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Actualités - INTERVIEWS

Interview express - Le chef de l’opposition Kataëb appelle à une « réaction salutaire » pour sauver le parti - Élie Karamé : « On a voulu terroriser les Libanais »

Élie Karamé est le chef de file de l’opposition Kataëb depuis que ce courant du parti s’est démarqué du bureau politique de Saïfi, au début des années 90, et membre des Assises de Kornet Chehwane. Mais il est avant tout médecin, endocrinologue, une profession à laquelle il se consacre entièrement. Pour Élie Karamé, le dialogue est loin d’être optionnel. Il est inhérent à la vie politique libanaise, une exigence à laquelle on ne peut rester sourd. Selon lui, la crise politique survenue début août est justement une réponse au dialogue consacré par la visite du patriarche maronite Nasrallah Sfeir dans la montagne. «Dès que cette reprise s’est produite, il y a eu une volonté d’y mettre un terme. La visite était un succès qui s’est accompagné d’une nouvelle union de la montagne libanaise et d’une réaction populaire favorable à la réconciliation», affirme-t-il. Élie Karamé se veut dépositaire d’un message de réconciliation, à un double niveau. Concernant le Liban d’abord, où, selon lui, le dialogue pour la formation d’un gouvernement d’union nationale doit absolument avoir lieu, en présence des partis politiques et des représentants de l’État. «Si on veut reconstruire le Liban et conserver ses spécificités et si on veut développer les points qui ont été mis en exergue dans le discours politique de plusieurs courants, notamment celui de Kornet Chehwane, pour que le Liban recouvre sa souveraineté, son indépendance et sa dignité, le dialogue est le seul moyen», poursuit M. Karamé. «Au Liban, rien ne se fait sans consensus et les rafles ont peut-être eu lieu pour empêcher cette relation consensuelle intercommunautaire de prendre forme et de se concrétiser», ajoute-t-il. Analysant les conséquences négatives des derniers événements, il appelle à un retour aux pourparlers dans un climat de franchise : «Nous n’acceptons pas qu’on nous mette des lignes rouges. Il y a quelques jours, un parlementaire proche de la Syrie a affirmé qu’il voulait nous empêcher de parler de souveraineté, de retrait syrien, d’application de l’accord de Taëf et de déploiement de l’armée au Liban-Sud», dit-il en faisant allusion à des propos tenus par M. Nasser Kandil. Enchaînant sur l’affaire Toufic Hindi, il poursuit : «On a voulu terroriser les Libanais, en les accusant une fois de plus d’être les collaborateurs d’Israël. Or, il est une chose sûre et certaine, c’est que les Libanais et les chrétiens en particulier savent qu’ils ne peuvent rien obtenir d’Israël, sinon des malheurs. De telles accusations contre la classe politique sont inadmissibles. On a arrêté des gens parce qu’ils réclamaient la souveraineté de leur pays. Est-ce une trahison d’être patriote ? Non. Le patriotisme, c’est d’aimer le Liban avant tout». «Nous nous battons pour un Liban de coexistence, du consensus de 1943, qui existe aussi dans Taëf et qui est l’essence de l’Exhortation apostolique. Il ne faut pas détruire cette formule en détruisant politiquement une communauté», indique M. Karamé. Début de dialogue Estimant que le groupe de Kornet Chehwane est «peut-être l’autorité adéquate pour le dialogue», il met en doute la thèse selon laquelle il y aurait une volonté de neutraliser ce dernier. «Il y a eu un début de dialogue avec le président de la République, même si les avis sont partagés pour l’appréciation des résultats de cette rencontre. Le chef de l’État a intérêt à ce que le groupe existe dans toutes ses composantes en l’absence de partis politiques forts. En d’autres termes, il faut que Toufic Hindi et ses camarades soient libérés parce qu’il est évident, d’après tout ce qu’on a vu, qu’ils sont innocents», estime M. Karamé. «Ce que je crains, et qui est contraire à l’essence plurielle du Liban, c’est qu’il existe une volonté d’imiter la Syrie en créant un front de plusieurs partis “nationaux” d’une seule couleur politique mais de différentes colorations confessionnelles», poursuit-il. Ces propos sont-ils liés à la crise qui secoue le parti Kataëb ? «Non. Je parle des Forces libanaises et de la tentative de récupération par Fouad Malek. Le parti Kataëb se dirige progressivement vers une implication dans ce genre de front en tant que représentant des chrétiens s’il n’y a pas une véritable révolte». «Voilà dix ans que nous ne reconnaissons pas la direction du parti Kataëb, à laquelle nous avons intenté un procès. Nous voulons une réaction salutaire de nos anciens camarades, une rencontre entre tous les courants du parti pour tenter de trouver une solution, et je crois que cela est possible, si l’on dépasse nos égoïsmes. De toute façon, ses élections truquées au sein du parti ne signifient rien pour moi et je refuse de me porter candidat», ajoute-t-il, en évoquant les interventions des SR. Élie Karamé est par principe contre toute «réconciliation imposée» au sein du parti. «Il faut qu’il s’agisse d’un compromis libre. Nous pouvons trouver une formule : le parti Kataëb a toujours appuyé la présidence de la République en tant que symbole de l’État. Mais il faut que la présidence aussi soit sensible à nos revendications en tant que chrétiens, et cela n’est pas incompatible avec la réunification du parti Kataëb. Un parti chrétien fort peut aider à assurer un certain équilibre». Et de noter, concernant l’ancien président Amine Gemayel : «Il est le plus proche de nous au plan national. Mais l’opposition Kataëb a sa propre vision du parti et n’a d’allégeance qu’à la cause pour laquelle elle s’est battue. Le parti est un moyen et non pas une fin en soi». Appelant toute l’opposition à une coordination sur les grandes lignes, il conclut sur un message à la jeunesse libanaise : «Elle ne doit pas désespérer. Le Liban, tel qu’il a été conçu, est un pays qui vaut la peine, au vu de toute la richesse culturelle qu’il contient. Ce pays est synonyme de liberté. Le moteur de cette liberté, ce sont les jeunes».
Élie Karamé est le chef de file de l’opposition Kataëb depuis que ce courant du parti s’est démarqué du bureau politique de Saïfi, au début des années 90, et membre des Assises de Kornet Chehwane. Mais il est avant tout médecin, endocrinologue, une profession à laquelle il se consacre entièrement. Pour Élie Karamé, le dialogue est loin d’être optionnel. Il est...