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Actualités - CHRONOLOGIES

Les antimondialistes se donnent rendez-vous à Beyrouth en novembre

Crises financières, augmentation de l’écart entre riches et pauvres, licenciements massifs et précarisation de l’emploi… Les conséquences de la mondialisation financière n’ont pas tardé à se manifester, les contestations à se faire entendre. De Seattle à Gênes, en passant par Nice, Porto Allegre ou Göteborg, les opposants sont partout pour protester contre ce nouvel ordre mondial. Prochaine étape, le Qatar, où l’Organisation mondiale du commerce (OMC) entame un nouveau cycle de négociations pour libéraliser de nouveaux secteurs, notamment les services. En réponse à cette réunion interministérielle, un contre-sommet a été décidé à Beyrouth entre le 5 et le 8 novembre 2001, pour empêcher que de nouveaux accords soient conclus. Cependant, après les derniers événements survenus aux États-Unis, on peut se demander si cette réunion sera maintenue dans la capitale libanaise. L’initiative de ce contre-sommet revient à un réseau d’ONG arabes qui ont pris contact avec d’autres ONG internationales et un accord a été conclu de tenir ce contre-sommet à Beyrouth, le Qatar n’étant pas disposé à accueillir les manifestants. En effet, le gouvernement «a utilisé une excuse d’ordre diplomatique en avançant qu’il n’y avait pas assez de places dans les hôtels pour accueillir à la fois les participants au sommet de l’OMC, les médias et les manifestants. Mais même sans cette excuse, il n’aurait pu y avoir de manifestations. C’est d’ailleurs pour cette raison que l’OMC (qui a sans doute toujours en mémoire l’échec cuisant de la réunion de Seattle) a choisi le Qatar», souligne Ammar Abboud, membre du Travail à la base, ONG antimondialisation libanaise, instituée il y a deux mois par de jeunes militants. Ce contre-sommet rassemblera des délégations d’ONG internationales comme Attac, Friends of the Earth, Public Citizen, International Forum on Globalization, Espace associatif… associations très actives dans la lutte contre la mondialisation et qui peuvent assurer la venue de beaucoup de militants du monde entier à Beyrouth. Participeront également à ce sommet de nombreuses ONG locales et arabes. Au programme, activités culturelles, expositions, réunions, conférences, ateliers de travail… Le tout axé sur le thème de la mondialisation. «Ce sera l’occasion pour des personnes du monde entier de se rencontrer et d’échanger des idées», poursuit Ammar Abboud1. La mondialisation vue par ses dénonciateurs «La mondialisation, explique Ignacio Ramonet, directeur du Monde diplomatique, résulte de l’interdépendance de plus en plus étroite des économies de tous les pays par la liberté absolue de circulation des capitaux, la suppression des barrières douanières et des réglementations et par l’intensification du commerce et du libre-échange2». Cette «mondialisation financière aggrave l’insécurité économique et les inégalités sociales. Elle contourne et rabaisse les choix des peuples, les institutions démocratiques et l’État souverain en charge de l’intérêt général. Elle leur substitue des logiques strictement spéculatives exprimant les seuls intérêts des enterprises transnationales et des marchés financiers», affirme l’association Attac (l’une des principales ONG internationales antimondialisation), résumant les accusations des contestataires. Consciente des dangers que présente la mondialisation, l’association «Travail à la base» œuvre pour l’éveil et la sensibilisation des citoyens au Liban. «Notre pays est aujourd’hui directement concerné par la mondialisation, surtout avec son entrée prochaine au sein de l’OMC. Or beaucoup de personnes ne savent même pas de quoi il s’agit. Ce que nous voulons donc, c’est faire de la mondialisation un sujet de débat dans la société et créer chez les gens une opinion à l’égard de ce problème», note Lana el-Khalil, membre de «Travail à la base». Quant à Ammar Abboud, il ajoute : «Lors du contre-sommet, les gens vont voir qu’un événement international se produit dans leur pays et vont s’interroger sur la cause de ces manifestations et par suite s’intéresser au sujet de la mondialisation. Les médias devront alors en parler et le débat sera dès lors rendu public et discuté par le gouvernement». Un autre monde est possible Il n’y a pas que le modèle de la mondialisation libérale, pensent les contestataires. D’autres alternatives sont possibles et envisageables. «Si nous refusons la mondialisation libérale, nous devons avoir quelque chose à proposer en retour : développer notre économie nationale, subventionner les producteurs nationaux… Cette alternative n’exclut pas l’échange commercial avec d’autres pays, mais dans le respect de l’environnement et des droits de l’être humain», remarque Lana el-Khalil. Au niveau international, les ONG ont beaucoup à proposer, entre autres l’application de la taxe Tobin – du nom de l’économiste américain James Tobin, prix Nobel d’économie en 1982. Il s’agit de taxer très faiblement – entre 0,1 % et 0,5 % – les transactions financières de façon à limiter la spéculation sans pour autant porter atteinte aux investissements productifs. L’argent de cette taxe devrait aller aux pays du tiers-monde en tant qu’aide au développement3. D’autres exigences existent encore comme l’abolition généralisée de la dette du tiers-monde ou encore le droit de protéger son économie pour pouvoir produire sa propre alimentation… Les citoyens du monde entier commencent à réaliser les conséquences de la mondialisation et se mobilisent pour protester contre la libéralisation sans cesse croissante qui touche désormais tous les secteurs. Ils considèrent que cette libéralisation n’est pas irréversible et qu’elle peut être freinée tout comme elle a été enclenchée, par des décisions gouvernementales. Quant au sommet de Beyrouth, il aura l’intérêt de faire de la mondialisation un sujet de débat au sein de la société libanaise qui décidera si oui ou non le Liban veut intégrer l’OMC. L. R. 1 - Tout individu ou association désirant participer aux activités du contre-sommet peut contacter Le Travail à la base au 03/774192 ou au 03/803155. 2 - «Manière de voir» numéro 41. 3 - Cette réforme est soutenue par l’association française Attac (Association pour la taxation des transactions financières pour l’aide aux citoyens).
Crises financières, augmentation de l’écart entre riches et pauvres, licenciements massifs et précarisation de l’emploi… Les conséquences de la mondialisation financière n’ont pas tardé à se manifester, les contestations à se faire entendre. De Seattle à Gênes, en passant par Nice, Porto Allegre ou Göteborg, les opposants sont partout pour protester contre ce nouvel...