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Actualités - REPORTAGES

ÉDUCATION - L’ELFS, plus de cinquante ans d’existence - Le travail social, un métier loin d’être saturé - offrant des spécialisations diverses

Le travail social, c’est une vocation, à coup sûr. Mais ce n’en est pas moins un métier à part entière, avec ses contraintes, ses règles et la satisfaction qu’il procure. Un métier qui requiert une formation solide, comme celle procurée depuis plus de cinquante ans à l’École libanaise de formation sociale (ELFS) de l’Université Saint-Joseph (USJ). La formation sociale est variée, aboutit à des débouchés divers et appartient à un domaine loin d’être saturé, et où les besoins ne font que croître. En somme, un métier de cœur et d’esprit. C’est en 1948 que l’École de formation sociale a été fondée par la Congrégation religieuse de Jésus réparateur. Presque sur-le-champ, elle a été reconnue d’utilité publique. Vingt ans plus tard, elle a été rattachée par l’État à la Direction générale de l’enseignement technique et reconnue comme institut supérieur de formation professionnelle. Ce n’est qu’en 1978, au terme de toutes ces pérégrinations, que l’école rentre à bon port et se rattache à la Faculté des lettres et des sciences humaines de l’USJ, devenant par là même habilitée à délivrer des diplômes de licence et maîtrise en service social. L’ELFS, dans un souci permanent de renouvellement et de progression, compte aujourd’hui trois départements : service social, animation sociale et formation permanente. Les deux premiers offrent trois filières aux étudiants : assistants sociaux, éducateurs spécialisés et animateurs sociaux. La différence entre les trois n’est pas toujours très claire aux non-spécialistes. May Hazaz, directrice de l’ELFS, donne un aperçu de ces trois métiers somme toute différents. «L’assistant social est le professionnel qui intervient à partir des problèmes sociaux relatifs à des personnes ou à des communautés», explique-t-elle. Quelle différence avec l’éducateur spécialisé ? «Celui-ci exerce une fonction basée sur la relation créée avec des personnes ou des groupes», poursuit Mme Hazaz. «En d’autres termes, il les accompagne pour construire avec eux un projet de vie. À titre d’exemple, un éducateur spécialisé peut être chargé d’aider des personnes handicapées à acquérir davantage d’autonomie dans leur vie quotidienne. La notion de proximité fait partie intégrante de ce métier (l’éducateur vit en partie ou en permanence avec ses apprenants), alors qu’elle est absente du travail de l’assistante sociale qui rend visite aux familles dont elle a la charge sans partager leur vie de quelque façon que ce soit». Si les assistantes et les éducateurs ont pour fonction de résoudre un problème, combler un manque, ce n’est pas du tout le cas de l’animateur social. «Celui-ci travaille dans la promotion, avec et à partir de groupes», souligne-t-elle. «Les personnes visées forment dans ce cas des groupes qui ont un potentiel que l’animateur aide à épanouir. À titre d’exemple, il peut évoluer dans le cadre d’une municipalité, pour sensibiliser les jeunes à l’environnement, à la valorisation du patrimoine ou encore à la prévention. L’animateur social est là pour améliorer une qualité de vie, “amener une âme” comme son nom l’indique». Un métier de cœur Quel est, selon elle, le profil d’un étudiant qui devrait postuler à l’ELFS ? «Les qualités intellectuelles sont certainement requises», estime Mme Hazaz. «Mais elles ne sont pas suffisantes : le futur travailleur social doit avoir autant de qualités de cœur. Il doit être en mesure d’aimer, de vouloir entrer en contact avec les autres. Il doit en même temps faire preuve d’énergie, de dynamisme, d’imagination (pour monter des projets à partir de rien), de patience et de persévérance». Cependant, malgré les spécialisations variées offertes par l’école, les effectifs restent plutôt modérés ces dernières années, avec une moyenne de quinze étudiants par promotion. «Nous souhaitons en recruter davantage, surtout en raison du besoin croissant sur le marché du travail», déclare la directrice de l’ELFS. «Toutes nos diplômées trouvent du travail, et elles sont particulièrement sollicitées. Le métier en lui-même est loin d’être saturé. Il nous parvient des demandes de la part d’écoles, de centres spécialisés, d’hôpitaux, de municipalités, de mouvements de jeunes, d’organisations internationales. Nous avons également établi des contacts avec les ministères pour la réorganisation de l’Administration. Nous avons pour tâche de concevoir le profil professionnel adapté à chaque ministère». Mais alors, pourquoi les étudiants se font-ils rares dans ces branches ? «Les jeunes sont naturellement