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Actualités - CHRONOLOGIES

RELIGION - Vivre sa foi dans un monastère orthodoxe - À la recherche du sacré - au Mont Athos

Terre sainte de l’Église d’Orient peuplée de moines grecs et slaves, le Mont Athos (nord-est de la Grèce) abrite pourtant quelques religieux issus de l’Occident à la recherche du sacré et venus trouver ici, comme le père français Makarios, «une vie très proche du christianisme des origines». Depuis vingt-deux ans, le père Makarios – 49 ans mais on lui en donnerait dix de moins – vit sa foi dans l’un des vingt monastères encore actifs de la «Montagne Sainte», comme l’appellent les orthodoxes, celui de Simonos Petras. Fondé par saint Simon en 1257, il offre un spectacle saisissant : ornées de balcons en bois, trois énormes bâtisses en pierre plantées sur un rocher s’élancent vers le ciel en même temps qu’elles plongent dans la mer, 333 mètres en contrebas. Une soixantaine de moines y vivent en permanence. De famille catholique, le père Makarios est un intellectuel, alors que la grande majorité des moines du Mont Athos avaient une formation rudimentaire jusqu’il y a une vingtaine d’années : études de sciences sociales – «je me dirigeais vers l’ethnologie» –, puis de théologie byzantine à l’université de la Sorbonne. «Je recherchais la forme la plus authentique du christianisme. Or, la vie au Mont Athos est très proche des origines», explique-t-il, après avoir accueilli le visiteur en lui offrant, selon la tradition, loukoums, tsipouro (eau de vie locale) et eau. «Ici, l’essentiel est tourné vers l’ascèse et la prière» car il n’y a jamais eu de tradition d’enseignement dans les monastères orientaux. Le souvenir de Mai 68 Au monastère grec de Simonos Pétras résident aussi un Américain, un Allemand, un Sud-Africain, un Australien, un Hongrois, un autre Français, etc. La «Montagne Sainte», une presqu’île de 40 kilomètres de long sur 10 kilomètres de large, compte quelque 1 700 moines, établis pour la plupart dans des monastères grecs, russe, serbe, roumain et bulgare. Le père Makarios y a trouvé la communion avec le sacré qui lui manquait. «Mais ce respect du sacré n’est pas figé», assure-t-il. Contestataire au moment de Mai 68 (révolte étudiante), il juge que ce mouvement «était une critique spirituelle de la société». «Le monde s’était édifié contre le sacré et le revendiquait», tandis que le catholicisme «déviait et se sécularisait». L’office religieux à Simonos Petras en apporte la démonstration : la bougie remplace la lumière du jour, la messe est chantée, moines et pèlerins baisent les icônes l’une après l’autre et s’enferment dans la méditation. Pour ses détracteurs au contraire, l’orthodoxie est souvent symbole de conservatisme étroit et de dogmatisme. Dans la «République monastique semi-autonome» du mont Athos, selon la définition de la Constitution hellénique, rien ne vient jamais troubler la quiétude et la solennité des lieux, presque oppressantes pour l’étranger. Les permis de séjour étant délivrés au compte-gouttes, les visiteurs sont rares, les femmes, et même toute femelle, n’y ont pas accès en vertu d’un «abaton» de 1 050 évidemment très contesté, nul ne peut s’installer à demeure hormis les moines. C’est un voyage vers un autre monde, voué à la méditation et au respect de la nature, cependant moins vierge qu’avant avec le creusement de nombreuses pistes. Grâce au Mont Athos, «le plus grand bouleversement de ma vie, raconte le père Makarios, a été de découvrir non seulement l’orthodoxie, mais l’orthodoxie vivante. L’homme y reste toujours un être dynamique, à l’image de Dieu et qui utilise sa liberté d’entrer en communication avec lui. Il n’y a pas cette relation juridique du catholicisme, présente à travers la faute qu’il faut racheter. La manière de vivre la foi est très différente».
Terre sainte de l’Église d’Orient peuplée de moines grecs et slaves, le Mont Athos (nord-est de la Grèce) abrite pourtant quelques religieux issus de l’Occident à la recherche du sacré et venus trouver ici, comme le père français Makarios, «une vie très proche du christianisme des origines». Depuis vingt-deux ans, le père Makarios – 49 ans mais on lui en donnerait...