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Actualités - REPORTAGES

La culture et le Liban : dire la vie et l’espoir

La culture, c’est d’abord la communication entre les hommes. C’est la parole échangée, la beauté partagée, le savoir diffusé. C’est la différence reconnue comme une richesse et comme le ciment de la communauté dans un pays. Il est significatif que le Liban, au plus noir de la tourmente, ait maintenu vivante sa culture, comme une flamme abritée au creux des mains : elle n’a pas cessé de briller, inextinguible, pour dire la vie et l’espoir… Chaque fois que nous prononçons le mot de bibliothèque, nous disons le nom de Byblos, petite ville de la côte libanaise que les Grecs ont identifiée à la matière même du livre, dès le IIIe millénaire, sur l’argile et sur la pierre, sur le métal et sur le papyrus, se sont répandues ici les premières formes de l’écriture. Ici vers la fin du XIe siècle avant Jésus-Christ, a été inventé l’alphabet consonantique de vingt-deux lettres qui, en apportant à l’expression écrite une simplification décisive, a conquis à l’Ouest les Grecs, les Étrusques, puis les Latins, et à l’Est les Araméens, puis les Arabes, chaque civilisation l’adaptant à son génie et à ses langues. À ce don du Proche-Orient, l’Occident a répondu plusieurs siècles plus tard par l’invention de l’imprimerie qu’une pléiade de savants maronites allait adapter dès le XVIe siècle à l’écriture arabe. L’histoire du livre au Liban se constitue alors dans un échange avec l’Europe et, singulièrement, avec la France : faut-il rappeler que les premières chaires de syriaque et d’arabe au Collège Royal – notre Collège de France – ont été occupées par des érudits libanais, qui ont contribué à fonder nos études orientalistes et à pourvoir nos bibliothèques en ouvrages précieux pour l’étude et pour la science ? Au XIXe siècle, enfin, s’affirme à travers le livre une véritable identité nationale. Imprimeries et maisons d’édition se multiplient. La littérature arabe s’ouvre à la modernité et l’on assiste à une superbe Renaissance – la Nahda –, où le Liban joue le premier rôle. Dictionnaires, encyclopédies, grammaires, ouvrages scientifiques, recueils de poèmes, pièces et romans, revues, journaux, c’est une prodigieuse floraison qui, des bords de la Méditerranée, gagne progressivement l’ensemble du monde arabe… Par le moyen de l’écriture et du livre, un pont a été jeté entre les deux rives de la Méditerranée. On y saisit concrètement l’unité d’un peuple divers, confortée par la recherche des érudits, par le génie des poètes, par le combat des journalistes. Tout autant que l’illustration d’un glorieux passé, je vois se formuler un programme pour le présent et un acte de foi dans l’avenir. Rien ne peut prévaloir contre la culture, quand elle est consciente de son pouvoir et qu’elle avance les mains nues, simplement, au milieu du bruit et de la fureur. C’est sa raison qui finira par l’emporter contre toutes les raisons. in Le Livre et le Liban
La culture, c’est d’abord la communication entre les hommes. C’est la parole échangée, la beauté partagée, le savoir diffusé. C’est la différence reconnue comme une richesse et comme le ciment de la communauté dans un pays. Il est significatif que le Liban, au plus noir de la tourmente, ait maintenu vivante sa culture, comme une flamme abritée au creux des mains : elle...