Rechercher
Rechercher

Actualités - ANALYSES

Les organismes économiques épaulent l’État, - mais réclament une planification structurée

Comment les loyalistes, maintenant réunifiés, voient-ils les choses ? C’est simple : pour eux, du moment que l’entente est rétablie entre les présidents, il n’y a plus de crise politique. Cette marginalisation des problèmes soulevés par le manifeste des évêques ou par la démission d’un magistrat peut paraître étrange. Elle se justifie par la priorité économique. Au nom de laquelle l’opposition, Kornet Chehwane en tête, est invitée, sinon à composer de suite, du moins à observer une trêve dite de dialogue jusqu’à Paris II en passant par le sommet de la francophonie. C’est qu’il faut mettre les bouchées doubles, à cause des séquelles produites par les secousses du mois dernier. Le gouvernement s’attelle donc à ces travaux d’Hercule, tout en souhaitant parvenir à rétablir la confiance afin de redonner un minimum d’espoir aux différents secteurs, aux multiples acteurs de la vie économique. Dans cet esprit, le président du Conseil se déploie actuellement en efforts remarqués de marketing pour son projet de budget 2001 auprès des organismes économiques. Notamment pour faire avaler au négoce la pilule de la TVA et des autres surtaxes censées améliorer sensiblement l’an prochain les recettes du Trésor. Dans le cadre de cette campagne de promotion, M. Rafic Hariri a donc vu hier, outre M. Nadim Assi, président de l’Association des commerçants de Beyrouth, un autre pôle des organismes économiques, le président de l’Association des industriels, M. Jacques Sarraf. Qui a développé devant lui des thèmes relevant bien plus de la critique constructive que du soutien total. On sait en effet que, réunis sous la présidence de M. Adnan Kassar, les organismes économiques ont réclamé du pouvoir l’élaboration d’une planification structurée à terme, autrement dit d’un plan quinquennal ou septennal par étapes comme par tranches de priorités bien déterminées. L’objectif étant d’opérer année par année, section par section, sur tel ou tel volet spécifique, pour deux objectifs complémentaires : dynamiser l’économie nationale et réduire l’endettement public. Afin, dans les deux cas, que le secteur privé puisse continuer à tenir le coup. Ou continuer tout court, car sur de nombreux fronts, dans de multiples entreprises, on en est là. Et le chômage s’accroît. Mais, on le sait également, M. Hariri pense pour sa part que la formule rigide des plans par étapes, quinquennaux ou autres, n’est applicable que dans des régimes d’économie dirigée, et non pas dans un système souple d’économie libre. Pour lui, seul le pragmatisme peut être payant dans une situation comme celle du Liban. Il prône dès lors un ensemble de mesures à court et moyen terme, dont le tissu forme un plan de secours immédiats. Après quoi, on verrait ce qu’il conviendrait de faire, en fonction des résultats obtenus comme des circonstances à venir. Pour le moment, l’important c’est d’obtenir des sous et des moratoires. Par le biais de Paris II comme par celui des privatisations ou des surtaxes. Sur le plan pratique, les organismes économiques ne sont du reste pas hostiles aux privatisations. Mais pour les surcharges fiscales, des grincements de dents se font entendre chez les professionnels. Qui soulignent que le surpoids risque de lester, et de léser, autant la consommation que la croissance, qui vont de pair sur certains points. Sur un autre plan, comme le souligne volontiers M. Sarraf, les organismes économiques, échaudés par tant de fâcheux précédents, s’inquiètent de l’insupportable légèreté de l’être politique. C’est-à-dire qu’ils soupirent aujourd’hui de soulagement en voyant que les dirigeants se sont rabibochés, tout en se demandant avec inquiétude combien de temps la trêve va durer. D’autant qu’elle est manifestement conditionnée par des facteurs extérieurs qui peuvent changer... d’avis. C’est-à-dire que les mêmes parties influentes qui ont ordonné le retour au calme peuvent à tout moment y mettre fin. Pas nécessairement à l’intérieur, du reste, mais à travers le dossier si épineux du Sud. Dès lors, bien que la crise soit passée, les pôles économiques ne cessent de répéter leurs appels à l’entente politique, en soulignant combien les zizanies causent du tort au pays. Aussi lancent-ils le slogan : laissez l’économie en dehors de vos querelles. Ce qui signifie en clair : renoncez à vous disputer, puisque les effets ou les méfaits économiques des prises de bec sont inévitables. Cependant, de ce fait même, et comme le relève M. Sarraf dans ses assises privées, les organismes économiques reconnaissent qu’ils doivent assumer une bonne part de la responsabilité en ce qui concerne le redressement. Ils y sont prêts. Et comptent dès lors donner en toute transparence leur avis au sujet du prochain budget, clef de voûte de la reprise. Dans ce domaine, les observateurs notent que l’amélioration des relations entre les dirigeants se trouve illustrée de façon éclatante par les coupes sombres apportées, et consenties, aux budgets de départements sensibles comme la Défense, l’Intérieur ou, surtout, les Services. À ce propos des sources fiables croient savoir que le chef de l’État a certifié son soutien aux mesures prises par le gouvernement, du moment que les réductions touchent de la même manière, dans les mêmes proportions, tous les ministères.
Comment les loyalistes, maintenant réunifiés, voient-ils les choses ? C’est simple : pour eux, du moment que l’entente est rétablie entre les présidents, il n’y a plus de crise politique. Cette marginalisation des problèmes soulevés par le manifeste des évêques ou par la démission d’un magistrat peut paraître étrange. Elle se justifie par la priorité économique. Au...