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Actualités - ANALYSES

Déploiement - L’armée au Sud : une vieille valse-hésitation

L’histoire ne repasse jamais les mêmes plats, dit-on. Sauf quand la cuisine est mal entretenue. Ainsi, observe un ancien diplomate, ce n’est pas la première fois que l’envoi de l’armée au Sud pose problème. À trois reprises, le président Sarkis a vainement ordonné un tel déploiement, le contingent butant à Kawkaba sur le blocus des milices pro-israéliennes. Et, de son côté, le président Hraoui y a songé en 1993, pour se voir contré par les décideurs syriens. Mais la grosse différence, c’est qu’aujourd’hui c’est l’État libanais lui-même qui refuse de faire acte de présence militaire dans la zone frontalière. Alors que bon nombre de forces politiques locales jugent qu’une telle option est tout à fait aberrante. Et pensent que les véritables raisons de ce choix, qui ne sont pas déclarées, constituent au fond autant de circonstances aggravantes. Dans son ouvrage Les temps de l’espoir et des désillusions, le président Sélim Hoss raconte qu’en 1978, sur encouragements de l’Onu et de l’ambassade US, l’on avait voulu envoyer au Sud deux bataillons, pour épauler la Finul. Pour assurer le trajet aller, et éviter tout affrontement avec les Palestiniens ou avec leurs alliés libanais qui contrôlaient la route, l’on avait sollicité et obtenu un feu vert de la Syrie. Mais la veille de l’expédition, M. Hoss avait été relancé par le ministre des Affaires étrangères, M. Fouad Boutros. Qui l’avait informé que l’ambassadeur américain, M. Richard Parker, l’avait réveillé aux aurores pour l’informer qu’Israël avait changé d’avis et pour demander un report de l’opération. Mais le pouvoir avait décidé d’aller quand même de l’avant. Et le contingent s’était mis en route. Pour se retrouver bloqué à Kawkaba par un tir d’un barrage israélien, suivi d’un encerclement par les hommes de Saad Haddad. Par la suite, en application de la résolution numéro 442 du Conseil de sécurité de l’Onu, on avait établi un plan pour expédier des renforts libanais à la Finul, par la voie littorale. Mais à ce moment, c’est le Mouvement national qui a rué dans les brancards. Sous le prétexte qu’avant de confier une mission quelconque à l’armée, il fallait d’abord réviser la loi sur la défense. Nouvel échec donc. Cependant Yarzé a repris l’initiative et, le 17 avril 1979, est parvenu à envoyer, via Saïda, un bataillon dans la région d’Arzoun. Saad Haddad a réagi violemment, déchaînant son artillerie. Et saisissant l’occasion pour proclamer la création de son Liban libre, après concertation avec Israël. Il a fallu de nouveau battre en retrait. Un détail étrange au sujet du cas Haddad : après sa rébellion, le commandant a été radié de l’institution militaire… mais le Conseil d’État est intervenu pour annuler cette sanction qui n’avait pas été prise dans les règles ! Dans son ouvrage, le président Hoss, qui reprend les condamnations de l’attitude US par M. Boutros, confirme que Washington n’avait pas cherché à soutenir les initiatives du pouvoir libanais qu’il avait pourtant fortement encouragées sinon suscitées. L’ancien président du Conseil, après avoir souligné que les Américains étaient en mesure de forcer la main aux Israéliens, laisse entendre qu’ils avaient cherché surtout à mettre à l’épreuve l’État libanais, pour voir s’il était prêt à se battre contre les Palestiniens et leurs alliés locaux. L’ancien chef de gouvernement rappelle également que les Sudistes voulaient avec force voir l’armée nationale débarquer chez eux. Comme ont pu en être témoins 25 diplomates étrangers pour lesquels on avait organisé une tournée le 4 septembre 1979. Et qui avaient été accueillis dans tous les villages aux cris de «nous voulons l’armée». Après quoi, le 12 septembre, M. Hoss avait déclaré au président Sarkis qu’il fallait faire une troisième tentative. En la préparant comme il faut par des contacts internationaux, arabes et régionaux. Cette fois-ci, les Palestiniens, s’exprimant par le truchement du Mouvement national, ont fait comprendre qu’ils étaient opposés à la présence de l’armée libanaise dans les régions de Tyr et de Nabatieh. À l’issue d’une réunion tenue à Damas en présence de MM. Yasser Arafat et Abdel Halim Khaddam, l’on avait compris que les Palestiniens acceptaient que l’armée se déployât uniquement le long de la bordure frontalière, aux côtés des Casques bleus et non ailleurs au Sud. Jamais deux sans trois donc : le dossier était alors classé pour de bon.
L’histoire ne repasse jamais les mêmes plats, dit-on. Sauf quand la cuisine est mal entretenue. Ainsi, observe un ancien diplomate, ce n’est pas la première fois que l’envoi de l’armée au Sud pose problème. À trois reprises, le président Sarkis a vainement ordonné un tel déploiement, le contingent butant à Kawkaba sur le blocus des milices pro-israéliennes. Et, de son...