cet État sur lequel ils ont tant d’influence. Et ils ont au contraire condamné la résistance légitime d’un peuple occupé, en réclamant la neutralisation du Hezbollah». «Même ainsi, souligne ce cadre, nous nous sommes acquittés de ce qui était demandé sur le plan de la lutte contre le terrorisme. Nous avons été les premiers à frapper, à Dennyé, une cellule active relevant de la Kaeda d’Oussama Ben Laden. Notre armée a perdu des martyrs dans cette opération. Les activistes extrémistes ont été liquidés ou appréhendés, pour être traduits en justice. Bien sûr cela nous a valu une campagne de dénigrement de la part de certaines forces politiques locales. Pour autant nous n’avons reçu aucun soutien à cette occasion de la part des Occidentaux». Dès lors, ce responsable sécuritaire estime que ce pays «ne doit pas se sentir concerné par une campagne mondiale contre Ben Laden puisqu’ici nous avons déjà fait ce qu’il fallait. Et nous gardons l’œil sur les éléments intégristes que les camps palestiniens peuvent abriter, en leur interdisant de sortir. Bien entendu, nous ne permettons pas non plus aux réfugiés de tenter des opérations en Galilée à partir de notre territoire. Cependant, il est certain que nous sommes plus que quiconque contre le terrorisme. À condition, évidemment, que ce label ne recouvre pas la Résistance. Qui a pleinement le droit d’agir pour la récupération de Chebaa, comme elle l’avait fait pour le restant du Sud». «Enfin, conclut ce responsable, les Américains doivent appuyer les droits légitimes arabes, dont ceux des Palestiniens, et amener Israël à se conformer aux principes de Madrid».
Le Liban hésite, reconnaissent les responsables, à répondre présent à l’appel US pour une coalition mondiale contre le terrorisme. Ce fléau, peu de contrées en ont éprouvé les morsures autant que ce pays, qui a connu quinze ans de guerres, toutes, finalement, plus terroristes les unes que les autres. Mais comme tous ses partenaires arabes, le Liban tient à avoir...