La semaine politique - Lahoud pourrait annuler sa visite à l’Onu - Le budget et les nouvelles taxes au centre d’une polémique

Le budget et les nouvelles taxes qu’il prévoit, notamment la surtaxe de 3 000 livres sur l’essence, continueront, cette semaine, à être au centre de l’actualité, avec l’élargissement du cercle des forces politiques et syndicales refusant une telle augmentation. Mais quels que soient les remous locaux autour du projet de budget, ils restent minimes par rapport aux développements internationaux qui marquent de leur empreinte l’actualité. Les cercles proches de la présidence ont affirmé, la semaine dernière, que le chef de l’État fera savoir, aujourd’hui, s’il se rendra finalement à l’Assemblée générale des Nations unies, à New York. On assurait hier, de source informée, que la réponse à cette question est négative, et que le Liban sera représenté au Palais de Verre par son délégué permanent. Ce serait là l’une des premières conséquences des attentats du 11 septembre à New York et Washington. Pour en revenir à l’affaire des 3 000 livres libanaises de surtaxe sur l’essence, la controverse est appelée, elle, à se développer, d’autant plus que, sur le plan de la distribution à la pompe, le prix de l’essence a augmenté non pas seulement de 3 000 LL, mais de 3 200 LL. C’est-à-dire que la hausse des prix mondiaux a continué de se répercuter sur les prix de détail, en dépit des assurances selon lesquelles, l’augmentation de 3 000 livres épargnera aux automobilistes et consommateurs libanais de carburants les fluctuations qui surviendront dans les cours mondiaux. Par ailleurs, dans certaines stations d’essence, les stocks sont épuisés du fait d’une forte demande qui s’est accompagnée d’une offre plus rare que d’habitude. Une réunion entre la CGTL et le président du Conseil, axée sur cette surtaxe, doit se tenir vendredi. Les syndicats refusent catégoriquement cette augmentation inflationniste, tandis que le chef du gouvernement assure qu’elle sera compensée par des prises en charge hospitalières des catégories ne bénéficiant pas encore de la Sécurité sociale. Le gouvernement semble assuré que, quelle que soit la réaction de la rue, le Parlement votera cette surtaxe. Du reste, on souligne de source politique que la CGTL gravite dans l’orbite du mouvement Amal, et que si ce dernier mouvement est acquis à la majoration, la CGTL finira par suivre. Auparavant, mercredi, le Conseil des ministres devrait tenir une réunion au cours de laquelle la question des privatisations serait passée en revue – téléphone, électricité et eau –, ainsi que les préparatifs du sommet de la francophonie dont le thème, «Le dialogue des cultures», semble avoir été choisi pour sa pertinence, à l’heure où tout concourt à favoriser un choc mortel de civilisations. À ce sujet, on dément de source informée que le secrétaire d’État américain à la Défense ait réclamé l’arrestation de quiconque, au cours de sa rencontre à Washington avec les ambassadeurs des pays arabes. Toutefois, les États-Unis auraient effectivement demandé au gouvernement libanais de leur fournir des précisions au sujet du groupe armé qui avait pris le maquis à Denniyé, le 31 décembre 1999, et qui s’était rendu coupable de massacres sur la population civile, avant d’être finalement maté par l’armée libanaise, au prix de 14 morts dans les rangs de la troupe. D’inspiration wahhabite, le groupe serait lié à Oussama Ben Laden, et les responsables auraient retracé le déroulement des événements jusqu’à leur actuelle comparution devant une cour de justice. Par ailleurs, le Liban aurait déclaré tout ignorer d’un second groupe terroriste que les USA lui signalaient. Le Hezbollah, ont fait savoir les responsables, limite ses opérations de résistance au territoire libanais et ne doit pas être assimilé à un groupe terroriste. En revanche, les responsables libanais conseillent aussi diplomatiquement que possible aux États-Unis de faire face au terrorisme en tenant davantage compte de l’opinion publique du monde musulman. Une opinion ulcérée de voir certaines de ses causes bafouées, et horrifiée de voir les États-Unis avaliser, sans sourciller, l’escalade criminelle de l’armée israélienne contre le peuple palestinien.