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Actualités - ANALYSES

La transparence et la clarification des rapports libano-syriens - au cœur des exigences épiscopales

Bis repetita, même cause mêmes effets. Le deuxième manifeste des évêques maronites est jugé par les loyalistes tout aussi inopportun que le premier. En pratique, la question qui se pose est de savoir si ce nouveau brûlot va stopper le dialogue formel, ou informel, qui a été initié il y a quelques mois. Sous le même prétexte qui avait servi il y a un an pour justifier la suspension du redéploiement syrien. À savoir que Damas ne veut pas paraître plier sous la pression. Commentant ces éléments, un dignitaire religieux indique en substance que «ce repli syrien, qui aurait commencé avant le premier manifeste, nul n’en avait entendu parler. Or toute son utilité politique résidait dans l’effet d’annonce. Qui incombait, si l’on se réfère à Taëf, à notre gouvernement». Et de rappeler ensuite que «durant de longs mois, Bkerké s’était cantonné dans le mutisme, pour laisser toutes ses chances à la mission d’approche assumée par l’ancien ministre des Affaires étrangères M. Fouad Boutros en direction de Damas. Or, de l’aveu final du grand diplomate, les contacts n’ont rien donné. L’on nous avait expliqué alors qu’il appartenait à l’État libanais de traiter le dossier. Mais les autorités ont vite fait connaître leur position : la présence militaire syrienne reste à leurs yeux nécessaire et légale. Ce qui signifie que rien n’était appelé à changer. Le problème a donc été relancé à travers le manifeste de Kornet Chehwane, relayé par le Forum démocratique. Puis il y a eu la réponse, c’est-à-dire les rafles qui ont suivi la tournée du patriarche Sfeir dans la Montagne. Il est alors apparu que les revendications concernant la souveraineté étaient exclues du dialogue. Une impression confortée par la position affichée par le chef de l’État. Qui a fait savoir à la Rencontre de Kornet Chehwane, lors de l’audience qu’il lui a accordée, que les décisions relatives à la présence militaire syrienne comme au non-envoi de l’armée au Sud étaient intangibles. Tout comme, avait-il précisé, il restait hors de question d’amnistier le Dr Samir Geagea ou de permettre le retour du général Michel Aoun. En d’autres termes, les propositions visant à la réalisation d’une véritable entente nationale autour des constantes du même nom étaient purement et simplement rejetées par le pouvoir. Du reste, le président Émile Lahoud a persisté et signé lors de son point de presse devant le syndicat des journalistes. Il a en effet affirmé à cette occasion que l’armée syrienne est entrée dans ce pays à la demande des autorités légales, afin de les aider et se tenir à leurs côtés dans la bataille pour la libération du Sud. Ajoutant qu’il est erroné de lier le départ des forces syriennes au retrait israélien. Et répétant que l’armée libanaise présente au Sud ne se déploiera pas sur la ligne frontalière tant que l’état de guerre subsiste avec Israël. Cependant, le chef de l’État soutient que le dialogue qu’il a engagé va se poursuivre, que sa porte reste ouverte à tous et que les rencontres qu’il a pu avoir jusqu’à présent se sont déroulées dans un climat excellent. Le fait est néanmoins que des revendications essentielles, comme la souveraineté et qui font l’objet d’un différend entre Bkerké et l’État, sont classées hors sujet par les autorités. Il fallait donc réaffirmer les positions du patriarcat par rapport aux constantes. Pour que nul n’aille s’imaginer que Mgr Sfeir renonçait à ces positions fondamentales ou acceptait qu’elles soient mises de côté. Surtout après les graves développements du mois dernier. Il était donc nécessaire de ne laisser planer aucun doute sur l’attitude de Bkerké. D’autant que le dialogue évoqué par les responsables tire un trait sur des demandes essentielles, ce qui le vide à peu près de tout sens». L’épiscopat souhaite donc que la partie se joue dans une parfaite transparence. Il met pour sa part les choses bien au clair. En espérant la réciproque, pour que l’histoire du repli trop discret de l’an dernier ne se répète pas. Il reste à savoir si le deuxième manifeste des évêques va déboucher sur une reprise du dialogue autour de la souveraineté. Ou si le blocage va être maintenu, sous le prétexte que les circonstances régionales ne permettent pas un tel débat. De même, il faut voir si la Rencontre de Kornet Chehwane va rester unie, ou voler en éclats parce que certains de ses membres ne souhaitent pas aller aussi loin que Bkerké. On doit également attendre la réaction de M. Walid Joumblatt. Qui pour le fond, on le sait, rejoint les évêques sur certains points, mais s’en démarque sur d’autres. En tout cas, il ne paraît pas déraisonnable d’estimer que d’une manière générale le plafond des politiciens est nettement moins élevé que celui de Bkerké. Ce qui signifie que le dernier manifeste épiscopal a peu de chance de servir de plate-forme pour un dialogue généralisé. Le patriarcat lui-même, indiquent des sources informées, comprend parfaitement que les hommes politiques ne peuvent pas évoluer dans la même sphère, c’est le mot, que lui. Il ne leur en tient donc pas rigueur, mais il espère que ses vues, même placées en filigrane, aideront à faire avancer les choses. Pour qu’à tout le moins le dossier ne soit pas tout bonnement enterré. Quant à l’État, il a choisi d’éviter toute polémique, pour ne pas raviver une tension politique préjudiciable à l’économie.
Bis repetita, même cause mêmes effets. Le deuxième manifeste des évêques maronites est jugé par les loyalistes tout aussi inopportun que le premier. En pratique, la question qui se pose est de savoir si ce nouveau brûlot va stopper le dialogue formel, ou informel, qui a été initié il y a quelques mois. Sous le même prétexte qui avait servi il y a un an pour justifier la...