INSOLITE - Tsiganes, manouches, rom, gens du voyage s’installent à Kaslik - Le temps des Gitans chez les « Nawar »

Un proverbe rom ancien dit: «Gadzeske basavav andro kan, Rineske andro jilo» ou «Je joue à l’oreille des gadjé, je joue pour le cœur des Roma». Donc voilà. Si vous vous sentez un cœur de gitan, Nawar est l’endroit tout indiqué. Pour ceux qui ne le savent pas encore, Nawar est la boîte précédemment connue sous le nom de Amore y Libertad, entièrement remodelée au goût nawari. Mais cet écrin kitschissime, sis à Kaslik referme un véritable bijou musical. Des formations de gitans espagnols, yougoslaves et roumains se donnent la répartie sur des instruments à cordes, à vent ou à taper dessus (percussions) et Luna, danseuse flamenco. À Nawar on cultive le second degré. À l’antipode de ces grands espaces zen en bois, acier et verre, ici, tout est couleurs criardes, paillettes, lampions multicolores, fleurs artificielles. À l’entrée, une tente bedouine est dressée. Deux gitanos de Jerez (ville des aficionados du flamenco) grattent leurs guitares à la manière de Django Reinhardt. Belle entrée en matière. En face, une roulotte en trompe l’œil (mais ne le dites à personne) mène aux coulisses. Un peu plus loin, on a dessiné sur un mur la carte géographique des continents et des flèches montrant les itinéraires entrepris par ces gens du voyage depuis des siècles. Il faut s’attendre au pire, côté décor. Au meilleur, côté musique. Mais le truc, c’est que le kitschissime, le mauvais goût à outrance devient là source d’amusement. Si, si. Voilà un jeu ludique : cherchez les petits détails qui font toute la différence. Comme cette horrible lanterne (ne vous en faites pas, ici, horrible c’est bien vu), ou cet indescriptible mini-fontaine qui trône derrière le bar. Ou encore ce portrait de la Mona Lisa à moustaches. Même les nappes sont en nylon. C’est tout dire. «Hier soir, j’étais chez les nawar», «je voudrais un halib el nawar s’il vous-plaît», «on s’éclate comme des fous chez les nawar». Voilà un exemple de phrases glanées au cours d’une soirée nawari.