Rechercher
Rechercher

Actualités - BOOK REVIEWS

Polémique autour du dernier roman de Michel Houellebecq - Salah Stétié : « De l’art ou du lard ? »

Michel Houellebecq est un romancier français à grand tirage. L’année dernière, il avait défrayé la chronique littéraire par son roman Les particules élémentaires qui ont constitué le succès littéraire de l’année 2000, en battant tous les records de vente, de publicité et de commentaires. Cette année, son nouveau roman Plate-forme (même éditeur) sorti il y a à peine deux semaines pulvérise déjà tous les records de vente : 200 000 exemplaires vendus déjà ! Dans ce livre, il raconte, sur fond de prostitution thaïlandaise, une histoire d’amour entre un touriste, faisant partie d’un groupe de touristes français, et une des femmes du groupe. Il y vante les charmes payants du commerce des corps à Bangkok et n’oublie pas de griffer au passage férocement la résistance palestinienne. Par ailleurs, dans une interview qu’il vient d’accorder au magazine Lire, Honellebecq s’en prend violemment à l’islam et à sa civilisation. L’écrivain libanais Salah Stétié a tenu à lui répondre par le texte qui suit : «Tout le monde connaît M. Houellebecq qui, chaque fois qu’il le peut, sait être présent sur tous les médias à la fois. C’est un auteur à la mode et quand, dans le petit monde parisien, la mode s’empare de quelqu’un, ça fait d’immenses tempêtes dans un verre d’eau. Je n’ai aucune qualité pour juger du talent proprement romanesque de ce romancier à succès et à scandale : je n’ai pas lu ses romans, si je les ai feuilletés un peu. Mais Houellebecq se veut aussi poète. J’ai quelque titre, étant le poète que je suis, à juger de la production poétique de ce brave méchant jeune homme : elle est nulle, vingt au-dessous de zéro, des vers mirlitonesques confondants de platitude et tel qu’un lycéen de quinze ans, ayant le goût des rimes, n’oserait les imaginer ni les écrire ni surtout les publier. M. Houellebecq, lui, publie. C’est étrange, et psychanalytiquement intéressant, de voir comment un auteur comblé par la presse et dopé par de prodigieux tirages, n’en a jamais fini de chercher à être plus connu encore et, si possible, plus comblé par la notoriété. Un scandale n’y suffisant pas, il en rajoute et remet ça. Ce Monsieur à la mode vient de se payer un joli succès de scandale en vantant la prostitution en Thaïlande, l’exploitation éhontée de victimes achetées au marché de la chair humaine et revendues. Le monde entier a fait du cas symbolique de la Thaïlande un point d’horreur particulièrement répulsif : M. Houellebecq, lui, applaudit à la prosditution généralisée. Cela choque, cela fait grand bruit dans le Landerneau littéraire et cela va jusqu’à mobiliser les consciences et les ligues humanitaires, celles qui défendent les droits des femmes et des enfants. Publicité assurée, tohu-bohu médiatique, surplus de ventes, le rêve, quoi ! Mais ça ne suffit pas à notre Don Quichotte de la publicité autosuffisante. On peut faire mieux : Salman Ruchdie, par exemple, a fait mieux il y a une dizaine d’années en s’attaquant au Prophète de l’islam. Il ne faut pas rater l’occasion d’aller encore plus loin : l’insulte faite à l’islam est payante, attaquons-nous donc à l’islam, à “la religion la plus con”, dit-il, avec son sens habituel de la formule. Cela suppose, évidemment, que M. Houellebecq connaît à fond toutes les religions et qu’il peut juger, avec nuance et raffinement, de leur valeur et de leur portée. Sa position médiatique privilégiée fait de lui une autorité de référence, un “Monsieur Je sais tout-et-plus-encore”. Il a évidemment lu le Coran qui le laisse “effondré, dit-il, effondré !”. Pour que M. Houellebecq récupère un peu, on pourrait lui conseiller d’aller faire un tour, lui qui aime voyager, non en Thaïlande pour une fois, mais, par exemple, en Andalousie, à Cordoue ou à Grenade, ou encore en Sicile, à Palerme, pour ne prendre que des destinations proches et où l’islam, un jour, a fécondé l’Europe jusqu’à cette lointaine Flandre de ripaille dont M. Houellebecq est, semble-t-il, lointainement originaire. M. Houellebecq accuse l’islam d’avoir des “valeurs méprisables”, d’être “cruel” et d’être “destructeur”. Voici ce que dit un des personnages de ce romancier, qu’il faut croire humaniste, dans Plate-forme, roman qui sert de plate-forme, précisément, à sa nouvelle campagne littéraire et publicitaire. On remarquera, au passage, que l’imagination littéraire de M. Honellebecq n’est ni cruelle, elle, ni destructrice, ni méprisable. Citation du personnage en question (l’auteur, bien entendu, n’y étant pour rien) : “Chaque fois que j’apprenais qu’un terroriste palestinien ou un enfant palestinien ou une femme enceinte palestinienne avaient été abattus par balle à Gaza, j’éprouvais un tressaillement d’enthousiasme”. On le voit : les personnages de M. Houellebecq ont l’enthousiasme grandiose et le cœur solidement accroché. M. Houellebecq dit par ailleurs pour se justifier : “Il semble que j’ai une espèce de flair de cochon pour déceler ce qui va faire mal à la société autour de moi”. M. Honellebecq semble ne pas aimer l’islam parce que l’islam n’aime pas le cochon».
Michel Houellebecq est un romancier français à grand tirage. L’année dernière, il avait défrayé la chronique littéraire par son roman Les particules élémentaires qui ont constitué le succès littéraire de l’année 2000, en battant tous les records de vente, de publicité et de commentaires. Cette année, son nouveau roman Plate-forme (même éditeur) sorti il y a à...