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Actualités - CHRONOLOGIES

AYLOUL - « Produits de circonstances » de et par Xavier Le Roy - La solitude d’un bras un peu long

Après Thomas Lehmen et «Distanzlos» dimanche 9 septembre, c’est au tour du Français Xavier Le Roy de présenter une «danse-performance-conférence» intitulée «Produit de circonstances» et interprétée pour un seul soir, lundi dernier, au Théâtre al-Madina. Ces deux artistes font découvrir une nouvelle manière de composer une chorégraphie : inclure la parole et la subjectivité dans la danse moderne. Thomas Lehmen et Xavier Le Roy ont raconté leur vie, et plus exactement ce qu’était leur vie avant la danse, tous les deux y étant venus tardivement. Xavier Le Roy est titulaire d’un doctorat en biologie moléculaire et cellulaire et a fait paraître des articles dans des revues scientifiques sur ses travaux de recherche en laboratoire. L’intitulé de sa thèse est aussi compliqué que la science elle-même mais en gros, pour les non-initiés, il a longuement travaillé sur une méthode de détection du cancer du sein. Le voilà donc sur scène, sur une estrade et devant un micro, avec pour seul arrière-plan un écran de projection et pour seuls accessoires une chaise et un coussin noirs. Même s’il a quitté il y a presque dix ans le monde de la recherche, il en a gardé des «tics» de langage et de comportement. À l’entendre raconter sa lente mais sûre déception de la biologie, apparue en même temps que son intérêt de plus en plus grand pour la danse, il s’exprime face à son public comme face à un jury d’université. Xavier Le Roy va même jusqu’à projeter des aperçus au microscope de tissus atteints du cancer et des agrandissements des résultats de ses recherches qui ressemblent à peu près à du chinois pour la majorité des spectateurs. Le danseur chez l’ostéopathe Puis, brusquement, le danseur fait parler son corps, enfin. Des mouvements lents qui mettent en valeur ses avant-bras, ses poignets et ses mains, comme si ceux-ci étaient indépendants du bras ou des épaules. Xavier Le Roy est étonnamment grand et mince, et le public a du mal à le croire lorsqu’il confie que des problèmes de souplesse l’entraînent chez un ostéopathe. Il s’installe de nouveau devant son pupitre de conférencier et continue de raconter sa vie de biologiste qu’il mène de pair avec une activité qui prend de plus en plus de place dans son emploi du temps : la danse, mais aussi le yoga. Ses premiers doutes naissent de ses observations scientifiques : de quel droit son objectivité transforme-t-elle la vérité ? N’est-ce pas une grave erreur que d’isoler les systèmes de leur contexte ? En 1990, après avoir présenté sa thèse, Xavier Le Roy fuit la biologie et entre dans la danse, en suivant à Paris des cours de ballet. Son corps, résistant aux normes de la discipline, l’inquiète pour quelque temps. D’autant plus que Xavier Le Roy est doté de longs bras : une caractéristique physique qu’il montre au public par un mime silencieux, confondant de charme et de timidité. Le fugitif Trois ans après être devenu danseur professionnel, il est à nouveau déçu par les chorégraphes avec lesquels il collabore et il décide, alors qu’il est installé à Berlin, de travailler seul. Plutôt que de faire partie de «danses d’ensemble», il questionne les capacités de son corps ou, plus exactement, «ses branchements et ses débranchements». En se souvenant de ses doutes de scientifiques, il considère les parties de son corps comme des «entités mouvantes». En s’associant avec un musicien, Xavier Le Roy découvre la célébrité et entre dans ce qu’il appelle le «système de la production de pièces chorégraphiques». Et le doute l’assaille de nouveau. Le voilà dans le «flou des similitudes politiques et scientifiques» qu’il ne supportait pas dans le milieu de la recherche. Il confie qu’il se voyait alors comme «un fugitif qui n’avait pas fui ce qu’il tentait de fuir». Une reconstitution des œuvres d’Yvonne Rainer le sauve, et le conférencier redevient danseur en interprétant deux courtes séquences de la chorégraphe, Running et The Chair and the Pillow Dancing. Il présente dans la foulée un extrait de Self Unfinished, un solo créé en 1998 qui clôt cette performance en tous points étonnante. Un parcours «atypique» d’un «chorégraphe-biologiste» qui observe les différentes parties de son corps danser seules, en oubliant leur point d’attache, leur source. En quittant la biologie et ses observations peut-être erronées parce que nées d’une subjectivité, Xavier Le Roy, solitaire aux bras un peu longs, continue de chercher la vérité.
Après Thomas Lehmen et «Distanzlos» dimanche 9 septembre, c’est au tour du Français Xavier Le Roy de présenter une «danse-performance-conférence» intitulée «Produit de circonstances» et interprétée pour un seul soir, lundi dernier, au Théâtre al-Madina. Ces deux artistes font découvrir une nouvelle manière de composer une chorégraphie : inclure la parole et la...