portés vers le travail social, mais ce qui pourrait leur faire peur, c’est la difficulté d’approcher des personnes à problèmes», indique-t-elle. «Ce métier réserve pourtant beaucoup de satisfaction à celui qui l’exerce, notamment celle de sortir quelqu’un de sa crise, de sa déprime…». Toutefois, Mme Hazaz n’exclut pas la possibilité que les difficultés financières, dont souffrent de plus en plus de jeunes, constituent un barrage à leur adhésion à son école. «Je voudrais assurer que, pour ma part, je refuse catégoriquement qu’un jeune ayant réussi son concours d’entrée soit rejeté pour des problèmes d’argent», affirme-t-elle. «Notre service social est là pour s’occuper de ces cas et offrir plusieurs alternatives aux étudiants : prêts, bourses… Le Service social universitaire (SSU) de l’USJ profite à tous les départements, mais certaines disciplines, dont les nôtres, ont la priorité». Par ailleurs, elle rappelle que la formation offerte par l’ELFS présente un caractère pluridisciplinaire qui assure aux futurs travailleurs sociaux une plus grande efficacité sur le terrain, tout en les dotant d’une spécialisation indispensable. L’aspect pratique est assuré par des stages que doivent suivre les étudiants durant toutes leurs années d’étude. «Généralement, à l’issue de leur stage de troisième année, nos étudiantes sont embauchées sur-le-champ», raconte Mme Hazaz. La possibilité d’avoir un emploi durant ces années d’étude n’est pas exclue non plus. Les cours ne débutent qu’à partir de 15h30. La licence est obtenue au bout de trois ans, après quoi il est possible de s’inscrire en maîtrise. Des programmes de DEA et de DESS sont aujourd’hui envisagés, mais n’ont pas encore pris forme. Cependant, un étudiant de l’ELFS peut s’inscrire en DESS dans une autre discipline. Sur le marché du travail, le public cerne-t-il vraiment ces métiers ? Plusieurs travailleurs sociaux se plaignent que, sur leur lieu de travail, on leur fait faire tout et n’importe quoi… «Il est important que les employeurs ne nous confondent pas avec des bonnes à tout faire», souligne Mme Hazaz. «Notre tâche consiste à accueillir les personnes et les groupes en difficulté. Or, dans la tête de certains, l’assistant social est là pour aider l’institution à persévérer. Dans ce contexte, comment maintenir l’équilibre ? Il est en fait possible aux travailleurs sociaux de donner un coup de main, notamment en temps difficiles, mais tout en évitant les glissements et en imposant leurs limites». Confond-on généralement psychologue et assistante sociale ? «Normalement, il ne devrait pas y avoir de confusion», estime-t-elle. «Cependant, dans certaines écoles, on mélange un peu les deux spécialisations. Or l’assistante sociale est un intervenant de première ligne : en cas de problèmes, un enfant lui est soumis, et c’est elle qui, s’il a besoin de soins différents, le dirige vers le psychologue ou le médecin, par exemple. En temps normal, chaque cycle devrait avoir son assistante sociale». Que pense-t-elle de ces myriades de personnes qui travaillent aujourd’hui «dans le social» et se font parfois passer pour des assistants diplômés ? «Le problème a été soulevé lors d’une réunion tenue récemment par des spécialistes de l’USJ, de l’Université libanaise et de l’Université Haigazian, représentant trois regroupements professionnels qui sont le syndicat des travailleurs sociaux, l’Association des assistantes sociales et l’Association des assistantes sociales arméniennes», répond Mme Hazaz. «Nous formons aujourd’hui le comité qui fait office de référence pour le travail social professionnel. Nul ne doit porter le titre s’il n’a pas de diplôme qui l’habilite à exercer le métier. À partir de là, c’est aux employeurs de trier». Aujourd’hui, ce comité entend voir se réorganiser la profession. Mais les problèmes demeurent nombreux, comme le souligne la directrice de l’ELFS. Pour ne citer qu’eux, certains employeurs préfèrent embaucher des personnes non qualifiées pour leur payer un salaire plus réduit, et se plaignent par la suite de n’obtenir aucun résultat. «Il faut aussi évoquer la multitude de bénévoles qui évoluent aujourd’hui dans le domaine social», dit-elle. «Le bénévolat est très important, mais il reste préférable qu’un professionnel gère l’activité, pour plus d’efficacité et pour assurer un programme validé en fin d’année».
Le travail social, c’est une vocation, à coup sûr. Mais ce n’en est pas moins un métier à part entière, avec ses contraintes, ses règles et la satisfaction qu’il procure. Un métier qui requiert une formation solide, comme celle procurée depuis plus de cinquante ans à l’École libanaise de formation sociale (ELFS) de l’Université Saint-Joseph (USJ). La formation...