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Actualités - ANALYSES

Malgré ou à cause de la détente - Spéculations multiples sur le sort du cabinet

Malgré le replâtrage au top niveau, plusieurs voix continuent à réclamer le départ des Trente. Ou à tout le moins un remaniement substantiel. Mais, bien entendu, les formules de rechange proposées, le timing aussi, varient presque à l’infini, suivant les aspirations ou les goûts des demandeurs d’emploi qui sont légion. Du côté des arguments, l’on entend certains défendre le paradoxe suivant : impossible à effectuer à chaud, pendant ou juste après les secousses, le changement devient tout à fait réalisable maintenant que les tensions sont apaisées. Il n’y a plus lieu en effet de craindre une crise de pouvoir, l’esprit de dialogue restauré permettant un facile consensus autour d’une équipe ministérielle mieux armée pour la conjoncture. D’autant que la détente s’étend également aux décideurs, qui en sont d’ailleurs les premiers promoteurs. Ces sources rappellent qu’à la suite des rafles, le président Hariri avait émis le souhait, devant plus d’une autorité libanaise et non libanaise, de rendre son tablier. En expliquant que la situation, par trop déstabilisée, ne lui permettait plus d’assumer la tâche de sauvetage économique à laquelle il s’était voué. Mais il lui avait été poliment conseillé d’y réfléchir à deux fois, l’intérêt du Liban lui commandant manifestement de ne pas décrocher. De dépasser ce qui s’était produit et ne se reproduirait plus, les procédures devant s’inscrire dans le cadre des institutions, sans plus de débordements. Il s’était donc incliné, acceptant de garder la barre. Et son accord avec le président Lahoud a rendu à l’Exécutif sa cohésion. Mais les mêmes parties influentes pensent qu’il reste tout à fait nécessaire de renforcer l’immunité politique du pouvoir, par la mise en place d’un nouveau cabinet. En bons professionnels, ces pôles observent qu’il faudrait opérer en toute discrétion, développer des tractations en coulisses loin des feux de la rampe médiatique, pour ne pas faire bouillir la marmite des surenchères et des querelles voraces entre ministrables. Sans compter, ajoutent-ils, que tout étalage public pourrait forcer les présidents Lahoud, Hariri et Berry à adopter des positions distanciées, pour ne pas dire opposées. Car ils pourraient se trouver contraints de défendre des camps, des groupements et des intérêts tout à fait distincts. Ce qui susciterait une tension, peut-être même une crise, dont le pays ne peut pas se payer le luxe, ni politiquement ni économiquement. D’autres sources, tout en convenant qu’il faudra bien un jour ou l’autre larguer l’équipe en place, estiment que cela serait prématuré, peut-être même un peu dangereux, avant le sommet de la francophonie, avant l’adoption du budget 2002 ou encore avant Paris II. La question reste de savoir si on peut s’accorder sur une combinaison objectivement meilleure. Il convient de rappeler à ce propos que le président Lahoud était initialement d’avis qu’il valait mieux éviter les formules pléthoriques et se contenter d’un gouvernement de taille moyenne, de 16 membres par exemple. Mais il est vite apparu, à l’expérience, qu’il y avait bien trop de monde à contenter et que les Trente ne seraient pas de trop. Cependant, ajoutent ces personnalités, les choses ont changé. Le Liban ne sort plus d’élections législatives dont il faut retenir le message. Et il a plus que jamais besoin d’une compression de ses dépenses somptuaires. À leur avis, donc, le prochain gouvernement devra être d’une dimension mieux conforme à l’exiguïté du pays. Tout en permettant la représentation des principaux courants chacun par un seul ministre, pas plus. L’avantage étant que le taux d’efficacité d’un cabinet est inversement proportionnel au nombre de ses membres. Et d’ajouter, pour faire bonne mesure, un vœu pieux : la cooptation de l’Est. Ce qui serait rendu possible, d’après ces sources, par les positions raisonnables adoptées par l’opposition chrétienne représentée par la Rencontre de Kornet Chehwane. Du coup on gommerait le désenchantement de l’Est et une bonne partie des clivages intérieurs. D’autant que, concluent ces sources, le nouveau gouvernement prendrait à cœur de préparer une loi électorale saine, assurant les équilibres et la représentation de proximité des couches de la population. Il reste à signaler que pour une certaine frange locale, un remaniement du cabinet en place reste préférable à un changement en bonne et due forme, le pays ne pouvant toujours pas supporter de trop grands chambardements. Ces parties ne cachent pas qu’à leur avis, il faudrait que la part de M. Hariri soit réduite et celle du régime augmentée. Mais l’idée d’un remaniement est généralement accueillie avec scepticisme. Parce qu’à tout prendre l’opération est encore plus délicate, sinon plus difficile, qu’un changement total de gouvernement. Il faudrait en effet évincer des ministres, en promouvoir d’autres, ce qui provoquerait de forts mécontentements et quelques solides jalousies.
Malgré le replâtrage au top niveau, plusieurs voix continuent à réclamer le départ des Trente. Ou à tout le moins un remaniement substantiel. Mais, bien entendu, les formules de rechange proposées, le timing aussi, varient presque à l’infini, suivant les aspirations ou les goûts des demandeurs d’emploi qui sont légion. Du côté des arguments, l’on entend certains...