Les Israéliens vivent l’attentat comme un désastre national

Comme de nombreux autres pays, Israël a pris des mesures d’urgence pour protéger ses citoyens et aider les victimes, mais ici la sympathie envers les Américains durement touchés par la catastrophe est probablement plus forte encore qu’ailleurs. Deux jours après les attaques qui ont détruit les tours jumelles du World Trade Centre à New York et dévasté le Pentagone à Washington, le maire de New York a annoncé que quelque 4 700 personnes étaient portées disparues, alors que des milliers d’autres étaient sans doute mortes sous les décombres. Selon les estimations, près d’un million de juifs vivent à New York, de nombreux juifs ont la double nationalité, et 250 000 citoyens israéliens vivent dans la ville. Rien d’étonnant donc à ce que l’organisation et la mobilisation en faveur des sinistrés soient sans précédent en Israël, comme si le territoire de l’État hébreu lui-même avait été touché. Le ministère des Affaires étrangères a publié dans tous les journaux ainsi que sur les ondes de la radio et à la télévision le numéro de téléphone de sa «cellule de crise» composée de 20 personnes, afin d’aider les amis et proches de citoyens israéliens qui auraient pu se trouver sur les lieux. «Nous avons déjà reçu 4 000 appels et nous nous efforçons de rassembler toutes les informations sur les victimes potentielles et leurs familles, afin d’essayer, en coordination avec notre consulat à New York, de donner des réponses aux appelants désespérés», affirme Mme Dorit Shavit, directrice des opérations au ministère des Affaires étrangères. Seuls deux Israéliens, qui se trouvaient dans les avions détournés, comptent avec certitude parmi les victimes, mais des dizaines d’autres pourraient être portées disparues. M. Guy Einav, l’assistant de Mme Shavit, indique qu’«aussitôt après le désastre, nos lignes téléphoniques ont été prises d’assaut, l’inquiétude s’étant emparée de nombreuses personnes ayant des amis ou des proches à New York, et aucun autre moyen de contact n’étant possible». «C’est beaucoup plus que ça ne l’a jamais été depuis le tremblement de terre en Turquie il y a deux ans... mais il était très important de mettre à la disposition des Israéliens quelqu’un à qui parler», explique le porte-parole du ministère des Affaires étrangères Emmanuel Nachshon. Tandis que les images des attaques sont montrées sans cesse sur un écran de télévision géant derrière eux, les employés de la «cellule de crise» semblent complètement immergés dans ce désastre à des milliers de kilomètres d’eux. Les attaques ont été perçues en Israël non seulement comme une catastrophe américaine, mais aussi comme un désastre national et international. Le drapeau israélien au Mur des lamentations à Jérusalem était en berne et des centaines d’Israéliens allumaient des bougies dans les rues à la mémoire des victimes. «Les deux pays sont très proches. Le peuple israélien sympathise avec les Américains, car la violence est notre lot quotidien, et plus que d’autres pays nous sommes solidaires d’eux», ajoute Nahcshon. Le ministère a rendu publique une directive aux diplomates israéliens les enjoignant d’éviter, lors d’interviews par les médias étrangers, les «nous vous l’avons dit». Des centaines d’Israéliens faisaient la queue quelques heures après l’attaque pour donner leur sang aux victimes, et de nombreux autres actes de solidarité avec les États-Unis d’Amérique étaient signalés. Fait rare, le plus grand quotidien du pays, le Yediot Aharonot, titrait en anglais : «Nous sommes avec toi, Amérique». Neuf employés de compagnie israélienne ClearForest, qui avait ses bureaux au 47e étage du World Trade Centre, sont sortis sains et saufs de l’attaque.