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Actualités - OPINIONS

Tora ! Tora ! Tora !

Une image, indélébile, qui veut tout dire. Les soldats du feu, les secouristes, les bénévoles, les héros étoilés maintenant immortels donnant leur vie pour celles des autres. À leurs côtés, les New-Yorkais, les hommes et les femmes de la ville qui ne dormait jamais. Ils criaient, scandaient, «USA ! USA ! USA !», face à eux, George W. Bush, désormais président de tous les États-Unis, qui souriait, un mégaphone à la main, paumé et conquérant à la fois. Ils martelaient, la planète branchée sur CNN, «USA ! USA ! USA !». Quelle différence entre ces Américains hurlant leur désarroi, leurs besoins de vengeance et… ces Palestiniens se tuant pour leur bout de terre. Ces Sud-Africains, hier, pour récupérer leur dignité, leur égalité, leur fraternité. Ces Irakiens à genoux pour un médicament. Ces Belges et leur marche blanche contre tous les Dutroux. Ces Français acclamant il y a soixante ans leur général revenu d’exil et vouant tous les collabos, à cor et à cri, à toutes les gémonies. Ces Chiliens pour que justice soit faite, Pinochet en prison. Et ces Libanais pour retrouver leur souveraineté. Les Américains, aujourd’hui, sont devenus terriens, humains. Des humains à part entière, des humains comme les autres. On aurait juste voulu que cela ne soit pas à ce prix-là. Et plus rien ne sera comme avant. Nouvelles règles pour un (drôle de) jeu maintenant sans frontières. Une mondialisation bis «contre le terrorisme». La guerre. Arriver à lire l’événement. Nommer son ennemi, lui dessiner un visage : pouvoir le combattre, fédérer une planète – ou presque. La conclusion : Oussama Ben Laden. Oubliés les extrémistes américains : trop honteux. Les cartels des drogues : trop folkloriques. Et indicible, inenvisageable, disent-ils : le Mossad. Oussama Ben Laden : suspect n°1 idéal, suspect n°1 évident. Qui en douterait ? À part, entre quelques autres, ce cheikh, samedi sur Télé-Lumière, qui s’est oublié, qui a dérapé : «C’est trop compliqué, trop intelligent : aucun Arabe, aucun musulman n’aurait pu faire cela»… Oussama Ben Laden. Bien sûr. Mais seul ? Mondialisation bis donc. L’Otan, bien sûr, derrière les États-Unis. L’Europe des 41 aussi, quel que soit le degré d’implication de chacun de ses États. Plus loin, capital : le Pakistan, le Golfe et – une surprise qui n’en est finalement pas une – l’Iran. Il a fermé ses frontières avec l’Afghanistan. L’Iran chiite qui n’en peut plus des taliban. Et la Syrie, elle aussi en bonne place sur la liste noire des USA. Colin Powell ravi par la position du docteur Bachar. Damas aidera Washington à combattre le terrorisme, tous les terrorismes. Et Damas aura un beau cadeau, une belle récompense. Si c’est un bail de trois siècles au Liban, bonjour les catastrophes. Parallèlement à cette mondialisation-là, certes indispensable si elle vient combattre effectivement tous les terrorismes, les exactions de tous les pays, il en faudrait une tout aussi urgente. Pour que cessent enfin les honteux amalgames. Entre musulman et islamiste, surtout. Entre juif et sioniste, bien sûr. Entre catholique et ultra-néofasciste, aussi. Respecter les premiers, combattre tous les seconds. Au-delà : faire la nécessaire différence entre patriotisme et nationalisme. Et enfin – indispensable : à Washington maintenant, à ses alliés, de suivre, de faire la différence entre justice et revanche. Terrible question : à qui profite cette barbarie à visage humain ? Ce crime ? Terribles réponses. Plus jamais comme avant. Avant le 11.09.2001. Les États-Unis, régisseurs contestés du monde, peuvent en devenir le Zorro. Avec – et seulement avec – le reste de la planète. Des pays qui, par nature, par culture, ou par obligation, ont toujours défendu, ou commencent à le faire, le droit, la démocratie, les libertés. Que tout le monde, que les grands de cette planète, réécoutent ce quelqu’un qui (se) disait que pour être efficace, réellement efficace, la riposte américano-alliée devra être sans éthique, amorale. Et l’autre qui disait : «Comment cela s’appelle quand tout est gâché, saccagé et que pourtant l’air se respire et qu’on a tout perdu ?… Cela s’appelle l’aurore».
Une image, indélébile, qui veut tout dire. Les soldats du feu, les secouristes, les bénévoles, les héros étoilés maintenant immortels donnant leur vie pour celles des autres. À leurs côtés, les New-Yorkais, les hommes et les femmes de la ville qui ne dormait jamais. Ils criaient, scandaient, «USA ! USA ! USA !», face à eux, George W. Bush, désormais président de tous les...