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Actualités - INTERVIEWS

RENCONTRE - Avec la ministre des Relations internationales et de la Francophonie du Québec - Louise Beaudoin : « Nous sommes les Méditerranéens de l’Amérique du Nord »

«Nous sommes, en quelque sorte, les Méditerranéens de l’Amérique du Nord». Cette expression de la ministre des Relations internationales et ministre responsable de la Francophonie du Québec, la très souverainiste Louise Beaudoin, reflète sa vision de sa province, «bassin de civilisation». Au cours d’un déjeuner-rencontre avec la presse, à l’hôtel «Phoenicia», et dans une allocution de circonstance, cette responsable québécoise a évoqué son séjour libanais, présenté le Québec, cette «Amérique en français», ses rapports avec la francophonie et les relations avec le Liban. Pétillante de vie, enthousiaste pour ses choix, Québécoise engagée, responsable déterminée, Louise Beaudoin ne mâche pas ses mots et ne cache pas sa volonté de voir le «Québec libre» du général De Gaulle devenir un pays souverain. «Un petit pays sans frontière. Nous voulons intégrer les Amériques. Nous voulons nous insérer dans le processus nord-américain, comme dans d’autres qui le balanceront, le Brésil, l’Argentine… et pourquoi pas devenir un pays francophone dans les Amériques». La seule définition de sa francophonie est la langue, le français, «une appartenance première, celle des institutions. Cela dure depuis 400 ans. C’est le combat principal des Québécois. Nous sommes toute une génération, celle qui a 50 ans aujourd’hui, les bébés boomers en fait, qui a décidé d’en faire le combat de sa vie, un combat identitaire mais aussi d’ouverture sur les autres par nous-mêmes. Pour avoir accès à ce monde, nous n’avons pas tout le temps besoin de chaperon. Nous n’avons pas besoin du Canada. Nous sommes devenus adulte comme nation». Et Beaudoin de défendre l’option d’un Québec uniquement francophone tant dans ses institutions, ses lois, son expression au quotidien et dans tous les domaines. Et puis, elle est fière de cette province, la seule parmi les dix qui forment le Canada à avoir une Assemblée nationale et non législative, une Bibliothèque nationale, seule province dotée d’un ministère des Relations internationales, seule province également à bénéficier de représentations à l’étranger. Le Québec est représenté à Paris, à Bruxelles, à Londres, Munich, Barcelone, à New York («Chez les Américains nous faisons des affaires)». Comment se fait-il alors que le référendum sur la souveraineté ne soit pas passé ? «Après le référendum, nous avons gagné les élections à 98 %. Ils nous ont réélus après nous avoir battus…». Mais elle promet de revenir à la charge. La ministre des Relations internationales et de la Francophonie du Québec tient un discours complètement différent de celui du gouvernement fédéral du Canada qui se veut bilingue. «C’est cela la démocratie, s’écrie-t-elle. Il est même important pour nous aussi de devenir membre de la zone du libre-échange des Amériques qui est en train de se construire (2005). Le Québec, pas plus petit que le Costa Rica ou le Surinam. En devenant membre de cette zone de libre-échange, nous serions le 7e pays le plus riche (sur 34) des Amériques. Pour nous, c’est cela les nouvelles frontières. Nous voulons conquérir l’Amérique», dit sur un ton amusant, mais ferme, cette femme tenace. «Le Québec a également son programme d’aide humanitaire internationale ; nous allons avoir notre propre programme de coopération aussi». Quid des relations du Québec avec la France ? «C’est le seul pays avec lequel nous avons des relations directes sans passer par les Canadiens. C’est le général de Gaulle qui a imposé cela. Ce qui nous a permis de nous installer à Paris avec ce qu’on appelle une “Délégation générale” composée de 90 fonctionnaires, et donc un statut d’ambassade. Formidable». En présentant le Québec d’aujourd’hui, Beaudoin a évoqué ces Libanais qui ont choisi d’y vivre. «Ce choix n’est pas récent et remonte aux années 1890, quand arrivait le premier immigrant venant de Zahlé. Depuis, un formidable réseau d’affaires et d’amitié s’est tissé. Centenaire est donc notre relation, dont le Québec s’honore car il a pu s’enrichir des multiples talents de votre communauté depuis plus d’un siècle… Le théâtre québécois connaît un second souffle, actuellement, grâce aux plumes et aux mises en scène d’une nouvelle génération parmi laquelle un Québecois d’origine libanaise se démarque, Wajdi Mouawad. Parmi nos auteurs de théâtre, l’on retrouve notamment une femme remarquable, Abla Farhoud». Sur le plan des relations entre le Liban et le Québec, Beaudoin a précisé : «Nos relations ont pour ciment la communauté d’origine libanaise du Québec qui dynamise nos liens et les vivifie, mais aussi cette langue française qui nous unit. Combien justifié est le choix, par le Liban, du thème du dialogue des cultures, puisque votre pays a vécu dans sa chair et son histoire sa nécessité. Il y a entre le Liban et le Québec des ressemblances, des complémentarités, des sensibilités particulières, des affinités culturelles qui donnent à nos rapports une dimension toute particulière». Et Beaudoin de rappeler le nombre important de rencontres politiques et de visites à haut niveau. «Une telle activité, pour moi, est le signe avant- coureur d’un grand potentiel de coopération et d’affaires à venir», dit-elle encore avant de développer le sujet de la coopération en matière d’enseignement supérieur, d’ententes et de bourses offertes aux étudiants libanais inscrits dans les universités du Québec, tout comme les exportations du Canada vers le Liban provenant en fait de sa province et, inversement, les trois quarts des biens exportés par le Liban vers le Canada, qui vont essentiellement au Québec. «Ce n’est qu’une première rencontre», conclut Louise Beaudoin, qui promet d’être là pour le sommet avec son Premier ministre, M. Bernard Landry, «afin d’approfondir certains thèmes que je n’ai fait qu’esquisser aujourd’hui». Beaudoin a également annoncé la présence du Québec au Village de la francophonie pour une durée de deux semaines à partir du 14 octobre où, tous les soirs, un rendez-vous artistique sera programmé avec des jeunes artistes québécois, parmi lesquels plusieurs d’origine libanaise.
«Nous sommes, en quelque sorte, les Méditerranéens de l’Amérique du Nord». Cette expression de la ministre des Relations internationales et ministre responsable de la Francophonie du Québec, la très souverainiste Louise Beaudoin, reflète sa vision de sa province, «bassin de civilisation». Au cours d’un déjeuner-rencontre avec la presse, à l’hôtel «Phoenicia», et dans une...